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Cannes se replonge dans «Le Grand Bleu»
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Cannes se replonge dans «Le Grand Bleu»
La carrure de Jean Reno, le sourire de Jean-Marc Barr, la musique océanique d’Eric Serra... Cannes a dignement fêté les 30 ans du «Grand Bleu», un film que l’accueil frisquet reçu à sa sortie au Festival n’a pas empêché de devenir culte pour toute une génération.
Cette «génération Grand Bleu», et ses enfants, s’est retrouvée vendredi soir, trente ans jour pour jour après la présentation du film, le 11 mai 1988, pour revoir avec un brin de nostalgie les aventures en apnée de Jacques et Enzo.
A la nuit tombée, plus d’un millier de personnes ont pris possession des transats sur la plage, face à l’écran géant, au moment où Eric Serra, à Paris, donnait une version symphonique de ses compositions lors d’un ciné-concert à la Seine musicale.
Pour Elisabeth, 58 ans, venue avec son époux Jacques, 60 ans, c’était «la douzième fois sur grand écran, sans compter les visionnages à la maison».
«A chaque fois, c’est la même émotion, la même magie (...) C’est vraiment du grand spectacle. La musique est féérique, envoûtante. A chaque fois, je pleure», confie-t-elle à l’AFP.
«La mer à boire»
«Lors de sa sortie, je suis allée le voir six semaines d’affilée. On n’avait jamais rien vu de pareil. J’y entraînais mes copines», témoigne Nathalie, 51 ans, qui s’est mise à la plongée sous-marine grâce au film.
Elle a entraîné son fils Louis, 13 ans, pour cette projection anniversaire: «J’ai adoré!», lance-t-il, les yeux pétillants, pendant le générique de fin.
Pourtant, il y a 30 ans, les débuts du fim furent difficiles.
«Une partie de la critique a assassiné le film. Je ne m’attendais pas à un accueil si froid», se souvient l’ancien président du Festival de Cannes Gilles Jacob, auprès de l’AFP.
Lors de la soirée de gala, en 1988, Luc Besson et ses acteurs ont pourtant été ovationnés, comme le rapporte la dépêche de l’époque signée de l’envoyé spécial de l’AFP, Claude-Henri Laval.
Mais l’histoire n’a retenu que les quelques huées pendant la projection de presse en parallèle et surtout les critiques parues dans la presse.
«Le grand blues sur la grande bleue», «La mer à boire», «Ce film manque de producteur, de scénariste et même de metteur en scène»: «Le Grand bleu» marquera le divorce entre Luc Besson et la critique.
12 millions de spectateurs
«J’ai 28 ans, je n’ai fait que trois films. Je suis un bambin dans le cinéma. J’apprends mon métier. Il ne faut pas que les critiques, qui ont entre 30 et 50 ans, me tapent dessus comme ça. C’est pas très sympa», plaidera le réalisateur à la télévision.
Mais le public le consolera très largement: 9,2 millions d’entrées en France, près de 12 millions en tout avec l’étranger, sans compter des centaines de milliers de vidéocassettes puis de DVD.
Un public qui se pressera aussi plus tard pour aller voir la version rallongée de 50 minutes, en dépit du célèbre slogan barrant les affiches: «N’y allez pas, ça dure 3 heures!».
«Le public et les jeunes surtout ont fait son succès», reprend Gilles Jacob. «Je ne m’étais pas trompé sur ses atouts : une musique planante, le vertige des grands fonds, la révélation de nouveaux acteurs et la mise en scène époustouflante de Besson...»
Sur la plage de Cannes, le PDG de Gaumont Nicolas Seydoux a rappelé ce que ce film inspiré du plongeur en apnée Jacques Mayol devait au grand public: «C’est vous, le public, qui avez fait le film (...) Les critiques, ceux qui, paraît-il, aiment le cinéma n’ont pas compris le film. Le Grand bleu vous appartient», a-t-il lancé aux spectateurs.
«Grâce à vous, a-t-il conclu, le film n’a pas vieilli. Spectateurs, je vous aime!»
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