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Relations industrielles: Nouvelles agitations à Air Mauritius
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Relations industrielles: Nouvelles agitations à Air Mauritius
La compagnie d’aviation nationale qui vient de vivre une semaine mouvementée n’est pas au bout de ses peines. Les négociations salariales qui concernent près de 3 000 employés polarisent l’attention.
La direction d’Air Mauritius se retrouve avec une nouvelle menace de grève sur les bras. Après le personnel au sol réuni sous l’intersyndicale en début de semaine, hôtesses et stewards affichent leur exaspération.
L’Air Mauritius Cabin Crew Association a annoncé hier son intention de faire grève si le management de la compagnie d’aviation nationale campait sur ses positions. En conférence de presse hier en présence du négociateur Reaz Chuttoo, de la Confédération des travailleurs des secteurs public et privé, le personnel navigant a rejeté les 4 % d’augmentation salariale proposée par la direction. Proposition jugée dérisoire en comparaison avec celle octroyée à l’intersyndicale.
Le statut quo par rapport aux contractuels d’Airmate est aussi mis en avant pour justifier la tenue d’une grève. Reaz Chuttoo s’insurge contre l’indifférence de la direction sur le sort de ces travailleurs qui sont moins payés et moins considérés que leurs collègues alors qu’ils font le même travail.
Le syndicaliste demande à la Commission conciliation et médiation (CCM) de déclarer «deadlock» à la suite de la décision de la direction d’Air Mauritius de ne pas se présenter à une réunion de la CCM lundi. Pourquoi cette absence ? Prem Sewpaul, responsable de communication chez Air Mauritius, dit ne pas détenir cette information mais précise que le dialogue n’a jamais été rompu avec les représentants du personnel navigant. «Nous souhaitons poursuivre les négociations», indique-t-il.
Si les 440 membres du personnel navigant ont durci le ton, ceux des ground operations (personnel au sol) ont décidé de calmer le jeu. «Pas de grève jusqu’à nouvel ordre», souligne Jack Bizlall, conseiller technique de l’intersyndicale.
La direction a révisé son offre jeudi et a aussi et surtout accepté le paiement des arriérés. La proposition salariale est comme suit : 10 % payables à partir du 1er avril 2015 et 4 % additionnels payables à partir du 1er avril 2018, sur les salaires révisés de mars 2018. Offre que les employés ont acceptée à main levée hier matin.
Les arriérés
En revanche, la question du paiement des arriérés n’a pas été tranchée. La direction d’Air Mauritius a fait comprendre, lors des négociations, qu’elle n’a pas la capacité financière de payer à la fois les nouveaux salaires et les arriérés. «Hormis les heures supplémentaires et l’argent investi dans les fonds de pension des employés, les salaires de tous les employés d’Air Mauritius représentent Rs 1,6 milliard par an», estime Jack Bizlall.
Les négociations sur les modalités de paiement des arriérés ont démarré hier après-midi et il y a déjà plusieurs options proposées par l’intersyndicale. La première : qu’Air Mauritius prenne un emprunt pour honorer sa dette envers les employés. La seconde : un échelonnement du paiement. La troisième : Air Mauritius vend ses actions et ouvre ainsi son actionnariat aux employés.
Pour que les employés sortent gagnants, il ne faut pas de division, insiste Jack Bizlall. «Il faut que tous les syndicats, ceux des pilotes, ingénieurs, hôtesses, soient sur la même longueur d’onde.»
Au niveau du management, l’on l’espère parvenir à un accord avec toutes les parties concernées dans les plus brefs délais.
Avion réparé
Air Mauritius qui avait connu une série de reprogrammations peut enfin respirer. La panne technique du Morne Brabant a été réparée cette semaine après l’arrivée d’une équipe d’Airbus. L’A 350 qui était cloué au sol pendant plusieurs jours n’a pu assurer la ligne Plaisance-Charles de Gaulle. Ce sont justement les vols sur Paris qui étaient les plus affectés. La cellule de communication d’Air Mauritius, qui parle de retards accumulés, assure que tout est rentré dans l’ordre depuis les réparations cette semaine. Ces perturbations ont eu également un impact sur la planification des vols des pilotes. Dans les milieux concernés, l’on indique que pour le crew scheduling, on a dû faire appel à des pilotes qui sont en jour de récupération ou en vacances.
Jack Bizlall : «MK risque de payer cher le licenciement de Patrick Hofman»
Cela va faire huit mois que le pilote Patrick Hofman a été mis à pied par Air Mauritius et le commandant de bord belge aurait décidé d’aller de l’avant avec une plainte pour licenciement injustifié. Cela après plusieurs tentatives de négociation infructueuse avec la direction, dont un comité ad hoc tombé à l’eau. Contacté au télé- phone, Jack Bizlall dit déplorer le manque d’assiduité de la part de la compagnie nationale d’aviation dans cette affaire. «Si l’affaire part en cour, Air Mauritius est certain de perdre et de payer cher. Nous avons eu plusieurs réunions mais l’avocat de la compagnie nationale n’est pas venu car il n’était pas à Maurice et nous n’avons pu discuter.»
Jack Bizlall affirme qu’il a contacté aussi bien le Premier ministre que le ministre du Travail pour tenter de trouver une solution mais en vain. «La plainte est entre les mains des hommes de loi du pilote mais j’espère une solution avant.» Nous avons tenté de contacter Me Gavin Glover qui représente le pilote mais sans succès.
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