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Journée mondiale contre l’homophobie: Franceska, transgenre, nous raconte sa vie

13 mai 2018, 15:04

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Journée mondiale contre l’homophobie: Franceska, transgenre, nous raconte sa vie

Elle s’appelle Franceska. Elle est coiffeuse, a son propre salon. Sa particularité : elle est née dans le corps d’un homme. Rencontre, en marge de la Journée mondiale contre l’homophobie et la transphobie, le 17 mai.

«Depuis que je suis toute petite, dès la maternelle, je savais que j’étais dans le mauvais corps.» Fabrice Jupin est né en 1990. En 2006, il est devenu Franceska, transgenre. Celle-ci fait partie de la communauté des lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres et autres (LGBTQ+).

Le jeudi 17 juin, elle célébrera la Journée mondiale contre l’homophobie et la transphobie. «Nous sommes des êtres humains comme les autres. C’est le même sang qui coule dans nos veines à tous. J’espère que les gens essaieront de changer leur regard sur nous quand nous nous croiserons dans la rue, à la banque, au travail…»

Cela fait une dizaine d’années qu’elle s’est «transformée », pour de bon. Mais le regard des gens continue à la blesser. «Il y a toujours des commentaires, le regard des gens quand je passe dans la rue», fait valoir Franceska. Pourtant, tout ce qu’elle demande, c’est de pouvoir vivre tranquillement auprès de sa famille. C’est pour cela qu’elle participe à la Gay Pride, qui se tiendra le 2 juin. Franceska a, par ailleurs, remporté plusieurs prix. Son dernier sacre remonte à 2015, à la Réunion, où elle a été nommée reine trav-trans inter.

Si, aujourd’hui, ses proches l’acceptent comme elle est, c’était dur au début pour ses parents, ainsi que son frère. «Mon père était malade et à un certain moment, je me disais même que c’était peut-être à cause de moi. Mais par la suite, mes proches ont compris et ils m’acceptent désormais. » La mère de Franceska, Margaret Jupin, nous confie qu’elle aime son enfant, même si pour elle, il reste son petit Fabrice, son benjamin. «Mo zanfan trankil, li ékout mwa, li travay, li al légliz, li pa rod lager avek dimounn. Kot li alé li dir mwa, ek li bien get mwa. Mo kontan li kouma li été.»

Acceptation

Depuis 2012, après plusieurs années chez des grands noms de la coiffure, dont L’Oréal, Franceska a ouvert son propre salon pour femmes à Buckingham, Rose-Hill. Sa sexualité lui porte-t-elle préjudice dans son travail ? «Non, car je me suis fait une réputation solide dans le domaine, au prix de beaucoup d’efforts. Je pense que pour les membres de la communauté LGBTQ+, il ne faut pas se décourager et tomber dans des travers lors des moments difficiles. Il faut persévérer et continuer à chercher un job qui vous convient et où votre patron vous accepte.»

L’acceptation, Franceska l’a aussi retrouvée à l’Église, au sein de laquelle elle est très active. «Dieu dit qu’il pardonne à tous ceux qui ont péché. Mais moi, je ne vois pas en quoi j’ai péché, moi je me sens grandie depuis que je suis femme. Dieu sait ce qu’il a fait en nous envoyant comme ça sur Terre. Mo koné ek mo sir ki bondié konpran mwa kouma mo été ek mo sir li aksepté mwa.»

Cela fait près de 12 ans maintenant qu’elle s’est transformée pour la première fois. «J’avais 16 ans. Dès que j’ai mis la robe, les talons, les cheveux, le maquillage, pour moi c’était wow ! Je me suis retrouvée enfin, réellement», dit la jeune femme, émue. Car pour Franceska, elle est bien une femme à part entière. Elle ne retournerait en arrière pour rien au monde et veut, un jour, pouvoir faire la transition sexuelle. «Ziska mo mor lor mo kanapé monn fini dir mo bann fami mo pou koumsa, avek mo linz mo sévé, mwa an fam. Sa li pou mwa. Sa sé mo lavi !»