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Protection des mers: la crème solaire peut être néfaste aux coraux

15 mai 2018, 11:04

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Protection des mers: la crème solaire peut être néfaste aux coraux

L’homme a un impact certain sur son environnement. Depuis le début de 2010, les scientifiques ont découvert une corrélation et causalité entre la crème solaire et la mauvaise santé des coraux.

Depuis le 1er mai, l’État américain d’Hawaii a mis sur les rails un projet de loi pour bannir certaines crèmes solaires. Cela, dans le but de protéger ses récifs coralliens, de plus en plus soumis à des pressions. Maurice attire plus de 1,3 million de touristes par an, dont la majeure partie va longuement profiter des plages pour se dorer au soleil et nager dans notre lagon.

«De nombreuses personnes ne sont pas conscientes des dangers de certaines crèmes solaires pour les récifs coralliens», explique Shashi Chumun de Lagon Bleu, une organisation non gouvernementale, oeuvrant pour la protection des coreaux et active dans la région de Blue-Bay. «Il existe des crèmes solaires qui protègent la peau et qui ne sont pas toxiques pour les coraux. Mais elles ne sont pas courantes dans le pays.»

Avec une plage comme à Blue-Bay, par exemple, très fréquentée et proche d’un parc marin, la crème solaire se retrouve très facilement dans l’eau. C’est aussi le cas pour d’autres plages où la fréquentation monte en flèche durant les vacances et les week-ends. Comme pour plusieurs écosystèmes, la combinaison de facteurs négatifs accélère les dommages à nos récifs coralliens déjà mis à mal. Différents facteurs sont à considérer dans la protection des récifs coralliens, qui sont extrêmement fragiles. La pollution, la température de l’eau et la surpêche ont déjà grandement endommagé les coraux, mais les crèmes solaires les ont pendant des années affectés aussi alors que les utilisateurs de la mer ne cherchent qu’à protéger leur peau.

Ce cliché montre un corail qui commence à
récupérer du blanchissement.

Crèmes sélectives

«Un pas en avant, c’est déjà un pas de plus. Avoir des crèmes solaires respectueuses des coraux, c’est déjà mieux que rien», ajoute pour sa part Hugues Vitry de la Mauritius Scuba Diving Association (MSDA).«Les touristes et les Mauriciens qui nagent en surface utilisent beaucoup de crème solaire. Une décision en faveur de crèmes sélectives serait positive pour l’environnement.»

Hawaii n’est pas le premier État qui réfléchit en profondeur à la question, tout comme les Maldives ou l’Australie dans la région de la Grande Barrière de corail, qui suggère l’utilisation de crèmes solaires non toxiques. Cela fait maintenant une dizaine d’années que les scientifiques ont vu une corrélation entre les produits chimiques dans les crèmes solaires et l’état des récifs coralliens qui s’empire.

Les revues américaines scientifiques Nature et National Geographic avaient été les premières à publier les études menées en ce sens. Désormais, ils ont mis le doigt sur la causalité que des composés chimiques (oxybenzone et octinoxate) dans les crèmes solaires provoqueraient un blanchissement des coraux. En Europe et aux États-Unis, les résultats de ces études ne font cependant pas l’unanimité. Il n’empêche que des pays sont prêts à aller de l’avant pour la protection de leurs récifs car ils attirent les touristes par milliers. 

«Nous n’avons aucune raison de refuser une telle décision du côté hôtelier. Au contraire, surtout si c’est fait pour la protection des plages et des récifs», lance, pour sa part, Jean Louis Pismont, le président de l’Association des hôteliers et restaurateurs de l’île Maurice. «L’hôtellerie fait de son mieux pour être vert et ce serait une décision positive pour le tourisme à Maurice.»

Ni le ministre du Tourisme Anil Gayan, ni le ministère de la Pêche n’ont daigné répondre à l’express.

L’état de nos coraux est vital aussi bien pour la pêche que pour le tourisme, alors que les effets dus au récent blanchissement et du mauvais temps se font sentir. Les facteurs négatifs à portée de main ajoutent une pression supplémentaire sur nos coraux. Ils ne devraient pas être minimisés ou ignorés.