Aucune date n’a été retenue pour la présentation du troisième Budget de Pravind Jugnauth comme ministre des Finances, dont le deuxième en tant que Premier ministre. Dans son entourage, on laisse entendre qu’il annoncera personnellement la date de son grand oral une fois qu’il sera fixé sur les principaux axes autour desquels gravitera le prochain Budget.

Celui-ci revêt une importance capitale pour Pravind Jugnauth, tant par son timing, au vu de la prochaine échéance électorale, que par l’ambition personnelle qu’il porte pour le pays et qu’il veut traduire à travers cet exercice. Certains estiment qu’il n’a pas encore fait son choix sur le projet-phare, susceptible de lui donner un levier pour terminer avec sérénité la fin de son présent mandat politique.

Certes, Pravind Jugnauth aura un dernier Budget à présenter en juin 2019, où il aura tout le loisir de dresser son bilan. Toutefois, des sources proches de son entourage indiquent que même s’il est loin de vouloir que ce Budget contienne des mesures électoralistes, il sera tenté malgré lui de glisser certaines mesures sociales hautement symboliques pour plaire à la population et créer un «feel good factor» qui fait défaut dans le pays actuellement.

«Pravind Jugnauth a eu l’occasion ces derniers jours de rencontrer des partenaires économiques et d’écouter les demandes et les griefs de la population. Il saura agir en conséquence par rapport à leurs attentes», explique un proche collaborateur du bureau du Premier ministre.

Est-ce que le ministère est dans les temps par rapport aux préparatifs budgétaires ? Oui, répliquent ceux qui sont proches de Pravind Jugnauth, en rappelant que le Budget est avant tout un exercice comptable. «Actuellement, nous sommes dans l’exercice d’allocation de dépenses et des revenus de l’État pour assurer un rééquilibrage des principaux paramètres budgétaires», affirme-t-on dans les milieux proches des techniciens du ministère des Finances.

Déficit budgétaire

Et d’ajouter qu’il y a certains indicateurs macro- économiques sur lesquels Pravind Jugnauth n’a pas une trop grande marge de manœuvre, comme le déficit budgétaire qui doit théoriquement être ramené à 3,2 % du Produit intérieur brut (PIB), en juin 2018, ou encore la dette publique appelée à être réduite à 63 % du PIB à la même période. Et cela, étant donné que le pays est surveillé de près par les institutions financières internationales et les agences de notation comme Moody’s.

Cependant, pour d’autres interlocuteurs, le grand argentier est très en retard avec son exercice budgétaire. L’ex-ministre des Finances, aujourd’hui leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval trouve que Pravind Jugnauth ne parvient pas encore à réconcilier les chiffres, d’où son incapacité à annoncer la date officielle de la lecture du Budget.

 Toujours est-il que Maurice vivra très prochainement au rythme du Budget, qui, contrairement à d’autres pays, reste un événement national qui polarise toute l’attention et qui tient le pays en haleine pendant plusieurs jours.