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Budget 2018-2019: la classe moyenne courtisée
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Budget 2018-2019: la classe moyenne courtisée
Souvent oubliée des dirigeants, la classe moyenne a trouvé son compte dans le dernier Budget. Parmi les mesures qui lui sont destinées : la révision à la hausse d’un seuil d’exemption à l’Income Tax et le taux de paiement pour les salariés de la classe moyenne qui passe de 15 % à 10 %. De quoi faire les yeux doux à une tranche de la population qui peut déterminer à elle seule l’issue d’une élection générale…
Qui fait partie de la classe moyenne ?
Cette catégorie de salariés n’est pas aisée mais ne se trouve pas non plus au bas de l’échelle. À Maurice, il n’existe pas une fourchette précise de salaires qui constitue la classe moyenne.
Sollicité, l’économiste Eric Ng indique que si le médian des salaires à Maurice est de Rs 13 000, les revenues de la classe moyenne commencent à partir de cette somme. Il distingue aussi deux couches dans la classe moyenne : celles inférieure et supérieure. Les salariés qui se trouvent dans la catégorie de la classe moyenne supérieure touchent enre Rs 50 000 et Rs 75 000, soutient Eric Ng.
Pour le syndicaliste Reaz Chuttoo c’est une tout autre histoire. Selon lui, la classe moyenne commence à partir du barème de paiement de l’Income Tax, soit Rs 23 461.
Rashid Imrith, syndicaliste, et l’observateur économique Rajiv Servansingh situent cette catégorie de travailleurs comme étant ceux qui touchent entre Rs 20 000 et Rs 70 000. Ce dernier compte trois catégories différents, soit la lower middle class, la middle middle class et la higher middle class.
Selon les données de Statistics Mauritius, pour la période 2007-2012, environ 77 % des contribuables faisaient partie de la classe moyenne. Aujourd’hui, selon les chiffres de 2017 de Statistics Mauritius sur le travail, les salariés avec des revenus entre Rs 13 001 et Rs 60 000 forment environ 55,5 % de l’ensemble de personnes en âge de travailler à Maurice. Cependant, en comptant les ménages, Eric Ng estime que la classe moyenne constitue 80 % de la population.
Son importance
La classe moyenne constitue environ 55,2 % de la population de contribuables et 80 % de la population. Et c’est dans son pouvoir d’achat qu’elle trouve toute son importance. Selon Eric Ng, la classe moyenne peut se permettre des dépenses outre celles ayant trait à la consommation. De citer l’éducation, les services, la culture, les voyages et les loisirs.
Malgré son importance, cette classe est souvent oubliée des politiciens. «Pourtan, zot éna enn pwa byen inportan dan éleksyon zénéral», dit Rashid Imrith. Mais au-delà de cela, cette partie de la population est une masse plutôt silencieuse. Selon le syndicaliste, elle est trop occupée pour participer aux mouvements de revendications. «Ce sont dans les centres de vote qu’ils s’expriment.»…
Ses déboires
«La classe moyenne est surtaxée», soutient d’emblée Reaz Chuttoo. Un point de vue que paragent plusieurs syndicalistes. Si la classe moyenne forme un morceau important de la population de contribuables, elle ne serait pas la plus choyée…
«Les personnes au bas de l’échelle bénéficient de mesures pour alléger leur fardeau. Ce qui n’est pas le cas de la classe moyenne qui se trouve coincée entre ceux qui ont des incentives et d’autres qui n’en ont pas besoin pour vivre», soutient Rashid Imrith.
«Eski klass moyenne gayn sibvension lor tank dilo ? Eski la zot pu gayn kass pu fer roof gardening ?», se demande Reaz Chuttoo.
Jusqu’au dernier Budget, la classe moyenne payait le même taux de TVA et d’Income Tax. Quand ceux issus de cette tranche de la population partent en retraite, Rs 5 000 de leur pension de vieillesse est taxée à 15% si celle-ci dépasse les Rs 24 000. «Ce n’est pas juste que la classe moyenne paie la TVA, l’Income Tax et en plus quand ils partent en retraite, leur pension de vieillesse est aussi taxée», soutient, pour sa part, Rashid Imrith.
Mais ce n’est pas tout. «C’est la classe moyenne qui ont des voitures, c’est donc elle qui a des contraventions. Sé zot ki bwar whiskey par exanp, zot pay tax ossi», avance Reaz Chuttoo.
Ainsi, si le Budget 2018-2019 fait la part belle à cette partie de la population, certaines mesures viennent enfoncer le couteau. Notamment la «vente» de la nationalité mauricienne qui inquiète Reaz Chuttoo. «Ces gens n’achèteront plus des villas IRS. Ils entreront sur le marché d’immobilier pour les locaux et feront flamber les prix. C’est encore une fois la classe moyenne qui va mettre la main à la poche.»…
L’Income Tax revue : 78 000 contribuables concernés
13 % de la population active est concernée par les changements annoncés au seuil d’exemption de l’Income Tax et au taux revu à la baisse pour le paiement. 63 000 Mauriciens, percevant entre Rs 23 461 et Rs 50 000 par mois, paieront 10 % de la taxe. De plus, 15 000 autres personnes seront exemptées de l’Income Tax. Ceux qui gagnent jusqu’à Rs 23 461 ne la paieront pas.
La croissance sera-t-elle soutenue ?
Quelles pourraient être les retombées de la révision du seuil d’exemption de l’Income Tax et la baisse de 15 % à 10 % pour certains contribuables ? Pour Eric Ng, cette mesure dépendra de la façon dont ces derniers décideront de dépenser ce surplus d’argent. «Ils peuvent dépenser leur argent, décider de l’économiser ou de rembourser leurs dettes», déclare-t-il.
Il fait ressortir que les salariés dépensent cependant en général 90 % de leur salaire et n’en économise que 10 %. «Il est très probable qu’ils consomment davantage avec ce surplus. Et si c’est le cas, cela pourrait booster la consommation et soutenir la croissance économique.»
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