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Port-Louis: voir le nouveau bazar pour y croire
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Port-Louis: voir le nouveau bazar pour y croire
Il est midi trente. Les rues de la capitale grouillent de monde. L’heure du déjeuner invite à la promenade et aux achats. Direction la rue Farquhar. Devant la porte menant au rayon boucherie, volaille et poissonnerie du bazar, un marchand ambulant vend ses petits sacs en plastique. La clientèle, confie-t-il, ne s’éternise pas. «On ne peut pas rester longtemps dans cet environnement. » Au bout de deux minutes, on le comprend.
Dans l’espace réservé à la vente de poulets, la foule s’active. Les abats, les cuisses ou les ailes ont la cote. Golam Fakeera, vendeur, n’a que cette image du marché. Il y travaille depuis 30 ans, mais le fréquente depuis ses cinq ans. «Je l’ai connu tel que vous le voyez. Ce carrelage au sol est le même depuis je ne sais combien d’années.» Certes, il y a eu quelques petites rénovations çà et là, mais elles n’ont rien changé à l’aspect du bazar.
Depuis l’annonce que cet emplacement allait connaître un changement drastique, c’est le «talk of the town»… ou plutôt «of the bazaar». «Il était grand temps. Pour nous et pour le public qui le fréquente au quotidien.» Des soucis sur son lieu de travail, il en a eu des tonnes. «Les rats, la pluie, l’odeur et j’en passe.» Golam Fakeera se rappelle du 30 mars 2013. «Lors de cette inondation, le niveau d’eau avait atteint la hauteur des tables. Cela a pris du temps pour tout évacuer.» Il espère, tout comme ses confrères, ne plus revivre une telle situation.
Ils ont quand même une petite appréhension par rapport au nouveau marché. «Entre-temps, où allons-nous travailler ? On espère que la municipalité a pensé à cela.»
Contrebande
Un peu plus loin, nous allons à la rencontre d’Assad Dubily, vendeur de viande de boeuf. Cela fait 25 ans qu’il exerce au marché. Il en a vu des vertes et des pas mûres durant toutes ces années. Selon lui, il y a trop de lacunes du côté de la municipalité de Port-Louis. «Il existe une forme de contrebande au sein du bazar. Que ce soit nous ou les volaillers ou les poissonniers, nous avons pour principe de vendre frais. Mais la mairie a laissé le passage libre aux produits surgelés. Je ne peux pas vendre en même temps des produits frais et des produits congelés. C’est ce que j’appelle de la contrebande.» Il espère que ce problème sera résolu lors de la construction du nouveau marché. «Que les produits frais ne soient pas mélangés à ceux qui ne le sont pas.»
Il ne mâche pas ses mots quant à ce projet. «Pourquoi les gens de la municipalité ne sont pas venus nous demander notre avis sur la mise sur pied du nouveau bazar ? Nous sommes ceux concernés, c’est nous qui allons y travailler tous les jours. C’est la moindre des choses…» Assad Dubily soutient que les drains et le parking ont toujours été les principaux problèmes rencontrés par les marchands. Mais que jusqu’à aujourd’hui, rien n’est fait pour les aider. Selon lui, les employés de la mairie sous-estiment ceux du bazar. «Nous avons plusieurs idées. Le marché central ne devrait pas s’appeler ainsi. Trop de mauvaise gestion, à tous les niveaux.»
Une histoire sans fin
De son côté, Frédéric Chan Fook estime que cette rénovation est une histoire sans fin. «Je ne sais plus depuis combien d’années on nous baratine avec cette histoire. On nous donne de l’espoir, puis, plus rien.» Ce marchand de viande de porc attire notre attention sur le plafond où tourne à vitesse d’escargot un ventilateur. «Aujourd’hui, il lui arrive de tourner. L’autre, à côté, ne marche plus depuis cinq ans. Nous avons écrit des lettres à la mairie pour faire part de nos griefs. Nous attendons toujours.» Tout comme saint Thomas, il attend de voir pour croire. «On nous a trop longtemps fait miroiter des projets de remise à neuf. Nous attendons pour nous prononcer.»
Chez les poissonniers, on fait comprendre que plus vite le nouveau marché sera construit, mieux ce sera. «Par moments, quand nous allons respirer l’air frais, nous nous sentons mal ! Nous sommes tellement habitués à cette odeur dans laquelle nous évoluons… Ce nouveau bazar ne peut qu’être une chose positive», confie un marchand.
Pas moins de Rs 90 millions devraient être injectées dans la construction de ce nouveau bâtiment. Il sera même climatisé. De quoi s’y éterniser…
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