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Shelter La Colombe: comment réconcilier enfants et autorité ?

27 juin 2018, 10:15

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Shelter La Colombe: comment réconcilier enfants et autorité ?

Une adolescente est portée disparue depuis septembre 2017. Elle résidait au shelter La Colombe. Des enfants ont dormi à même le sol pendant un an. Ce n’est que le pic de l’iceberg : l’express a rencontré une personne, qui a eu accès, pendant de longues années, aux enfants fréquentant ce centre. 

Aurore Perraud avait signalé ces deux cas lors de son intervention au Parlement vendredi 22 juin.

Du côté du National Children Council, on se défend : les faits rapportés ne sont pas exacts, et tout est fait pour améliorer le quotidien de ces enfants, qui ont vécu des drames et dont les parents se lavent souvent les mains.

Mardi 26 juin, plusieurs jeunes se sont retrouvés sur le toit de l’abri de Pointe-aux-Sables. «Ces enfants sont incontrôlables», lâche notre source qui a travaillé avec eux. La veille au soir, une bagarre a éclaté pour une énième fois. «Ils s’en sont pris une nouvelle fois au matériel et l’ont endommagé.» 

Punaises dans les chambres

Ce sont les enfants âgés de plus de dix ans qui posent le plus de problème. «Leur langage est grossier. Ils expriment leurs mal-être.» Elle pointe du doigt l’administration qui devrait être davantage aux petits soins avec ces enfants. 

«Par contre, ces derniers savent qu’ils ont des droits et vous le rappellent souvent. Vous n’avez pas le droit d’élever la voix contre eux et encore moins leurs taper dessus.» Pour elle, il faudrait que ces enfants aient droit à plus d’autorité. «Depuis qu’ils sont petits, ils ont grandi dans un monde où il n’y a pas de limites. Ils ont vu des choses et essayent souvent de les reproduire.»

Les enfants qui se sont retrouvés à dormir par terre n’ont pu réintégrer leurs chambres que samedi. «Je pense que l’intervention de Madame Perraud y est pour quelque chose.» Ces pensionnaires sont retrouvés à dormir au sol après que des punaises ont infesté les chambres et les matelas sur lesquels ils dormaient. Et sur le cas de l’adolescente portait manquante, elle ne sait toujours pas où cette dernière a pu s’en aller. 

Jouer au ballon

Du côté du National Children Council (NCC), responsable du shelter La Colombe, le tableau n’est pas aussi noir que l’on le présente. C’est du moins ce qu’avance son président, Mouazam Murtuza. Au sujet des jeunes qui se sont retrouvés sur le toit hier, ce dernier réplique : «Ils y sont grimpés parce qu’ils voulaient faire une piscine avec la pluie. Je suis personnellement intervenu pour leur demander d’aller jouer au ballon et ils ont obtempéré.» 

Ce dernier a aussi une explication pour l’altercation survenue lors de la soirée de lundi. «Les enfants voulaient jouer au ballon dans la salle à manger et la responsable leur a dit que ce n’était pas le lieu pour le faire. Ils ont alors donné des coups de pied dans les chaises.»

Une mère ne veut pas voir sa fille violée

Pour lui, le NCC fait l’effort pour venir en aide à ces enfants. «J’ai demandé à avoir un psychologue permanent auprès de ces jeunes. Il ne faut pas oublier qu’ils ont vécu des aventures que l’on ne souhaiterait pas vivre.» 

Il raconte le cas d’une jeune fille, abusée par un proche de sa famille, qui se trouve actuellement aux soins intensifs à l’hôpital. «Sa mère a fait comprendre qu’elle ne veut pas vivre la rencontrer.» 

Ou encore ce père qui a changé à sept reprises de lieu de résidence juste pour ne pas avoir à reprendre son enfant. 

«Pour les lits avec les punaises, les enfants n’ont passé qu’une seule nuit au sol. Le temps que l’effet des produits chimiques se disperse.» Le NCC a acheté un babyfoot ou encore une table de billard. «Pour les distraire.» Un terrain de foot synthétique sera aussi bientôt d’actualité. Le souci de tous est finalement le bien-être de ces jeunes, mais à quel prix !