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Brandon Louis, de Résidence Barkly au Champ-de-Mars
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Brandon Louis, de Résidence Barkly au Champ-de-Mars
«Il n’y a que deux conduites avec la vie : ou on la rêve ou on l’accomplit.» Cette citation du poète René Char pourrait bien illustrer le parcours de Brandon Louis. Depuis son quadruplé, samedi 23 juin, l’apprenti qui ne vit que pour les courses de chevaux, arbore un large sourire. Comme pour faire un clin d’oeil à tous ceux qui lui ont lancé qu’il n’y arriverait pas. Trop grand, disaient-ils. Sauf que ses 1m75 n’ont en rien eu raison de ses ambitions.
Quand il n’est pas à dos de cheval ou à faire son jogging à la montagne des Signaux, c’est chez lui, entouré de ses proches, que Brandon Louis passe le plus clair de son temps. «C’est bien mieux ainsi», confie le jeune homme issu de la Résidence Barkly, l’un des quartiers dits «chauds» des basses Plaines-Wilhems.
Pour Anne-Marie et Noël Louis, il n’était nullement question de faire obstacle au rêve de leur fils cadet – Brandon a un grand frère, Ivan. Un rêve qui a germé dès son plus jeune âge. «À l’époque, il fallait l’installer sur le toit des voitures pour qu’il puisse voir les chevaux en action au Champ-de-Mars», se souvient Noël Louis.
«À l’époque, il fallait l’installer sur le toit des voitures pour qu’il puisse voir les chevaux en action au Champ-de-Mars.»
Le patriache, qui gère une tabagie avec son épouse dans le quartier, n’oublie pas de partager l’anecdote du «premier» cheval de Brandon. «Plus de la moitié de ma prime de fin d’année y est passée. Quand il l’a vu dans le magasin, il n’y avait plus rien à faire. Li ti pé zet so lékor partou telman li ti kontan sa souval-la. J’ai même dû trimballer le cheval sous mon bras de Rose-Hill jusqu’à la maison.»
Tout petit, Brandon rivalise d’ingéniosité pour s’exercer en liant des sangles et des cordes aux barreaux du lit notamment. Une passion qui l’amènera même à fausser compagnie à ses parents au cours d’une fête familiale. Émerveillé par un cheval, il l’avait suivi sur la plage de Flic-en-Flac !
Ayant le bonheur de son fils en tête, Noël entreprend les démarches pour qu’il fasse ses premières armes au centre équestre de Raj Ramdin à Pointe-aux-Sables. Quand Brandon, élève au collège La Confiance, annonce à ses parents son désir d’arrêter ses études en Form 5 – malgré de bons résultats –, ils le soutiennent. Anne-Marie se réveille aux aurores pour l’aider à se preparer, tandis que son père l’accompagne au boulot sur sa mobylette, tant à Port-Louis qu’à Floréal.
Pour mettre toutes les chances du côté de leur fils, les Louis, qui sont issus d’un milieu modeste, n’hésitent pas à se plier en quatre pour financer son apprentissage en Malaisie, qui a aussi été rendu possible grâce à un généreux bienfaiteur, que Noël considère aujourd’hui comme son troisième fils. «Nou péna enn sato mé Bondié protez nou ek li ouver nou simé», affirme Noël. Et cette présence divine, il en a eu un bel exemple en 2013, le lendemain du 18e anniversaire de Brandon, quand tout a failli basculer pour son fils.
Alors qu’il exerçait comme handler un samedi, les stalles de départ lui sont passées dessus à la suite d’une fausse manoeuvre. Il s’en sort presque miraculeusement. «Pandan trwa zour mo pa ti éna okenn sensasyon dan mo lipié goss», se souvient encore l’apprenti. Pour la petite histoire, Brandon nous confie que le chauffeur du tracteur ce jour-là est venu, tout ému, le féliciter samedi dernier à l’issue de la 13e journée. «Zordi mo koné kifer to pa’nn mor sa zour-la!» lui a-t-il dit.
«Mon fils a la tête bien sur les épaules et je sais que le succès ne lui montera pas à la tête. Il a toujours cru en lui et il fait preuve de discipline pour atteindre ses objectifs.»
La vie de Brandon Louis a-t-elle changé depuis son quadruplé ? «Mon fils a la tête bien sur les épaules et je sais que le succès ne lui montera pas à la tête. Il a toujours cru en lui et il fait preuve de discipline pour atteindre ses objectifs. Quant à nous, nous avons toujours vécu simplement et cela ne risque pas de changer», assure Noël, qui tient, avec son épouse, un petit commerce à Résidence Barkly.
Si Brandon récolte aujourd’hui les fruits de son dur labeur, Noël n’oublie pas pour autant toutes les moqueries lancées à l’adresse de son fils. «To garson enn mari fizett, enn vré bom», lui a déjà lancé une connaissance dans un supermarché. «Aujourd’hui, cette même personne se cache derrière les étagères pour éviter de me croiser», relate-t-il avec un brin d’humour.
Noël est cependant bien conscient que son fils a encore beaucoup de chemin à faire. «Les critiques ne pourront que l’aider à progresser. Je tiens à remercier chaleureusement John Claite, qui s’est bien occupé de Brandon en Australie et qui continue à l’accompagner.»
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