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Ravi Jaunkeepersad: le saddhu à lunettes
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Ravi Jaunkeepersad: le saddhu à lunettes
Il se fonderait facilement dans la masse lors de la Kumbamela, le plus grand rassemblement religieux qui se tient en Inde. Difficile cependant de le rater au milieu de la foule, au marché de Quatre-Bornes. Ravi Jaunkeepersad ressemble comme deux gouttes d’eau du Gange à un saddhu. Rencontre au milieu des verres fumés, au son de la musique psychédélique.
Sa barbe de plusieurs mois est bien entretenue. Sur le front de cet homme solaire qui n’aime pas les lunatiques, un piercing en guise de «tikka», qu’il porte depuis plus de 15 ans. Les «Ray-Ban», il les vend depuis plus d’un quart de siècle. Parce qu’il aime ces lunettes qui cachent le regard.
En ce moment, le business ne marche pas très bien. «Pé travay zis pou fer marmit bwi.» Pourquoi cette morosité ? À cause de l’hiver qui fait la pluie et le beau temps ? La faute à la crise économique, analyse-t-il.
Sur son bras, des tatouagessymbolisant toutes les religions. Sa philosophie : «We are one, one we are…» L’homme au turban, adepte du peace & love, n’est pas du genre à se prendre la tête, a sa propre vision des choses. «Lavi-la zoli li.»
Avant de vendre des lunettes, il était dans la cordonnerie, la restauration. Mais ça, c’était avant. «Zordi, zis linet, linet mem.» Il n’aime pas prendre l’avion. Des pays, il en a déjà vu trop. «Mo asté ek bann inportater, mo pa al pran mwa.»
Sa voix est calme, comme la musique, entraînante malgré tout, qui s’échappe que quelque enceinte de sonorisation. Des enfants, Ravi, divorcé, en a deux, ils sont âgés de 15 et 21 ans.
Ses journées démarrent à 4 heures, se terminent à 19 h 30. Mais il s’est habitué à ce train de vie, à ramer, même s’il n’est pas du genre à courir après le temps. Son mode de transport préféré, c’est la bicyclette. Il est très à cheval sur les principes. Et souhaite faire corps avec la nature. «Mo kontan al lor montagn tousala, respir ler fré…»
Que voit-il pour son avenir derrière ses lunettes rondes, style Professeur Tournesol ? Il laisse venir les choses. Car après tout, on ne sait jamais de quoi sera fait demain. Ce qu’il souhaite cependant, c’est «d’être en paix avec soi-même».
Avec des lunettes sur le nez, si possible.
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