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Hirander Misra: «Maurice, plateforme d’échange qui s’articule autour de l’or»
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Hirander Misra: «Maurice, plateforme d’échange qui s’articule autour de l’or»
Évoqué en marge de l’exercice budgétaire 2016-17, le Mauritius International Derivatives & Commodities Exchange (MINDEX), marché d’échange de produits dérivés, prend forme cette année. Le Chief Executive Officer Hirander Misra explique pourquoi l’or, dans un premier temps, a été préféré à d’autres matières premières.
Quelle est la pertinence de doter Maurice d’une plate-forme d’échanges de matières premières en 2018?
Le secteur mauricien des services financiers se développe rapidement, comme c’est le cas pour son produit intérieur brut. C’est naturel que simultanément le marché des capitaux se développe si le pays ambitionne de se positionner comme un centre financier de réputation internationale comme c’est le cas pour le Singapour.
«La plateforme d’échange de produits dérivés qu’est le MINDEX attirera vers Maurice une large panoplie de matières premières.»
La plateforme d’échange de produits dérivés qu’est le MINDEX attirera vers Maurice une large panoplie de matières premières. Les effets de cette initiative auront un impact positif sur son économie. C’est ainsi que le secteur mauricien des services financiers va pouvoir se diversifier en offrant un écosystème où les matières premières telles que l’or, les métaux précieux et d’autres types encore pourront être échangées.
C’est une filière qui va inciter des fonds d’investissement, des gestionnaires d’actifs et des personnes fortunées à venir à Maurice. L’installation d’un marché de produits dérivés ainsi appelé, du fait que les actifs négociés reposent sur l’évolution d’autres actifs, aura un effet d’entraînement sur l’économie mauricienne. Il va y avoir un élargissement des services déjà offerts.
Par exemple, les gouvernements du continent africain qui disposent d’actifs en or seront intéressés à investir à Maurice par le biais d’un ensemble d’instruments financiers. En sus, le MINDEX sera relié à un ensemble de réseaux internationaux de chambres fortes où l’or est stocké. Ce qui offrira une excellente opportunité à Maurice pour qu’il se positionne comme un centre international du commerce de l’or et de métaux précieux.
Quel effet ce nouveau développement aura-t-il sur la réputation de la destination Maurice?
Du coup, le niveau de la réputation de Maurice en tant que centre de services financiers et centre majeur d’échanges commerciaux s’en trouvera rehaussé. Des pays de renom, importateurs de matières premières et de produits agricoles tels que l’Inde et la République populaire de Chine, auront à l’oeil la montée en puissance de la destination mauricienne.
Des banques internationales d’investissement, des négociants internationaux et des sociétés d’appui opérant dans la filière des services auront des raisons suffisantes pour installer leur base d’opération à Maurice. Ce qui devrait créer des conditions appropriées pour l’émergence de nouveaux talents sur le plan professionnel et la création de nouvelles sociétés.
«Le niveau de la réputation de Maurice en tant que centre de services financiers et centre majeur d’échanges commerciaux s’en trouvera rehaussé.»
La réunion de ces deux facteurs que sont le commerce et la réputation de Maurice attirera de nouveaux détenteurs de savoir-faire. La matière grise mauricienne sera appelée en renfort de ce nouveau créneau d’activités qu’elle amorcera sans aucun doute avec succès grâce à la formation qui lui sera dispensée.
Le gouvernement n’aurait sans doute pas soutenu la mise en place du MINDEX s’il n’avait pas envisagé d’engranger des gains sur le plan fiscal. Qu’en sera-t-il exactement?
Nos calculs indiquent que le MINDEX devrait permettre à l’État de percevoir 6 millions de dollars américains comme impôt auprès des sociétés faisant partie du groupe MINDEX. Le montant des impôts en provenance des sociétés qui vont déclarer leurs revenus à Maurice même devrait se situer autour de 4 millions de dollars américains.
L’apport en revenu fiscal des sociétés sur les autres fournisseurs de services à Maurice est estimé à un million de dollars. L’impôt sur le revenu des employés serait de l’ordre de 3 millions de dollars. L’utilisation par le MINDEX et d’autres entités basées au sein de l’écosystème des services qui sont taxables à Maurice rapportera donc au fisc 4 millions de dollars américains. Le revenu issu des impôts sur les bénéfices des services financiers est estimé à 3 millions de dollars.
Les activités de MINDEX s’articuleront autour de l’or dans un premier temps. Quelle en est la logique?
Il existe une réelle opportunité pour Maurice de se positionner comme un écosystème d’échanges qui s’articule autour de l’or en provenance directement de mines situées dans les pays du continent africain. Ce qui devrait contribuer à faire de Maurice un centre de regroupement de toutes les activités d’échange qui tournent autour de l’or en tant que matières premières.
C’est ainsi que le prix de l’or produit sur le continent africain sera établi à partir de Maurice grâce à l’intermédiation de MINDEX. Maurice va pouvoir développer des relations privilégiées avec les pays d’où provient l’or destiné à son marché d’échange de produits dérivés.
Le monde des affaires globales disposera d’un nouveau centre de commercialisation de lingots d’or trébuchants et sonnants. L’établissement de ce nouvel environnement d’échange va également créer des opportunités pour l’émergence de nouveaux produits à base de l’or en sus des produits dérivés et les matières premières qui y seront échangées. À titre d’exemple, on peut citer des actifs garantis par voie d’obligations ou encore des instruments financiers basés sur l’or conservé dans des coffres-forts à Maurice grâce à un système bancaire. Le marché mauricien enregistre une forte demande pour l’or. Les clients potentiels sont les individus fortunés, les institutions et les consommateurs lambda.
Quelles sont les autres commodités susceptibles d’être introduites sur la plateforme du MINDEX?
Ce marché d’échange ne fonctionnera pas isolément. Sa liste de matières premières comprendra l’or, des produits agricoles et un écosystème capable d’inclure toute une panoplie d’autres produits. Le MINDEX a été créé pour offrir un environnement transparent et sécurisant pour les matières premières au travers de nouvelles avancées technologiques. Il se présente comme un centre où il y aura un flux réel de matières premières.
«Le prix de l’or produit sur le continent africain sera établi à partir de Maurice grâce à l’intermédiation de MINDEX.»
La présence d’un marché d’échange de produits dérivés basés dans un premier temps sur l’or – un produit extrêmement sensible – pourra potentiellement éveiller de nombreuses formes de tentations.
Qu’est-ce qui a été préconisé pour que l’or qui sera commercialisé à Maurice provienne, en toute transparence, de sources d’approvisionnement autorisées?
L’or qui sera commercialisé au MINDEX proviendra de sources d’approvisionnement du continent africain qui respectent les normes éthiques établies. De plus, le MINDEX fournira une documentation complète de l’écosystème suivi par l’or – depuis la mine où il a été retiré jusqu’à l’acheteur final en passant par la raffinerie, le coffre-fort où il a été conservé.
Les propriétés du blockchain en tant que technologie innovante seront utiles pour effectuer une traçabilité rigoureuse des activités liées au marché mauricien de produits dérivés. Le concours de notre partenaire en affaires qu’est Brink Global Services nous offre la garantie que le transport de l’or et sa conservation de ce précieux métal se feront dans des conditions sécuritaires maximales. Qu’à cela ne tienne, les activités du MINDEX seront rigoureusement régulées et transparentes.
Le gouvernement mauricien a fait preuve d’une ouverture sans précédent par rapport à l’accueil d’initiatives d’affaires qui utilisent les propriétés de technologies innovantes. Quel sera le rôle joué par celles-ci dans les opérations du MINDEX?
Le MINDEX aura recours aux dernières avancées technologiques déjà opérationnelles sur des plateformes d’échanges existantes. Le mode de fonctionnement du MINDEX sera conforme aux normes, aux exigences et aux critères préconisés par l’Organisation internationale des commissions de valeurs. Le recours à l’apport du blockchain en tant que technologie innovante est envisagé. Ce qui devrait rendre possible la réalisation, sous forme numérique, de transactions réelles de l’or contenu dans des coffres-forts installés à Maurice.
Le groupe GMEX offrira le service approprié en ce qui concerne la tenue d’un registre de preuves de réception d’actifs. Ce qui pourra servir de justificatifs pour l’émission de garanties électroniques basées sur des actifs libellés en or. Les institutions de financement peuvent à leur tour y avoir recours.
Comment justement le groupe GMEX est-il entré en scène par rapport à MINDEX?
Le groupe GMEX, qui était déjà sur place, était un partenaire potentiel du projet. En 2017, le gouvernement de Maurice décidait qu’il était plus approprié que le projet soit piloté par le secteur privé sans toutefois dévier de sa détermination à créer un environnement approprié pour installer un écosystème d’échange d’or, de métaux précieux et d’échanges au sens le plus large.
Quelles sont les chances de réussite du MINDEX après l’expérience malheureuse que le pays a connue avec la création de la première Bourse du commerce, le Global Board of Trade (GBOT), qui a dû fermer ses portes après moins de dix ans d’existence?
Le GMEX Group est familier du projet GBOT qui a été renommé par la suite Bourse Africa. GMEX faisait partie, il y a quelques années, d’un consortium qui visait à acheter Bourse Africa, mais celui-ci en a par la suite décidé autrement. À cette époque, beaucoup d’analyses ont été faites sur les raisons pour lesquelles Bourse Africa n’a pas fonctionné, même si le besoin d’une gamme d’instruments dérivés pour l’Afrique a été identifié comme étant très nécessaire.
Quel est l’élément principal qui explique le ratage de Bourse Africa?
Bourse Africa s’est concentrée sur les contrats dérivés sur papier qui, malheureusement, n’avaient pas la même pertinence que des transactions ayant pour fondement l’or réel. Les plus grands marchés de produits dérivés au monde offrent déjà de tels contrats et ont également des membres établis et beaucoup de liquidité. En tant que tels, les contrats basés sur papier de cette nature n’offraient aucun avantage concurrentiel à Bourse Africa car il n’existait aucune raison importante de négocier lorsque de meilleurs contrats étaient disponibles sur des marchés plus établis.
Bourse Africa s’est concentrée sur les contrats dérivés sur papier qui, malheureusement, n’avaient pas la même pertinence que des transactions ayant pour fondement l’or réel. Les plus grands marchés de produits dérivés au monde offrent déjà de tels contrats et ont également des membres établis et beaucoup de liquidité. En tant que tels, les contrats basés sur papier de cette nature n’offraient aucun avantage concurrentiel à Bourse Africa car il n’existait aucune raison importante de négocier lorsque de meilleurs contrats étaient disponibles sur des marchés plus établis.
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