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Maurice utilisé pour blanchir l’argent de gouvernements africains?

6 juillet 2018, 22:21

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Maurice utilisé pour blanchir l’argent de gouvernements africains?

 

«Damning.» C’est ainsi qu’est décrit le Mutual Evaluation Report (MER) de l’organisation Eastern and Southern Africa Anti-Money Laudering Group (ESAAMLG) sur Maurice. Ce rapport récemment soumis pour être évalué mettrait en exergue les mécanismes qui permettraient à l’argent africain d’être blanchi à Maurice. Plusieurs pays africains auraient appelé à sanctionner Maurice afin de protéger le continent.

C’est ce même rapport que Sudhir Sesungkur aurait contesté auprès de la ministre zambienne des Finances, Margaret Mwanakatwe, à travers une lettre la semaine dernière, rapporte la presse africaine. Le ministre des Services financiers aurait sollicité les autorités zambiennes pour que le rapport ne soit pas validé. Il a indiqué que celui-ci contient beaucoup de faits incorrects et de mauvaises conclusions, soutient Zambia Reports, un site d’informations zambien.

Sudhir Sesungkur n’a pas donné suite à nos appels. Une source proche de l’hôtel du gouvernement confirme, toutefois, que «le rapport vient révéler que Maurice est utilisé pour blanchir l’argent de gouvernements africains». C’est, d’ailleurs, la seule indication que nous aurons du rapport jugé «damning» par les autorités mauriciennes. Il nous revient aussi qu’au niveau des autorités locales, cet appel à la sanction est perçu comme du «bullying».

Ce serait le manque de garde-fous qui aurait été remis en question par les pays africains chargés de l’évaluation de la juridiction mauricienne. Un des deux pays chargés du «peer review» est la Zambie. «Pendant la période d’examen, les évaluateurs suivent de près la presse en relation avec les cas de blanchiment d’argent du pays évalué», explique-t-on au niveau du gouvernement. Avec les affaires Álvaro Sobrinho et Quantum Global, la réputation de Maurice aurait, donc,

pu prendre un sale coup.

Selon ce proche du gouvernement, Maurice bénéficie déjà, cependant, d’une mauvaise réputation auprès de plusieurs pays d’Afrique à cause de son régime fiscal. Une réforme est en marche, laisse-t-il entendre. On cite, par exemple, l’abolition du Category 2 Global Business Companies Licence et du Deemed Foreign Tax Credit annoncés dans le Budget.

Reste que si le rapport est validé, il pourrait porter un énième coup à l’offshore mauricien. L’ex-ministre des Services financiers, Roshi Bhadain, explique que cela pourrait entraîner une exclusion de l’ESAAMLG. Le fait d’être blacklisted «voudra dire que l’on attire moins d’investisseurs. De plus, notre Financial Intelligence Unit pourrait être exclue des réseaux  d’échanges d’informations».

Le ESAAMLG comprend 18 pays, dont l’Angola, le Kenya, Madagascar, l’Afrique du Sud, le Zimbabwe, l’Éthiopie, le Botswana, la Namibie et les Seychelles.