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Ce qui plombe l’investissement privé

7 juillet 2018, 01:30

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Ce qui plombe l’investissement privé

L’investissement dans son ensemble, incluant à la fois le public et le privé, devrait connaître une croissance inférieure cette année, comparativement à 2017. Il grimpera de 2,9 % en 2018 contre 4,7 % en 2017, selon les derniers comptes nationaux publiés par Statistics Mauritius.

La croissance devrait principalement être tirée par l’investissement public qui augmentera de 23,7 % cette année, alors que celui du privé baissera de 3,6 % en 2018. Cela, comparativement à la croissance de 7,3 % en 2017.

Or, l’investissement privé est le principal moteur de croissance. Qu’est-ce qui expliquerait cette baisse et comment y remédier ? Azad Jeetun, économiste et ancien directeur de la défunte Mauritius Employers’ Federation, l’attribue, entre autres, à des reculs de croissance dans plusieurs secteurs clés de l’économie, comme le secteur manufacturier, la zone franche voire les entreprises exportatrices. «Seul l’immobilier maintient une certaine progression», observe-t-il.

D’ajouter qu’il n’y a pas vraiment eu d’investissement dans les secteurs productifs, comme la manufacture, ces dernières années. L’économiste note également qu’une des lacunes du Budget, cette année-ci, est justement un manque de mesures pour relancer l’investissement privé dans les secteurs productifs.

Quid des différentes mesures fiscales prises dans le précédent Budget pour aider les entreprises ? «Les mesures fiscales c’est bien, mais cela n’encourage pas forcément l’investissement car il faut tenir compte des limites du marché», fait remarquer Azad Jeetun.

Il faut ajouter à cela le manque de compétitivité dans certains secteurs clés comme l’exportation. Un problème largement décrié par les opérateurs, qui s’explique par des coûts de production de plus en plus élevés, un manque de main-d’œuvre au niveau local et une productivité stagnante, voire en baisse.

L’une des solutions que préconise Azad Jeetun est l’importation de la main-d’œuvre. Cette mesure pourrait s’appliquer à plusieurs secteurs, estime-t-il. «Il y a tout un débat à lancer autour de ce sujet. Outre le secteur manufacturier, le secteur agricole aussi pourrait

 en bénéficier.» L’économiste Eric Ng explique, en revanche, que l’investisseur privé va là où il y a le plus d’incitation. Or, la politique fiscale du pays est restée surtout centrée sur l’immobilier, note-t-il.

Selon lui, il n’y a qu’à voir le nombre de schemes lancés ces dernières années en ce sens, comme le Property Development Scheme ou encore les Smart City Schemes, tous lancés entre 2015 et 2016. Et d’ajouter que ceux-ci sont venus s’ajouter à l’Integrated Resort Scheme et au Real Estate Scheme. Or, il aurait fallu «mettre l’accent sur la diversification», plaide Eric Ng.

Pour l’économiste, cette baisse de l’investissement du privé démontre surtout un manque de confiance dans l’économie de la part du secteur privé. «Il faut une politique économique stable qui ne change pas d’une année à l’autre. Une bonne gouvernance politique et économique est également essentielle pour envoyer le bon signal aux opérateurs»,

 soutient-il.

Quant à la hausse remarquable de l’investissement public, elle est due, rappelle Azad Jeetun, aux vastes projets d’infrastructures enclenchés par le gouvernement, notamment avec le Metro Express et d’autres projets routiers. Des investissements qui ont eu un impact direct sur la croissance du secteur de la construction. Avec une hausse de 9,5% cette année, c’est résolument ce secteur qui sera le principal moteur de croissance.

Toutefois le gouvernement ne pourra pas «indéfiniment» mener la barre de l’investissement, prévient l’économiste. C’est la raison pour laquelle il devient urgent de trouver des moyens de booster l’investissement privé.

La Mauritius Commercial Bank (MCB) a, pour sa part, affiché un certain optimisme s’agissant de l’investissement privé cette année, dans la dernière édition du MCB Focus parue le 26 juin. «L’investissement privé devrait afficher une croissance positive cette année, grâce à la réalisation de projets dans des secteurs spécifiques, comme celui de l’immobilier ou encore le tourisme», souligne Gilbert Gnany, Chief Strategy Officer à la MCB et auteur du rapport.

Un optimisme partagé par Business Mauritius. «Il faut rappeler que le secteur privé investit beaucoup dans des projets d’infrastructures, dans l’hôtellerie et les TIC, entre autres», fait ressortir Kevin Ramkaloan, directeur de l’association. D’ajouter qu’avec la mise en application prochaine du projet d’«e-licensing» par l’Economic Development Board, les opérateurs espèrent que les procédures vont s’accélérer.

Il rappelle dans la foulée que le secteur privé a déjà démarré plusieurs projets d’envergure qui s’inscrivent sur le long terme, comme les Smart Cities.