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Affaire Bal Kouler : 170 clients de Soobhany «victimes» d’une vendetta

18 juillet 2018, 20:30

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Affaire Bal Kouler : 170 clients de Soobhany «victimes» d’une vendetta

Un projet immobilier à Gros-Cailloux, promu par Patrick Soobhany, semble aujourd’hui au point mort. Ils avaient des projets de mariage, d’autres voulaient devenir propriétaires d’une maison au plus vite… Autant de raisons qui ont poussé ces 170 personnes à injecter au moins Rs 300 000 chacune dans un projet de morcellement à Gros-Cailloux, en 2017.

Mais celui-ci n’a jamais décollé. Pour ces clients, il est clair qu’ils sont des victimes collatérales d’un règlement de comptes politique dont ferait les frais l’un des promoteurs du projet Résidence Belle Eau, Saheed Nawab Soobhany, connu comme Patrick Soobhany.

Ce promoteur est celui qui, en mars 2016, a fait tomber Raj Dayal comme ministre de l’Environnement. Ce, dans le cadre de l’affaire Bal Kouler.

Les clients de la société Morcellement Martello Ltée, dont Patrick Soobhany est l’un des gérants, refusent de parler à visage découvert par peur de représailles. Mais l’un d’eux indique avoir rencontré les promoteurs à plusieurs reprises. «Ils nous ont montré leurs documents. Il n’y a aucune raison qui justifie que le projet soit bloqué.»

Feu vert de l’Environnement attendu depuis avril 2017

Il affirme que les autres clients et lui ont pris des initiatives personnelles et collectives pour comprendre ce qui ne va pas. Or ils auraient tous eu des réponses différentes. «Nous sommes persuadés qu’il (NdlR, Patrick Soobhany) subit les conséquences de ses révélations au sujet de l’affaire Bal Kouler et nous en faisons les frais.»

Contacté par l’express, un autre client soutient avoir sollicité la Citizen Support Unit à maintes reprises. Les officiers auraient parlé de «drainage issues». «Je me demande comment le conseil de district, qui aura à sa charge de pourvoir à des services de voirie, de nettoyage et d’installation d’infrastructures, peut approuver un projet qui présente un tel problème», poursuit un autre.

Nos recoupements indiquent que c’est l’Environmental Monitoring Plan qui fait défaut. Ce feu vert accordé par le ministère de l’Environnement est nécessaire pour que les travaux puissent démarrer sur le terrain de 13,4 hectares. Il nous revient que la demande pour ce «clearance» a été faite depuis le 10 avril 2017.

Garantie bancaire

Entre-temps, les clients affirment avoir consulté le permis Environmental Impact Assessment, la Letter of Intent, la garantie bancaire et le permis du conseil de district de Rivière-Noire. «Des documents qu’a obtenus le promoteur», soutient notre source. Celle-ci affirme qu’elle devait prendre possession de son terrain en juin et qu’elle devait injecter Rs 700 000 supplémentaires au fur et à mesure que progressaient les travaux.

L’express a tenté d’obtenir une explication officielle du ministère de l’Environnement. Un courriel électronique a été envoyé à l’attaché de presse du ministère et une réponse est attendue. Une source de ce ministère a toutefois avancé, «je ne saurais vous dire si le côté politique de l’affaire a joué contre le promoteur…», juste à l’évocation du nom Patrick Soobhany.

Quid du principal concerné ? Nous avons contacté l’entourage du promoteur de Résidence Belle Eau, hier. Un proche a indiqué que ce dernier ne souhaitait pas faire de commentaire à ce stade. Il nous revient également que «le promoteur envisage des poursuites légales contre les autorités concernées». Mais selon notre source proche de Patrick Soobhany, «nous sommes en mode attente».

Sinatambou : «Zot pé divagé»

 

Finalement, lors d’une cérémonie, ce mercredi 18 juillet, à China Town, le ministre de l’Environnement a réagi. Interrogé sur le fait que le projet de Gros-Caillou n’obtient pas d’Environmental Monitoring Licence, celui-ci a répondu : «Zot pé divagé. Il y a des procédures à suivre. C’est trop facile d’accuser les officiers qui font leur travail.»

 

L’affaire «Bal Kouler»

C’est la déposition de Patrick Soobhany contre le ministre de l’Environnement à l’Independent Commission against Corruption (ICAC) d’alors, le mardi 22 mars 2016, qui avait fait éclater l’affaire. Le promoteur a allégué que Raj Dayal avait insisté pour qu’il lui remette Rs 1 million pour l’octroi d’un permis. Dans l’après-midi du mercredi 23mars, le bureau du Premier ministre avait émis le communiqué suivant : «Le Premier ministre, sir Anerood Jugnauth, ayant pris connaissance du contenu d’un enregistrement concernant une allégation faite à l’encontre du ministre de l’Environnement, Raj Dayal, a demandé à ce dernier de “step down” comme ministre le temps que l’ICAC mène et termine son enquête dans cette affaire. Le Premier ministre réitère sa foi dans les institutions du pays et rassure la population que la justice et la vérité primeront en toutes circonstances