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Le 21 juillet 1978,Il y a 40 ans : Le Lord maire de Port-Louis et huit députés condamnés à la prison

21 juillet 2018, 14:47

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Le 21 juillet 1978,Il y a 40 ans : Le Lord maire de Port-Louis et huit députés condamnés à la prison

 

Une première dans l’histoire du judiciaire : Mathieu Laclé, le lord maire de la capitale, son adjoint, Lloyd Baligadoo qui est aussi député, sept autres parlementaires, des conseillers municipaux et des syndicalistes sont condamnés à trois mois de prison.

C’est le juge Goburdhun siégeant en Cour suprême qui prononce la sentence. Il trouve les prévenus, tous des membres du Mouvement Militant Mauricien Mauricien (MMM), coupables de manifestation illégale et d’obstruction de la voie publique.

Les faits reprochés aux militants s’étaient déroulés quatre mois auparavant, soit le 28 mars 1978. Ce jour là, le MMM tient, dans l’après-midi, un meeting au Champ-de-Mars pour protester contre l’augmentation du ticket d’autobus. Les dirigeants du parti demandent à leurs partisans et au public voyageur d’organiser des marches de protestation qui partiront de la Gare Victoria et de celle du Nord à la place de l’Immigration, pour converger vers le Champ-de-Mars.

A cette époque les élus du MMM sont très proches de leurs mandants et font preuve d’un activisme soutenu sur le terrain. C’est ainsi que des parlementaires s’absentent de l’Assemblée législative qui siège, ce 28 mars 1978, pour rejoindre des conseillers municipaux, des syndicalistes et des activistes à la Gare Victoria et à la Gare du Nord.

Dans ces années, le gouvernement de la coalition Parti Travailliste-Parti-Mauricien Social Démocrate (PTr-PMSD), impose un régime répressif au pays. Ceux qui sont en première ligne de la marche de protestation sont photographiés, identifiés, choisis et par la suite arrêtés avant d’être poursuivis en justice sous le Public Order Act. La particularité de cette loi : elle contraint le juge à imposer des peines d’emprisonnement d’au moins trois mois à ceux trouvés coupables. Elle sera abrogée plus tard pour être remplacée par le Public Gathering Act.

La défense des accusés est assurée par Mes. Madun Ghujadhur, Anerood Jugnauth et Kader Bhayat. Le député Jean-Claude Bibi est aussi poursuivi. Il est défendu par Me Alan Ganoo. La poursuite est représentée par Me Vinod Boolell et Anil Gayan, Senior Crown Counsel.

L’emprisonnement des élus provoque des manifestations dans le pays. Des sit-in ont lieu tous les soirs devant la prison de Beau-Bassin. La situation sociale se dégradant, le Premier ministre Sir Seewoosagur Ramgoolam fait demander à la commission de pourvoi en grâce d’étudier la possibilité d’accorder une relaxe aux élus et syndicalistes condamnés. Ce qui sera fait quelques semaines plus tard.

Les députés Jérôme Boulle, Noel Lee Cheong Lem, Rajiv Servansingh, Osman Gendoo, Bashir Khodabux, Lloyd Baligadoo, Amédée Darga et Finlay Salesse étaient parmi les condamnés. Les élus municipaux étaient tous portlouisiens. On y retrouvait le Lord maire Mathieu Laclé ainsi que les conseillers Rama Poonoosamy, Gérard Nina et Nasool Dilmohamed. Les syndicalistes Serge Rayapoullé et Swadick Peerally faisaient aussi partie du groupe.