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Police: Transférée après avoir pris le proche d’un ministre en contravention
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Police: Transférée après avoir pris le proche d’un ministre en contravention
La policière Toinette aurait été victime d’un transfert punitif après avoir sanctionné le président du conseil de Bois-des-Amourettes. Ce dernier dément les allégations. L’affaire a été soulevée au Parlement, mardi.
Sewduth Ramdhony, président du conseil de village de Bois-des-Amourettes, n’avait pas bouclé sa ceinture. C’est la raison pour laquelle la policière Toinette l’a pris en contravention, or trois jours après, elle a été transférée. Depuis, ils sont nombreux à parler de transfert punitif. Le ministre mentor, sir Anerood Jugnauth, a déclaré mardi, au Parlement: «Elle a été punie car elle a donné une contravention au Chairperson du conseil de village de Bois-des-Amourettes. Je vais m’assurer que des actions soient prises. Ce genre de choses ne peut être toléré.» Qu’en est-il au juste ?
Déjà, il ressort d’une source proche de la jeune femme, qui a intégré la police en février 2012, que le président du village est un proche d’un ministre et qu’il ferait aussi usage d’abus de pouvoir. D’autres avant la policière Toinette l’auraient surpris au volant de sa voiture, sans ceinture de sécurité, et mettant un enfant en bas âge sur le siège avant, ce qui est une infraction au Code de la route.
Sollicité par l’express, Sewduth Ramdhony dément toutes ces allégations. «Je ne sais rien de cette affaire et je refuse d’en dire plus.»
Quant à la policière impliquée, elle a refusé de se confier à l’express. Nous avons sollicité une permission du commissaire de police, Mario Nobin, pour lui parler, mais cette demande n’a pas été approuvée car, nous a-t-on dit, une enquête par le Central Criminal Investigation Department (CCID) est en cours.
Toutefois, dans l’entourage de la jeune femme, les langues se délient. «Elle était menacée depuis 2015. C’était lors de la première fois qu’elle avait pris le président en contravention, pour le même délit. Il lui avait lancé: ‘Si mo pa fer twa transfer, mo sanz mo nom’. Il a mis ses menaces à exécution», allègue un proche de la policière.
Le mardi 8 mai, la policière Toinette, du poste de police de Vieux-Grand-Port, faisait un contrôle routier à Grand-Port lorsqu’elle a surpris Sewduth Ramdhony au volant de sa Mitsubishi, sans sa ceinture de sécurité. Elle lui a demandé s’il est en possession d’un certificat médical qui l’autorise à ne pas porter la ceinture et ce dernier a répondu par la négative. Elle lui a dressé une contravention. L’affaire a aussitôt été rapportée au poste de Vieux-Grand-Port.
Le vendredi 11 mai, alors qu’elle a pris de nouveau son service, l’habitante du Sud est tombée des nues. Elle a reçu sa lettre de transfert pour Plaine-Magnien. «Elle était dans tous ses états. Elle avait dû être transportée à l’hôpital», raconte un collègue. Un autre renchérit: «Pour sortir de Vieux-Grand-Port et se rendre à Plaine-Magnien, elle devrait prendre deux autobus.»
La jeune femme, qui n’a jamais eu des reproches quant à son travail, a sollicité une rencontre avec son Divisional Commander pour une explication, le lendemain. Ce dernier lui a expliqué que son transfert est «for the good of the force». Elle a aussitôt alerté la Police Officers Solidarity Union (POSU).
Dans la même journée, elle a appris qu’elle est cette fois-ci mutée à Mahébourg. Le 13 juillet, elle a reçu une nouvelle l’informant qu’elle peut réintégrer son poste à Vieux-Grand-Port. «Elle était jusqu’ici dégoûtée mais depuis cette réintégration, elle va mieux. Elle reste quand même sur ses gardes car elle ne sait plus à quoi ils sont prêts», soutient un proche.
Des hauts gradés appelés à s’expliquer
Dans le cadre de l’enquête du CCID, des hauts gradés seront appelés à s’expliquer. L’inspecteur Boojhawon, de la POSU, et la policière Toinette ont été interrogés. Des documents ont aussi été saisis.
L’affaire Briani
Autre cas où le transfert punitif plane est celui qui est désormais connu comme l’affaire Briani. En décembre 2011, des policiers de QuatreBornes ont pris en contravention un marchand de briani qui opérait dans l’illégalité. Le commerçant leur a fait obstruction et les a insultés. La députée Nita Deerpalsing a débarqué sur les lieux et a pris fait et cause pour le marchand de briani en soutenant: «Mo donn ou permision, kontinié vann ou briani. Personn pa pou kapav fer ou nanyen. Gard dan Quatre-Bornes pa pe fer zot travay kouma bizin.» Le 31 décembre, le sergent Soobeersen Gopall, qui était de service est muté à la Special Supporting Unit. Quelques jours plus tard, la Sub Inspector Yovana Kistnen, une Quatrebornaise, est mutée au poste de police de Bain-des-Dames. À présent à la retraite, elle explique que cela a été une épreuve traumatisante pour elle. Elle dit avoir quitté la police avec un certain dégoût. «Je me suis donnée corps et âme dans mon travail mais voilà comment on m’a récompensée.» Quant au commerçant, il a écopé d’une amende pour molesting police officer et trading without license devant la justice.
Le cas impliquant le député Rughoobur
Autre exemple d’ingérence présumée : en février de cette année, Sudesh Rughoobur a réclamé le transfert du sergent Nallan, affecté au poste de Goodlands. Le député de Grand-Baie–Poudre-d’Or a adressé une lettre en ce sens au commissaire de police, le 30 janvier, pour demander son transfert en dehors de sa circonscription, pour n’avoir pas aidé des employés de la Central Water Authority qui faisaient des travaux. Le sergent avait refusé car c’était un travail privé. De par la résistance syndicale, le sergent Nallan n’a pas été inquiété.
Mario Nobin : «Il n’existe aucun transfert punitif»
Appelé à dire s’il existe des transferts punitifs au sein de la police, Mario Nobin a été catégorique : «Non.» Le transfert, dit-il, est un processus normal. Si un policier est muté d’un poste de police à un autre, c’est «for the good of the service». Le commissaire de police n’a pas voulu commenter le transfert de la policière Toinette, déclarant seulement que cette décision a été prise par le chef hiérarchique de cette dernière. En revanche, sous le couvert de l’anonymat, un policier affirme que le transfert punitif au sein des forces de l’ordre existe bel et bien. Il met en cause l’ingérence politique ou un désaccord avec le chef. «Il y a des cas où vous habitez dans le Nord et on vous envoie à Coromandel ou alors, vous habitez à Curepipe, on vous envoie à Petite-Rivière. Il y a aussi des cas extrêmes, où on vous envoie à Rodrigues ou sinon à la Special Supporting Unit ou à la Special Mobile Force, ce qui requièrent d’autres aptitudes.»
Le syndicat pour un comité de transfert
Le président de la POSU, l’inspecteur Jaylall Boojhawon, déclare :«Nous avons fait une requête au commissaire de police pour mettre en place une transfer policy, suite à quoi il y aura un transfer committee où siègeront régulièrement l’administration de la force policière et le syndicat. Le but de cette transfer policy est qu’il n’y a plus de transfert injustifié, voire punitif, et que le policier ne se sente pas lésé. Après quoi, le policier recevra une lettre l’informant de la raison de sa mutation. Et s’il n’est pas d’accord, il pourra faire appel.»
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