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Accusation contre Sesungkur: «Le ministre n’avait pas le droit de me gifler»
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Accusation contre Sesungkur: «Le ministre n’avait pas le droit de me gifler»
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Sébastopol, dimanche après-midi 22 juillet. Le shivala de la localité accueille une cérémonie de mariage, devant un parterre d’invités. Dont le ministre des Services financiers, Sudhir Sesungkur. Hansraj Sobrun, conseiller du village, marie sa fille. Un caméraman filme. Quelque temps après, on apprend que ce caméraman, Rasesh Ramprosand, aurait été giflé par le ministre. Et il fait une déposition au poste de police de Montagne-Blanche, contre le politicien.
Rasesh Ramprosand, 27 ans, habite Brisée-Verdière. Nous l’avons rencontré au poste de police de Montagne-Blanche, où il semblait encore sonné. Le jeune homme revient sur l’incident. «Je filmais la cérémonie. À un moment, je me suis mis devant le ministre. Il m’a dit de bouger. Je lui ai dit que je ne pouvais pas car je fais mon travail. Mais que j’allais m’en aller dans pas longtemps, dès que j’ai fini ma prise. Le garde du corps du ministre est alors venu vers moi. Il m’a dit qu’il faut que je change de place.»
L’officier de police aurait alors demandé à Rasesh Ramprosand de venir à l’extérieur, pour discuter. «VIPSU-la ti bien korek. Linn koz bien tou. Monn aksepté pou sorti. Lerla, minis inn vini par deryer, ek linn donn mwa dé kalot», poursuit le caméraman. Ce dernier explique que ses lunettes sont tombées dans la foulée et que le garde du corps les aurait alors prises.
Rasesh Ramprosand, qui est également graphiste, travaille à son propre compte. Il se dit choqué. «Ce n’est pas parce qu’il est ministre qu’il peut se permettre de traiter les gens ainsi. Surtout que je ne faisais que mon travail.»
Formulaire 58
Il a décidé de porter plainte à la police. «J’espère que cette enquête sera faite en toute transparence et qu’il n’y aura aucune répercussion sur moi ou mes proches.» Muni d’un formulaire 58, il a reçu des soins à l’hôpital de Flacq. Sollicité, le ministre Sesungkur, par le biais de sa conseillère en communication, a fait savoir qu’il n’allait pas faire de déclaration, vu qu’il y a une enquête en cours.
De son côté, Hansraj Sobrun, l’hôte de la cérémonie, a indiqué qu’il ne connaît pas les cameramen engagés pour l’occasion. «C’est un membre de la famille qui s’est occupé des cameramen», a déclaré le conseiller de Sébastopol, rencontré chez lui hier soir à l’issue de la cérémonie. Il avance que comme il était pris par les rituels nuptiaux, il n’a pas remarqué l’incident en question. Il semblait surpris quand nous lui avons fait part de cet incident et n’a pas souhaité nous en dire plus vu qu’il était occupé.
Hansraj Sobrun avait, lui-même, vécu une mésaventure, mardi dernier. Le conseiller avance qu’il a été séquestré, dans un champ de canne, par un policier. Ce dernier l’a interrogé sur des vols de bijoux, arguant qu’il devait s’assurer que le conseiller de village n’achète pas de bijoux volés pour le mariage de sa fille.
Les casseroles de Sesungkur
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<figure class="image" style="display:inline-block"><img alt="" height="330" src="/sites/lexpress/files/images/ganesh-niko.jpg" width="620" />
<figcaption>Ganesh Niko, collaborateur du ministre, a été arrêté le 10 juin 2017</figcaption>
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<p>Sudhir Sesungkur n’en est pas à sa première frasque. <a href="https://www.lexpress.mu/article/309510/malheurs-sesungkur-chien-fils-et-collaborateur-embarrassent-ministre" target="_blank">Des casseroles</a>, il en traîne à la pelle, une véritable batterie de cuisine. Ce, avant même qu’il ne succède à Roshi Bhadain comme ministre des Services financiers, le 24 janvier 2017. Si ce n’est pas lui, c’est son fils, son proche collaborateur, son ancien partenaire d’affaires, voire son chien qui le propulsent, bien malgré lui, sous le feu des projecteurs.</p>
<p>Quatre mois à peine après le raz-de-marée de Lepep aux élections générales de 2014, Sudhir Sesungkur se démarque du lot des néophytes qui font leur entrée à l’Assemblée nationale. Pour de mauvaises raisons. Udaysingh Taukoordass, son ancien partenaire d’affaires au sein de la firme Mazars, porte plainte à la police contre le député du n°10 (Montagne-Blanche-Grande-Rivière- Sud-Est) et l’épouse de celui-ci, et mène une action en justice pour détournement de fonds. Il leur réclame Rs 32 millions de dommages.</p>
<p>Le 3 juin 2017, son fils, amateur de «drift», se propulse sur le devant de la scène. Sohail Sesungkur, au volant d’une BMW, entre en collision avec un taxi, à Sodnac.</p>
<p>Le chauffeur du taxi, Yaseer Kardaree, accuse le fils du ministre de l’avoir agressé après l’accident. Le 10 juin 2017, son proche collaborateur, Ganesh Niko, est arrêté par des hommes de la <em>Central Investigation Division</em> de Moka, pour l’agression d’un policier posté devant la maison du ministre Sesungkur, la veille.</p>
<p>En septembre 2017, Jeetendrasingh Seedhyan dépose une plainte à la commission anticorruption contre Sudhir Sesungkur, pour <em>«using office for gratification». </em>Le plaignant est l’époux de Pamela Seedhyan, une habitante de Trou-d’Eau-Douce, qui, auparavant, a porté des allégations de harcèlement sexuel à l’encontre du ministre des Services financiers.</p>
<p>Le 17 décembre 2017, vers 5 heures du matin, nouvelle frasque de son fils. L’Audi grise que conduit Sohail Sesungkur termine sa course dans un buisson, à Mare-aux-Vacoas. L’accident est toutefois rapporté au poste de police de Vacoas le lendemain, à 11 h 33.</p>
<p>Le 24 février dernier, toujours aux petites heures du matin, le même Sohail Sesungkur est à bord de la même Audi grise lorsque celle-ci fait une sortie de route pour heurter un pylône en bois, sur la route principale à Belle-Rose, en direction de St-Jean. Sohail Sesungkur est testé positif à l’alcootest.</p>
<p>Cerise sur le gâteau, même son chien lui fait des misères. En 2012, un garçon est mordu par son animal de compagnie. Heureusement pour le ministre, la charge d’<em>«allowing dog to</em> <em>stray», </em>retenue contre lui, est rayée en cour de Moka le 17 mai 2017. La victime a indiqué que l’affaire traîne trop en longueur et que cela affecte ses études.</p>
<p>Et l’on ne parle pas des problèmes que connaît le secteur dont il est le ministre, les Services financiers, qui passe par des déconvenues entre le rapport de l’<em>Eastern and Southern African</em> <em>Anti-Money Laundering</em> <em>Group </em>sur la lutte contre le blanchiment et la classification (revue) de Maurice comme juridiction à risque en Inde. Même si le pays se démène pour s’en sortir…</p>
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