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Lobbying autour de la nouvelle génération de billets: une histoire de gros sous
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Lobbying autour de la nouvelle génération de billets: une histoire de gros sous
La Banque de Maurice (BoM) songe-t-elle à émettre une nouvelle famille de devises ? Pour le moment, c’est motus et bouche cousue à la BoM Tower. En revanche, des imprimeurs mondiaux s’activent en se livrant à un intense lobbying en prévision d’un futur appel d’offres.
C’est le cas de la société De la Rue, entité britannique, imprimeur traditionnel de la BoM, qui a dépêché deux cadres à la Banque central, la semaine dernière, pour présenter à la direction ses dernières technologies en matière de fabrication de billets. De son côté, le First Deputy Governor Renganaden Padayachy participe actuellement à une présentation d’Obertur Fiduciaire, imprimeur français, à son site de production à Amsterdam.
Loin d’être une simple coïncidence, la décision de ces deux imprimeurs de se faire entendre en ce moment souligne que l’heure de longues tractations a sonné avec, à la clé, le choix de la société qui décrochera le pactole estimé à quelque Rs 600 millions avec le contrat d’émission de la nouvelle famille de billets.
Exit les personnalités
D’ores et déjà, on sait que les nouvelles coupures ne porteront pas d’effigie de personnalités du pays, qu’elles soient politiques ou autres et ce, conformément au souhait du gouvernement de mettre fin à cette pratique. En revanche, le ministère des Finances est favorable à l’idée que dans cet exercice, des images emblématiques de l’histoire de Maurice soient privilégiées.
Aussi, face aux cas de falsification enregistrés dans le passé, la Banque centrale exigera de l’imprimeur, lors du nouvel appel d’offres, un renforcement des éléments de sécurité afin de contrarier les manoeuvres des fraudeurs et autres criminels.
Aujourd’hui, pour authentifier une coupure, des signes de reconnaissance y sont incorporés, dont la forme en trois dimensions d’une tête de dodo visible en filigrane contre la lumière ou encore la représentation stylisée d’une conque imprimée au recto et au verso avec des motifs formant un cercle complet lorsqu’ils sont éclairés. À la BoM Tower, Kerre Corbin, Counterfeit Analyst chez De la Rue, est d’avis que les billets de banque existants sont suffisamment sécurisés face aux tentatives de contrefaçon. Mais, d’autre part, des fraudeurs spécialistes sont suffisamment ingénieux pour dupliquer les signes d’authenticité mettant ainsi la pression sur les imprimeurs qui doivent constamment améliorer les éléments de sécurité de nouvelles générations de coupures.
Les coupures de Rs 2 000 peu utilisées
Aujourd’hui, les dénominations des billets de banque sont de Rs 25, Rs 50, Rs 100, Rs 200, Rs 500, Rs 1 000 et Rs 2 000. La valeur totale des billets de Rs 500 a enregistré la plus grosse augmentation entre mai 2017 et mai 2018, passant de Rs 3,52 milliards à Rs 4,35 milliards.
En revanche, les coupures de Rs 2 000 étant peu utilisées, les banques commerciales ont noté une réduction graduelle du volume total en circulation. Celui-ci a chuté à Rs 3,72 milliards en mai 2018 contre Rs 4,5 milliards à la même période l’année dernière. La valeur totale de toutes les coupures en circulation entre ces deux périodes a progressé de 5 %, atteignant Rs 33,4 milliards en mai 2018.
La dernière émission de billets par la Banque de Maurice, alors sous la direction de l’ex-gouverneur Rundheersing Bheenick, date d’octobre 2011. Elle concernait les coupures de Rs 200, Rs 500 et Rs 1 000. Qu’en sera-t-il de la nouvelle génération ?
BoM: «Il faut se référer aux réponses parlementaires du PM»
<p>Contactée, la Banque de Maurice nous a demandé de nous référer aux réponses données par le Premier ministre et ministre des Finances aux questions parlementaires posées au sujet des billets de banque. Sauf que sa réponse à l’interpellation du député de l’opposition Veda Baloomoody, lors de la séance du 10 juillet, porte sur le refus de certains commerçants et de sociétés d’État d’accepter les coupures de Rs 1 000 et Rs 2 000 comme paiement et non le projet d’émission de nouvelles coupures.</p>
<p>La question a été évoquée en avril dernier et en 2016 au Parlement où Pravind Jugnauth avait souligné la nécessité pour une nouvelle famille de billets vu que les progrèrs technologiques facilitent la tâches des contrefacteurs. On l’a vu récemment avec la falsification de coupures de Rs 1 000 et Rs 2 000.</p>
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