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Les Salines : adieu «Pleasure Ground»
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Les Salines : adieu «Pleasure Ground»
Un jardin mal entretenu dont on devine mal qu’il a plus d’un siècle d’histoire. Les travaux de construction d’une voie d’accès à Fort-William y sont en cours. Qu’il est loin le temps où Les salines étaient le «Pleasure Ground».
Parmi les premières salines
L’histoire de ce quartier de la capitale remonte au temps de La Bourdonnais. Le jardin Robert Edward Hart se trouve sur la route menant au Caudan Waterfront. Les sources historiques indiquent que Jean Dominique Michel de Caudan a créé une saline, à l’emplacement du jardin, en 1726. Le sel est à l’époque une denrée essentielle, dans la conservation des aliments et au ravitaillement des navires. L’expérience de cristallisation d’eau de mer aurait d’abord été tentée à l’Île d’Ambre. À titre de comparaison, les salines dans la région de Tamarin datent d’environ 200 ans.
1905 : création du jardin
Dans ses archives, Tristan Bréville, fondateur du musée de la photographie, retrouve une coupure de presse du journal Le Radical daté du 15 décembre 1905. Il annonce l’ouverture du Pleasure Ground pour les «23 et 24 décembre 1905». Un bal populaire sera organisé pour l’occasion. Avec un clin d’œil, Tristan Bréville ajoute : «C’est l’équivalent du jardin Balfour pour les amoureux». C’est aussi un lieu de promenade pour les familles l’après-midi. L’orchestre de la police s’y produisait certains dimanches. «Ce jardin, c’est l’un des derniers poumons de la capitale.»
L’ancienne usine à gaz
Le jardin Robert Edward Hart abrite un patrimoine national. Il s’agit d’une ancienne usine à gaz (old gas factory), qui, selon des sources, fonctionnait dans les années 1950. Cette usine aurait assuré la fourniture électrique à Port-Louis, mais le projet aurait été abandonné car jugé trop coûteux. Aujourd’hui, cette structure en pierres taillées porte le nom de Stade France-Martin. Il accueille des activités sportives, dont du badminton et de la boxe.
La plage à Port-Louis
Dans Naissance et grandeur d’un port (2011), Tristan Bréville écrit : «Cela pourrait paraître insolite, la seule plage de la capitale est accessible par la route menant au jardin Robert Edward Hart (le Pleasure Ground). Une petite plage de sable blanc aménagée tant bien que mal et qui pourrait devenir un haut lieu de repos.» Le jardin donne sur la mer, tout comme son voisin, le Bulk Sugar Terminal. Signalons que la demi-douzaine de canons qui ornent le jardin pointent en direction de ce vrac aujourd’hui inutilisé.
Un petit pont mène du jardin à la plage. Pour Tristan Bréville, il s’agit d’un «pont des soupirs, où passaient ceux regardaient s’éloigner les bateaux, venaient dire un au-revoir à leurs proches qui étaient à bord».
Hommage au poète Robert Edward Hart
Le poète Robert Edward Hart est associé à La Nef, à Souillac. S’il a vécu jusqu’à la fin de sa vie dans le Sud, le poète était né à Port-Louis le 17 août 1891. Il a été journaliste et libraire au Mauritius Institute, l’ancêtre du musée de Port-Louis. Robert Edward Hart a été fait Officer of the British Empire en 1949 et Chevalier de la légion d’honneur en 1950. Il est décédé en 1954. Pour lui rendre hommage, la mairie a décidé de donner son nom au Pleasure Ground. Parmi les illustres enfants du quartier des Salines, figure le poète Léoville L’Homme.
Lénine still going strong
Parmi les monuments du jardin Robert Edward Hart : un buste impressionnant de Lénine. Pour Jérôme Boulle, ancien lord-maire, il s’agit d’un témoignage des liens privilégiés que Maurice entretenait avec l’ex-Union soviétique, du temps de SSR.
La presse rapporte début 1981 les propos de l’ancien ministre de la Sécurité sociale (qui avait dû démissionner de son poste), tenus lors d’une réception offerte par l’Amicale Maurice/URSS. L’ancien ministre Lutchmeeparsad Badry préside alors cette amicale. «Il a souligné que Maurice est le seul pays au monde en dehors du bloc communiste à avoir érigé un buste en l’honneur de Lénine.»
Le jardin des Salines commémore aussi la prise de possession de l’île par les Français le 20 septembre 1715. Ainsi que la mémoire de l’ancien ministre travailliste, décédé en 2009, James Burty David.
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