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Le trajet le plus long en autobus: mari chak sa…

5 août 2018, 20:30

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Le trajet le plus long en autobus: mari chak sa…

Il faut embrasser parents, proches, amis, collègues, leur faire nos adieux. Le trajet Port-Louis–Rivière-des-Galets dure plus longtemps qu’un voyage à Rodrigues. Bon, l’avion est plus rapide certes, mais deux heures dans le même bus, sur la même banquette, vous imaginez ? Si les habitués diront que c’est «fasil net sa», nous, on en a bavé.

Il est 11 h 30 à la gare Victoria. Le bus démarre. Le receveur est à l’heure lui aussi. Il nous prévient : «Rivière-des-Galets, enn long chak sa !» Il ne croit pas si bien dire…

Nos compagnons d’infortune sont au nombre de 44, la plupart étant des personnes âgées. Bien calées dans la banquette, elles regardent à travers la vitre, leurs pensées vagabondent déjà, les regards s’évadent. Ça sert à ça aussi la retraite.

C’est parti pour 39 arrêts. Le bus se remplit peu à peu. À Trianon, il est plein à craquer. Bientôt, il ne reste plus que les places de «portemanteau». C’est à prendre ou à laisser.

À Wooton, certains sont déjà arrivés au pays des songes. Le son des sinus bouchés se mêle au doux ronronnement du moteur de l’autobus. Douce berceuse.

Entre-temps, nous sommes liés d’amitié avec le receveur, Sanjaye Joonkhon. «Éna fwa bis-la res ranpli ziska Souillac. Éna boukou fonksioner ek zélev lékol lerla.» En 35 années de service, les kilomètres, il en a avalé pas mal. Cette route, dit-il, ce trajet, il l’apprécie particulièrement. «Lé Sud enn zoli landrwa», affirme cet habitant de Chemin-Grenier.

Un brin de causette, quelques gorgées d’eau avalées, des paysages à couper le souffle plus tard et quelques douleurs aux fessiers, on arrive à destination. Il est 13 h 30 et nous sommes les seuls à avoir fait le trajet du début à la fin…

Qu’importe, malgré les muscles endoloris, le jeu en valait la chandelle. À tel point qu’on décide de refaire le trajet, en sens inverse cette fois. Parmi ceux qui nous accompagnent, comme à l’aller, cette fois encore, il y a pas mal de personnes âgées. «Bann vié dimounn mem ki fer sa larout-la plis. Zot kontan al promné», lance Sanjay Joonkhon.

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