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Sanjeev Teeluckdharry: «Je tiens à préciser que je n’ai jamais parlé à Gro Derek, ni au téléphone, ni en vrai»

6 août 2018, 18:20

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Sanjeev Teeluckdharry: «Je tiens à préciser que je n’ai jamais parlé à Gro Derek, ni au téléphone, ni en vrai»

Sanjeev Teeluckdharry, dans quelles circonstances est-ce qu’un avocat peut rendre visite à son client ?
La prison n’est pas un goulag ! À Maurice, nous sommes dans un État de droit et les prisonniers ont des droits fondamentaux. Consulter son avocat en fait partie. 

Même s’ils ont déjà été condamnés ?
Évidemment ! S’ils veulent faire une plainte à la National Human Rights Commission en ce qui concerne leurs conditions de détention ou encore, solliciter la commission de pourvoi en grâce, ils ont toujours besoin de demander conseil à un avocat de leur choix.

Venons-en aux «unsolicited visits»…
Il n’y en a jamais eu. Pas un seul.

Pourtant, le rapport Lam Shang Leen en fait mention…
Pour comprendre mes visites, il faut remonter à l’affaire Dookee en 2012. Le Conseil privé avait statué que la période passé en détention doit être déduite de la sentence quand la cour prononce une condamnation. Les Law Lords étaient venus à Maurice pour cela.

Après, plusieurs prisonniers m’ont écrit pour retenir mes services afin de demander à ce que leur sentence soit revue par rapport au temps passé on remand. Je n’ai pas gardé tous mes courriers car j’ai déménagé à quatre reprises. Mais j’en ai toujours une bonne partie. La prison a aussi un registre de tous les courriers envoyés et la commission d’enquête sur la drogue aurait dû vérifier cela avant de faire des accusations gratuites. Rajoutez à cela les affaires où j’ai été nommé Legal Aid… De toute façon, il aurait été simple pour Paul Lam Shang Leen de vérifier le registre des courriers envoyés par les prisonniers.

Puis, cela aurait été plus simple si la commission m’avait donné l’accès aux Prison Records qui étaient en sa possession. D’ailleurs, j’en avais fait la demande. La commission m’a refusé pour une raison qui lui est propre. En plus, il me semble que la commission n’a même pas vérifié les Court Records…

… mais ils ont vérifié les communications téléphoniques. Huit appels pendant 2015-2016 ?
Déjà, il faut que chacun prenne ses responsabilités. Un prisonnier n’a le droit ni d’avoir un téléphone, ni de SIM Card, donc. Des fois, lorsque je reçois un appel, si on me dit «Je suis Welfare Officer de la prison, je vous appelle de la part de votre client qui souhaite vous parler», il est impossible pour moi de savoir si c’est vraiment un Welfare Officer ou un imposteur. Si c’est un Gro Derek qui a passé son portable à un Ti Derek, que vais-je en savoir ?

Puis, vous savez, en tant qu’avocat et politicien, je reçois beaucoup d’appels tous les jours. Quand je suis en cour, j’envoie un SMS pour dire que je vais rappeler plus tard. Puis, il y a ces appels qui arrivent dans la nuit… Je ne réponds pas, surtout depuis que je suis marié ! Mais je me fais un devoir de retourner l’appel, car il s’agit peut-être d’un client ou d’un mandant qui a besoin de moi.

Gro Derek est effectivement mentionné dans la partie qui vous concerne…
Je tiens à préciser que je n’ai jamais parlé à Gro Derek, ni au téléphone, ni en vrai. Je n’ai pas été son avocat. Son avocat n’a jamais été convoqué par la commission. Je n’ai jamais eu de contact avec lui !

Et Peroomal Veeren? Vous le connaissez?
Depuis longtemps. J’ai été son avocat dans certaines affaires. Elles ne sont pas toutes liées à la drogue. Il y a certaines informations qui sont privileged donc, je ne peux pas vous en dire plus. Mais vous savez que les Court Records sont du domaine public. Si vous les consultez, vous verrez que je l’ai représenté dans des affaires d’agression et de recel, entre autres. Il n’était pas difficile d’y jeter un œil…

Il n’a rien à voir avec votre ascension, donc?
Je suis élu au no5 avec plus de 3 000 voix d’avance sur l’ancien Premier ministre. Puis, sans vouloir me jeter des fleurs, en tant qu’avocat, mes cas ont toujours été difficiles et très médiatisées. L’affaire Dookee est un exemple. Dans l’affaire Michaela Harte, malgré les critiques, la BBC m’avait décrit comme un «tenacious, outspoken lawyer».

Le rapport parle d'une histoire de vous qui avez «acted in an unlawful and unprofessional manner» dans le cas d'une affaire de cannabis. Est-ce vrai ?
Si la commission avait pris la peine de m’interroger là-dessus, elle aurait eu la réponse. La CCID avait déjà enquêté et le Directeur des poursuites publiques avait classé cette affaire car il n’y avait pas de preuves pour soutenir ces allégations. C’était il y a 17 ans !  Encore une histoire à dormir debout.

Mais si vous n’avez rien à vous reprocher, pourquoi avoir démissionné de votre poste de Deputy Speaker ?
La commission a réussi, à travers son rapport, à créer une fausse perception que je dois avoir quelque chose à me reprocher. Le rapport a jeté tellement de boue sur moi que cela aurait été difficile de présider les travaux parlementaires. Ce poste doit être laissé en dehors de toute controverse.

Une révision judiciaire n’aurait pas aidé à laver votre image ? Pourquoi avoir abandonné l’idée ?
Je ne l'ai pas abandonnée. Je dispose de trois mois pour le faire. C’est mon Plan B. J’attends de voir si ceux qui ont fait des allégations contre moi pourront prouver leurs dires au cours d’une enquête. 

Vous croyez que l’enquête pourra être bouclée en peu de temps ?
Je pense que les enquêteurs auront la tâche facile car mes explications sont suffisamment claires, nettes et précises. Ma version est vérifiable à travers les Court Records. D’ailleurs, ce sont les mêmes que j’ai donné à la commission. Tous les prisonniers que j’ai rencontrés avaient retenu mes services. Il y a aussi les clients à qui j’ai été assigné et que j’ai représentés gratuitement (Legal Aid). En ce qu’il me concerne, la commission a fait fausse route sur toute la ligne, et l’enquête le prouvera.