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Pharmacies privées-Médicaments: série de pénuries depuis deux ans
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Pharmacies privées-Médicaments: série de pénuries depuis deux ans
Trente-huit médicaments sont introuvables sur le marché. Les frais d’enregistrement introduits en 2016 sont montrés du doigt.
Il y a encore deux semaines, une centaine de médicaments essentiels étaient introuvables sur le marché. Si une grosse cargaison est venue calmer pharmaciens et médecins du privé, n’empêche que la pénurie a duré presque deux mois, au dire d’Arshad Saroar, président de la Pharmaceutical Association of Mauritius (PAM).
Qui plus est, ce n’est pas la première fois que pareille situation se produit. Depuis deux ans, les pénuries se font fréquentes dans les pharmacies du privé. La raison évoquée ? Le coût de l’enregistrement introduit en 2016, ainsi que l’interdiction qui pèse sur l’importation parallèle.
Ils l’avaient pourtant prédit. En 2016, lorsque le Conseil des ministres prend la décision d’introduire des frais d’enregistrement pour les médicaments, les importateurs et pharmaciens s’inquiètent. Deux ans après, la frustration est à son comble. «Il y a toujours eu des pénuries mais elles étaient beaucoup moins fréquentes. Depuis environ deux ans, les produits pharmaceutiques sont régulièrement en rupture», lâche Vicky Ramluggun, propriétaire de la Newton Pharmacy. Un constat que fait plus d’un.
Actuellement, 38 médicaments sont introuvables dans le privé, selon Arshad Saroar, président de la PAM. Les produits en rupture de stock ont des usages variés, mais ce sont surtout des médicaments à base de cortisone qui sont en manque en cette période hivernale. «Et là, ce sont des produits pour lesquels nous avons des alternatives qui manquent.»
«Il y a un mois, ajoute-t-il, c’était la panique puisqu’il s’agissait de médicaments essentiels pour lesquels il n’y avait pas forcément d’alternative». Ce n’est pas tout. Arshad Saroar fait remarquer que des médicaments essentiels pour les patients souffrant de maladies cardiaques, pour les diabétiques ou encore des antibiotiques étaient en rupture de stock depuis plusieurs mois.
Pire, certains médicaments ont même complètement disparu pendant une année, indique le Dr Ishaq Jowahir, généraliste et vice-président de la Private Medical Practitioners Association. À l’instar de ce comprimé pour la goutte pour lequel il n’y a pas d’alternative. «Ce comprimé pour la goutte vient d’arriver alors que cela fait un an que nous en demandons.»
Et il n’y a pas que cela. «Il y a un antibiotique que nous ne trouvons pas depuis quelques mois et un médicament pour le vertige qui marque souvent de longs mois d’absence», constate le Dr Ishaq Jowahir.
Prescription de génériques
Ces pénuries ne sont pas sans conséquence. «C’est un problème qui devient vraiment grave ! Non seulement cela pose des inconvénients, mais souvent il faut utiliser des copies», déclare le Dr Ishaq Jowahir. Le généraliste souligne que les médecins et patients sont souvent plus habitués et confortables avec certains médicaments que d’autres. D’ailleurs, renchérit Arshad Saroar, ce sont les patients eux-mêmes qui sont réticents à utiliser des alternatives.
Le plus grave reste toutefois l’utilisation de génériques. «Quand il n’y a pas d’alternatives ou les alternatives sont aussi en rupture de stock, nous devons prescrire des médicaments génériques. Ce qui n’est pas conseillé», martèle le Dr Ishaq Jowahir.
Tous ou presque montrent du doigt les frais d’enregistrement. «Il y a des produits qui ne sont pas rentables, les importateurs préfèrent donc capitaliser sur les produits qui sont plus fast-moving», fait valoir Kentis Sooriamoorthy, pharmacien du privé.
De plus, l’importation parallèle des produits a été stoppée depuis 2016. «Cela veut dire qu’un seul importateur peut faire venir un produit. S’il y a une rupture chez un importateur, il y a une rupture sur le marché», dit Kentis Sooriamoorthy.
En effet, analyse Siddique Khodabaccus, président de la Small and Medium Pharmaceutical Importers Association, les frais de Rs 8 500 requis pour l’enregistrement sont un frein à l’importation de certains produits. Sans compter que l’enregistrement de ces produits peut prendre jusqu’à six mois, ce qui n’arrange pas les choses.
N’empêche, soutient Siddique Khodabaccus, les pénuries ont toujours existé. «Il y a des facteurs incontrôlables. Des fois la production cale dans des pays fournisseurs. L’on n’y peut rien.»
L’express a sollicité le ministère de la Santé par courriel. Un représentant a expliqué que des réponses à nos questions seront disponibles aujourd’hui. Nous leur réservons un droit de réponse.
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