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Certificat de caractère: un document qui fait couler beaucoup d’encre
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Certificat de caractère: un document qui fait couler beaucoup d’encre
C’est un sujet qui déchaîne les passions depuis une semaine. Révélé par l’hebdomadaire Week-end, le certificat de caractère demandé aux anciens sportifs mauriciens suscite plusieurs réactions. La première est venue du recordman du sprint mauricien, Stephan Buckland. S’il ne compte pas obtempérer, d’autres l’ont fait mais avec des réserves. Du côté du Trust Fund For Excellence in Sports (TFES), l’on dit suivre la procédure.
Au total, 105 «retraités» du sport mauricien sont concernés par cette mesure. Cette allocation, qui varie de Rs 3 500 à Rs 10 000, est une mesure actée par le gouvernement pour honorer les performances réalisées par nos anciennes gloires du sport. Contrairement à une pension, elle peut à n’importe quel moment être retirée à ceux qui ont fait vibrer l’hymne national.
Toutefois, Sheila Seebaluck, Chief Executive Officer du TFES, avance que cette mesure se trouvait sur le document signé par Stephan Buckland comme les 104 autres athlètes concernés. «Il est stipulé que le sportif ne doit pas avoir commis de criminal offence car il reste un modèle pour la jeune génération.» Cette ancienne athlète ne remet pas en doute les performances réalisées par l’ancien sprinteur. «Mais c’est une question de principes.»
Pour le président du TFES, l’avoué Theyvarajen Ponambalum, c’est un principe de base. «C’est pour donner le bon exemple. De toutes les manières, je suis en faveur de la réinsertion des gens qui ont fauté. Le board du TFES étudie aussi le cas par cas sur ce sujet. Mais je ne comprends pas pourquoi les athlètes sont réticents. Ils donnent bien leur acte de naissance, carte d’identité et autres sans aucun problème…»
Mais Stephan Buckland a-t-il fauté en refusant de se plier à cette mesure ? «Non», réplique Me Rama Valayden. Pour lui, cette démarche est irrationnelle. «On a déjà amendé la loi sur le certificat de caractère. La question que je me pose est de savoir pourquoi l’État a exigé cela. Je pense que l’on mélange trop de choses.» Selon l’avocat, cette exigence est un signe d’hypocrisie. «On frôle la bêtise. Et je soutiens Buckland dans sa démarche. Il faut continuer la lutte.»
Par ailleurs, l’ancien boxeur Bruno Julie confie qu’il ne comprend pas le pourquoi de cette demande. L’unique médaillé olympique de notre histoire soutient que si l’État voulait enquêter sur chaque sportif, il aurait dû se tourner vers le commissaire de police. «De toute façon, le certificat ne sera vu et lu que par le TFES, le public ne verra rien. Et puis, pourquoi à l’époque où l’on mouillait notre maillot pour le pays, cette attestation n’était pas demandée avant les compétitions ?» commente l’ancien pugiliste.
De son côté, Karen Foo Kune, ancienne championne de badminton, souligne que cette attestation ne change en rien à ce que le sportif a réalisé durant sa carrière. «Si la personne a quelques soucis à présent, après des années de sports actifs, oubliera-t-on pour autant son parcours réalisé ? J’ai été étonné quand l’on m’a demandé de produire ce certificat», ajoute-t-elle. Sollicité pour une réaction, le ministre des Sports, Stephan Toussaint, n’a pas donné suite à nos appels.
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