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Braconnage: de la viande de… bébé singe au menu

19 août 2018, 17:02

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Braconnage: de la viande de… bébé singe au menu

 

Ils ont flairé un nouveau filon. Pour éviter que leur porte-monnaie ne fasse la grimace, certains se rabattent sur un juteux business: les bébés singes. Leur terrain de chasse: Le Dauguet, à Tranquebar et Chamarel.

Sur place, pas de doute possible. Les pièges artisanaux sont presque aussi nombreux que les feuilles. Ils sont placés à des endroits bien spécifiques, les pauvres singes sont faits comme des rats. Il faut tout de même s’armer de patience, avoue un chasseur que nous rencontrons sur place. Car les guenons, comme toutes les mamans, deviennent plus agressives lorsqu’elles sont accompagnées de leur petit…

Au moment des naissances, les chasseurs sont donc aux aguets. «Pa kapav fer toulézour ou bien tou lésemenn sa bizin koné kan bon moman.» Et puis, au Dauguet, par exemple, il y a une heure à laquelle les singes descendent pour se nourrir. Les braconniers attendent patiemment, montre en main.

Sans se méfier, les primates se dirigent alors vers leurs cousins. «Zot péna boukou zafer pou manzé dan sa rézionla. Lerla zot vinn rod manzé kot bann dimounn…» Sans savoir qu’ils risquent de finir eux-mêmes dans l’assiette.

Prises au piège

Une fois qu’ils sont mis en confiance, les «traser», comme on les surnomme, passent à l’attaque. «Kouma mama-la poz so tipti anba pou trap enn bout dipin, bann-la nek pran baba, galoupé alé», racontent des témoins. Les mamans, elles, sont prises au piège et ne peuvent ainsi défendre leurs petits.

«Nou pa fer sa zis pou kas, nou fer sa ousi akoz zanimo-la. Dan plas li mor san manzé lor montagn, nou ‘donn’ li kikenn ki pou kapav nouri li bien ek get li…» assure le chasseur. C’est grâce à des posts sur Facebook qu’il est «connu» dorénavant, dit-il. «Zot kontakté mwa, zot dir mwa ki zot bizin. Lerla mwa mo al trasé…»Le prix : Rs 3 000 «pièce».

Sauf que les bébés finissent souvent dans des cages exiguës. Souvent, par superstition, on leur coupe la main, celle-ci étant censée porter bonheur, un peu comme une patte de lapin. «Éna dimounn pran lamé zako-la al zwé casino.» On leur arrache les dents, qui finissent en pendentif, autour du cou d’un bébé humain, souffrant de «lédan voler». Et puis, les bébés singes finissent, en chair à pâté, ils passent à la casserole… «Éna dé pli anplis dimounn kontan manz sa.»

Cette nouvelle «tendance», des ONG en ont eu vent. Des responsables ne tarderont pas à prendre des actions appropriées, disent-elles. Il y a quelques mois, Second Chance Animal Rescue a pris un chasseur en flagrant délit alors qu’il vendait un bébé singe. «Nounn fer nou pas pou klian, nounn asté li. Kan li vinn impé gran, nou pou rélarg li dan la natir», affirme Sameer Golam, le président de cette association.

En attendant, les défenseurs des animaux demandent aux Mauriciens de faire preuve d’humanité...