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The Prophecy chante Laglwar

26 août 2018, 18:04

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The Prophecy chante Laglwar
 
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Roots and kulcha. Good to be conscious. Des refrains qu’il entonne sans cesse. Dans son T-shirt moule bide et muscles, son short moule burnes, le fan de marques, de vêtements griffés qui aime bien «glasé» depuis qu’il est au collège, assume sa simplicité et sa cité. La Cité Paul Langlois, à Plaine-Magnien, plus précisément.

C’est dans son petit studio sans prétention, aménagé à l’étage de sa maison, que Murvin Clélie, lead vocal du groupe The Prophecy, nous accueille. Jasmine n’est pas à Toulouse, elle est dans la place.

Le Prophète Emifa, roots jusqu’aux racines de ses dreads noirs de jais, a le sourire dentifrice blancheur. Bien dans ses savates et ses boxer shorts aux couleurs du drapeau du mouvement rasta, l’homme de 23 ans, à l’aise, se dévoile parfois en empruntant quelques détours, visiblement bien rôdé à cet exercice qu’est l’interview. 

Oui, il est fan de Bob Marley, mais celui qui le branche le plus, c’est Dieu. «Dan laplipar mo bann morso, mo sant pou bondié avan. Pa bliyé met sa, hein?» Main divine, prophétie ou pas, rien ne le prédestinait à devenir chanteur. «Mo ti toulétan éna lavwa enroué…»

Sa première chansonnette, il l’a d’ailleurs poussée lors d’une première communion. La nature et la mue sont passées par là. Une voix suave et grave, cette gorge où semble habiter en permanence un chat, c’est sa marque de fabrique, ce qui fait son succès. «Garou lokal sa man», dira un fan inconditionnel.

«Nou pou sirmonté», entonnait-il. Et avec son groupe, les obstacles, ils les ont franchis. C’est grâce à ce titre que The Prophecy s’est fait connaître du grand public. Qu’en est-il du «Mékanik so léker» ? On n’en saura pas grand-chose et nous vous prions de nous croire, Mesdames, on a tout essayé. «C’est personnel… Mais il ne faut pas bousculer les étapes, chaque chose en son temps», répète Murvin comme un refrain. Curiosité journalistique oblige, nous sommes allées sur Facebook pour en savoir plus. Mauvaise nouvelle pour les fans féminines…

Du haut de sa terrasse, dans ce quartier où il a vécu toute sa vie, sa guitare entre les mains, il distribue les bonjours, les bons mots, aux tontons et tantines, taquine les petits, récolte les sourires et des clins d’œil. «Laglwar zis pou bondié. Mwa mo res enn dimounn simp… Roots and kulcha.»

En parlant de «kulcha», Murvin est pour la dépénalisation du gandia. Pas seulement parce qu’il est un disciple de Jah. «Get ravaz ki synthé pé fer parmi bann zenn.» La discrimination par rapport à son look, au fait qu’il soit «enn kreol», il sait ce que c’est. «Éna ankor lesklavaz modern.» Les stéréotypes et les préjugés ont la dent dure. «Éna pansé si to enn kreol, to bizin zis bat béton…»

Sur le tableau blanc du studio, des dates listées au stylo-marqueur. Fancy-fair, mariages, rendez-vous avec la presse, spectacles, le planning est surchargé. Le compte en banque aussi ? Nous n’en saurons pas plus et cette fois, Facebook ne pourra pas nous aider.

Ce qui n’est pas un secret bien gardé, en revanche, c’est le fait qu’il aime son pays. «Mo pou mor Moris mwa. Isi éna bann dimounn formidab, extraordiner.» À chaque fois qu’il visite d’autres contrées, il a une pensée spéciale pour son île. «Mo léker isi.»

Si «laglwar» s’envolait demain ? Il n’y a pas vraiment pensé, pas encore. Qu’importe, il aura eu la chance de pouvoir gagner sa vie en faisant ce qu’il aime, avec ses potes. Il aura réalisé la prophétie.