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Star de la Maiden Cup 2017: ancien SDF, Rodney se remet en selle
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Star de la Maiden Cup 2017: ancien SDF, Rodney se remet en selle
Il est méconnaissable. Le vieux T-shirt sale et troué est chose du passé. Les cheveux en bataille aussi. Rodney Mootoosamy, 33 ans, est un nouvel homme… Celui qui avait volé la vedette aux cracks du turf, aux jockeys, lors de la Maiden Cup, en 2017, en «photobombant» le cliché de Steven Arnold recevant son trophée, n’est plus sans domicile fixe. Après les stalles, il a pris un nouveau départ.
«Kot mo passé dimounn ti pé rekonet mwa, mo ti vinn enn star dépi ki banla inn tir mo foto, inn met lor Facebook, lor lagazet. Mo extra kontan.» Difficile aujourd’hui, de le reconnaître. Il a changé du tout au tout. Tout cela grâce à la fameuse photo...
Rodney s’est remis en selle. Il habite désormais chez sa sœur. «Avan, mo pa ti pé aksepté ki li pran mo responsabilité, mé aster mo ress kot li. Mo swiv mo tretman, mo pran mo konprimé pou latet. Mo al kot koifer…» rigole le jeune homme, que nous avons rencontré à Ste-Croix.
«Aster mo smart !»
Parfois, dit-il, il suffit que quelqu’un vous ouvre les yeux, vous donne un peu d’amour, pour que tout change. Désormais, il a une famille sur laquelle il peut compter et vice versa. «Lontan, mo ti sal-sal, mo ti ena long labarb, dimounn ti pe guet mwa ek dédain. Aster mo smart !» lâche Rodney, sous le regard attendri de sa sœur Nadia.
Rodney n’a pas toujours eu des ennuis de santé mentale. Il était destiné à un avenir prometteur, mais le destin lui a joué des tours. Après une séparation difficile, la vie du jeune homme a basculé, il n’a pas supporté ce «déchirement». Il avait alors 17 ans.
Il prend tout de même part aux examens du HSC, mais les résultats sont décevants. Ses parents, Hervé et Maligaye, aujourd’hui décédés, ont tout fait pour qu’il redevienne comme avant. «Ils ont déboursé énormément d’argent pour lui redonner sa santé, mais ils n’ont pas pu» renchérit Nadia.
Après le décès de sa mère, autre coup dur, Rodney n’a plus voulu vivre avec sa sœur. Il quitte leur maison à Camp-Yoloff et erre les rues de la capitale. Certains le prennent pour un voleur, d’autres pour un sans domicile fixe, vu son accoutrement. Mais il n’en a que faire du regard des autres.
Nadia essaye à chaque fois, de le ramener chez elle, mais il a vite fait de fuguer, tel un cheval qu’on aurait enfermé dans un enclos. «L’année dernière, je l’ai cherché et je l’ai embarqué dans une voiture. Je l’ai fait admettre à l’hôpital Brown Sequard et il a pu suivre son traitement. Il est ressorti en octobre et depuis, il va mieux. J’étais en colère à chaque fois qu’on disait du mal de lui, car malgré tout, c’est mon frère.»
Cela fait désormais partie du passé de Rodney, qui réapprend ce qu’est le bonheur, si fragile. Fan de chevaux, il est tout excité à l’idée d’assister au Maiden, aujourd’hui. Il soutient que des membres du Mauritius Turf Club l’on invité à assister à la journée spéciale de ce dimanche et qu’il ne manquera pas d’y aller.
«Cette fois, je serai aux premières loges. Mo pou bwar impé labier, zoué impé…» Oui, il a toujours été un passionné des courses hippiques. Même quand il était au plus bas, il attendait toujours impatiemment les samedis afin de se rendre au Champ-de-Mars. Et il continue à le faire. «Mo zwé enn ti kass, parfwa gagné, parfwa rant lakaz brédouy», avoue Rodney. Pour la Maiden Cup, il compte miser Rs 100 sur Enaad, le favori de l’écurie Gujadhur. «Li for sa seval la, si li vini li vini !»
Cependant, son vœu le plus cher, c’est d’être pris en photo avec le jockey vainqueur, une deuxième fois. «Mo pou gueté si mo kapav répran enn lot foto, sa dimans-la. Bann sans koumsa pa regagné sa.»
Qu’importe. En se remettant en selle, Rodney a déjà gagné son pari.
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