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Adel Langue, contrat pro en liga: «Naître à Cité Kennedy est un challenge en soi»
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Adel Langue, contrat pro en liga: «Naître à Cité Kennedy est un challenge en soi»
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Pour un jeune de 20 ans, il dégage une impressionnante maturité. C’est parce qu’il a été forgé par «la cité Kennedy», lâche Adel Langue. Ayant signé avec le Deportivo Alavés il y a deux semaines, le jeune footballeur est devenu le premier mauricien à obtenir un contrat pro en Liga. Nous l’avons rencontré là où tout a commencé...
Il a un visage d’ange et quelques petites traces d’acné. Les signes ne trompent pas, Adel Langue vient tout juste de quitter l’adolescence. À à peine 20 ans, après un passage amateur au Paris FC, le natif de Cité Kennedy – il insiste sur le mot «cité» au lieu de Résidences car dit-il, «ici c’est la cité, la vraie» - vient d’obtenir un contrat pro avec le Deportivo Alavés. Nous l’avions rencontré en mai dernier dans le cadre d’un documentaire événement sur le football mauricien qui sortira le 10 avril 2019, soit à 100 jours des Jeux des îles. Adel Langue n’avait pas encore son contrat pro en poche, il ne savait pas s’il allait en obtenir un. Mais il était déterminé.
«Je ne sais pas ce que l’avenir me réserve. Mais je vais travailler. Je vais travailler comme un malade. Vous savez pourquoi ? Venez, je vais vous montrer.» Commence alors une «balade» dans les rues de cité Kennedy.
«Regardez, ressentez l’ambiance de cette cité. Il y a certains qui dealent. Vous voyez des toxicos. Il y a des chômeurs. Naître ici est un challenge en soi. Mais c’est ce qui me donne la force. Tous ces visages me sont familiers. Nous étions enfants à la même époque. Certains sont à peine plus âgés que moi. Mais ils n’ont pas eu la chance que j’ai eue. C’est pour eux que je réussirai. Quand je suis en difficulté dans un match, je pense à mes potes de la cité, à la chance que j’ai de pratiquer le plus beau métier du monde, à la chance qu’ils n’ont pas, et je sens comme une boule d’énergie et de motivation à l’estomac…» Un jeune homme s’approche et interrompt la marche. Ils se connaissent. Chaude et ferme poignée de main. «Wa manz ar li nasyon. Nou mari fier. To pa gayn drwa laiss tonbé. To koné twa», dit-il. «Séryé bro, merci», répond Adel.
Adel est donc la fierté de cette génération de cité Kennedy. «Tu vois, je n’ai pas le droit de me la jouer star ici. Ça n’existe pas dans l’ADN de ma cité. On se connaît tous et on est tous égaux.» D’ailleurs son succès est le fruit de la solidarité «kennedienne». «En France, j’ai été hébergé par des amis de la cité qui ont émigré à Paris. Je leur dois bien un hommage.»
Après deux minutes de marche on comprend qu’Adel voulait nous faire voir le terrain de foot de cité Kennedy. «Venir ici régulièrement est vital pour moi. Je me ressource ici. Ici, c’est chez moi. Je devais avoir 5 ou 6 ans quand j’y suis venu pour la première fois. Il y avait une école de foot – je suis la preuve que ça sert à quelque chose –, confie-t-il en riant. Et les petits n’avaient droit qu’à une petite partie du terrain de foot. Les grands jours, il y avait les tournois de foot à six et foot à sept. Les rues bordant le terrain étaient pleines à craquer. Interdiction de circuler pour les voitures. Il devait y avoir 200 personnes devant la petite tabagie de Madame Noël que voici…»
En parlant d’affluence, Adel accepte volontiers d’aborder le problème du football local. Le cadet de la sélection du club M, ayant lui-même évolué au Cercle de Joachim, en est bien conscient. «C’est difficile pour les joueurs. Nous procurons du plaisir à ceux qui viennent voir les matches. Ils peuvent témoigner du spectacle. Mais ceux qui restent chez eux et qui critiquent le football local sur Facebook, ne savent absolument rien. Notre génération est en train de payer les pots cassés à cause des erreurs de 1999. Ceux qui évoluent au sein du championnat mauricien sont nés en 1992 ou 1994. Ils étaient des enfants quand il y a eu ces événements. Et croyez-moi, les Mauriciens ne le savent pas assez, la génération actuelle est une des meilleures que nous avons connue. Les joueurs font leur part. Ils ne sont pas les fautifs de l’histoire. La balle est dans le camp des autres acteurs…»
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