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Commission drogue: Jibraan Khudurun «séquestré et torturé» en Afrique du Sud

4 septembre 2018, 08:01

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Commission drogue: Jibraan Khudurun «séquestré et torturé» en Afrique du Sud

Il a vécu un véritable calvaire lors de son dernier voyage en Afrique du Sud, en juillet. Jibraan Khudurun, un fashion designer de 26 ans, dont le nom a été cité dans le rapport Lam Shang Leen, sort de son mutisme. Cet habitant de Moka, qui est rentré à Maurice depuis le 31 juillet, dit en effet avoir attendu qu’il se rétablisse pour enfin briser le silence. Il allègue avoir été kidnappé, séquestré et torturé. Soupçonnant que ses ravisseurs ont des connexions locales et que son audition devant la commission drogue y serait liée, il craint désormais pour sa vie.

«Je croyais que j’allais mourir. Six individus m’ont accosté alors que je venais de débarquer à Johannesburg le 25 juillet. Je me rendais à mon hôtel lorsqu’ils sont arrivés à bord de deux voitures», raconte le jeune homme. «Zot inn koumans dir mwa donn kas. Paniké, mo’nn donn zot Rs 25 000 ki mo ti éna lor mwa. Zot dir mwa pa sa kasla ki zot pé rodé. Kas ki komision inn dir mo éna.»

Jibraan Khudurun avance que ses ravisseurs lui ont bandé les yeux et ligoté. Avant de le conduire dans une maison abandonnée, où il aurait été torturé pendant trois jours. «Ils m’ont frappé avec un marteau. Ils ont versé du kérosène sur moi et voulaient me brûler vif. J’ai été agressé avec une arme tranchante. Ils m’ont brûlé avec un fer à repasser chaud. Pendant un jour, je suis resté sans nourriture», déplore le jeune homme.

Il indique que ses ravisseurs l’ont libéré lorsqu’ils ont réalisé qu’il n’avait vraiment pas d’argent. Malgré les tortures qu’il endurait, Jibraan Khudurun n’a pipé mot. Il explique qu’il a raconté sa mésaventure à un bon samaritain, qui l’a aidé en sollicitant l’ambassade. Jibraan Khudurun s’est ensuite rendu à l’hôpital pour se faire soigner.

Son mode de vie et ses liens de parenté avec un trafiquant de drogue, qui purge actuellement une peine d’emprisonnement à Melrose, avaient intéressé la commission drogue. Jibraan Khudurun, qui possède des magasins au Mozambique et en Afrique du Sud, avait été auditionné à trois reprises devant la commission drogue et n’avait pas convaincu Paul Lam Shang Leen. Il avait même écopé d’une amende pour n’avoir pas présenté les documents requis concernant son business et de s’être absenté le jour de sa convocation.

Dans son rapport, Paul Lam Shang Leen cite le cas de Jibraan Khudurun comme «an interesting example of the subterfuge used hiding behind the façade of business through bogus companies». Son cousin, qui est également son partenaire d’affaires, avait aussi été entendu devant la commission drogue.


Jibraan Khudurun nie blanchir de l’argent et d’être lié à des trafiquants. «J’ai réussi à la sueur de mon front. Après avoir complété mon HSC au collège John Kennedy, je me suis d’abord lancé dans l’informatique, mais je ne me sentais pas à l’aise dans ce domaine. C’est alors que j’ai suivi une formation au Fashion and Design Institute. J’ai travaillé dans des usines, avant de créer mon propre business et d’avoir saisi une opportunité en Mozambique en 2014», souligne-t-il.

Cependant, le fashion designer confie qu’à un certain moment de sa vie, il est tombé dans le fléau de la drogue à cause de ses mauvaises fréquentations. De faire ressortir qu’il n’était qu’un simple consommateur et n’a rien à voir avec les trafiquants. Il se dit à présent «clean».

À noter que Jibraan Khudurun n’a porté plainte ni en Afrique du Sud ni à Maurice. Raison pour laquelle il n’y a pas eu d’enquête à ce jour. Même si les policiers du Passport and Immigration Office ont été informé des circonstances dans lesquelles il a perdu son passeport et ses documents lorsqu'il est arrivé.