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Gare Victoria: usagers et habitués dans le même wagon

20 septembre 2018, 01:00

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Gare Victoria: usagers et habitués dans le même wagon

La prochaine démolition de la gare Victoria aura un impact non négligeable tant sur les commerces aux alentours que sur les usagers. Ils se confient.

Ce qu’ils craignent le plus est sur le point d’arriver. À l’évocation de la démolition de la gare Victoria pour faire place à l’Urban Terminal, leurs visages se crispent. Ils savent qu’ils vont devoir quitter cette gare qui est leur deuxième maison. Chauffeurs de taxi, commerçants, voire les habitués de la gare redoutent ce moment. Parole à ceux dont la vie va connaître un changement drastique dans les prochaines semaines…

Chauffeur de taxi

Pour Siddick Numguralli (photo), ce changement ne peut s’opérer sans le consentement des chauffeurs de taxi. «La National Transport Authority est le propriétaire de la patente de taxi mais pas celui de la voiture. Nous avons payé pour obtenir notre licence.» Ses collègues et lui devront se trouver une place à côté des autobus, vu qu’ils vont de pair. «Kot bis bouzé nou pou bizin al laba nou ousi.» De son côté, après 45 ans dans ce métier, Mootooza Muzooa ne pense pas que ce déplacement sera définitif. «Temporairement, nous acceptons de bouger vers Les Salines. Mais nous avons une crainte, celle de ne pas arriver à joindre les deux bouts. Nous dépendons des clients pour survivre.»

Les «anciens»

Suresh est fidèle au poste dès six heures du matin. Cela fait déjà plusieurs années qu’il vend les journaux à la gare. La délocalisation temporaire des autobus et des taxis aura un impact sur son chiffre d’affaires. «Les gens aiment se tenir informés. Et je ne peux imaginer mon quotidien sans le bavardage avec le public.» C’est pourquoi il déclare que «s’il faut aller chercher un nouveau point de vente, je le ferais».

Autre figure emblématique de la gare Victoria, la tabagie… Victoria, qui a ouvert ses portes pour la première fois en 1962. La famille Tan préfère ne pas penser à ce changement. «Nous espérons que les passagers pourront toujours descendre près de la gare. Sinon, nos revenus connaîtront une baisse. Depuis que nous sommes ici, c’est à peine s’il y a eu des changements. Nous espérons que les changements à venir seront à notre avantage.»

Conducteurs d'autobus

Les usagers de la route seront-ils pénalisés par ces changements ? Sirouven Purmal (photo), employé d’United Bus Service, confie qu’une option sur le jardin de la Compagnie a été proposée. «On nous a aussi demandé de laisser les bus sur Cassis et puis, grâce à des feeders buses, de déposer les passagers sur Port-Louis. Mais c’est impensable. C’est ajouter encore 20 minutes de route au quotidien des usagers de la route. Franchement, si on nous propose de partir sur Les Salines, c’est beaucoup mieux. Du moment que l’on ne nous laisse pas griller au soleil !»

Commerçants

Le propriétaire du snack Mexico Palace est sceptique. Son commerce survit grâce au flot de voyageurs des autobus et des taxis. «Si la gare et le taxi stand bougent, comment pensez-vous que nous allons survivre ? Ces gens sont nos clients réguliers. Le matin, dès 6 h 30, ils viennent acheter des gâteaux frits, un jus ou encore des rotis», confie Abdool Karim (photo). Il se dit prêt à faire une demande de permis auprès du gouvernement pour avoir un emplacement à l’endroit où les passagers seront débarqués et embarqués. «Ils viennent de partout. De Rose-Hill, Beau-Bassin, du Sud aussi. On ne peut perdre une telle clientèle.»

La déviation qui dérange

La nouvelle déviation fait grincer des dents. Des opérateurs de certaines compagnies de transport se plaignent du fait que certains autobus individuels leur «piquent» des passagers. «Ils effectuent le même trajet que nous à présent et nous volent des passagers. Il y a trop d’autobus qui occupent les mêmes lignes à présent. Et cela commence à agacer plus d’un. J’espère que l’on n’en viendra pas aux mains…»