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Bullying à l’école: harcèlement, «gro patat» et coups de poing

1 octobre 2018, 00:00

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Bullying à l’école: harcèlement, «gro patat» et coups de poing

Les cas se multiplient. Certains osent le rapporter, d’autres pas. Toujours est-il que le bullying est un phénomène qui interpelle et qui inquiète à la fois les élèves, les parents et les pédagogues. Incursion dans l’univers impitoyable du harcèlement scolaire.

Se faire traiter de «gro patat». Ou à l’inverse, de «golet kass mason». Être ridiculisé verbalement, maltraité physiquement, c’est le quotidien de nombreux écoliers et collégiens. Et le phénomène se répand.

Deux cas de bullying – anglicisme désignant le harcèlement scolaire, ont été recensés durant la semaine écoulée. Un ado de 13 ans fréquentant un collège sis dans les Plaines-Wilhems a eu les tendons sectionnés lorsque ses «camarades» l’ont poussé contre une porte vitrée. Vendredi, une fillette de six ans a été blessée à l’œil gauche par un écolier de 7 ans, qui lui a asséné un coup de poing… C’est en présence de sa mère, une habitante de Tranquebar âgée de 23 ans, que la petite a porté plainte à la police de Pope-Hennessy.

Le bullying commence ainsi très tôt affirment les experts. Dans la cour de récré, à la maternelle, il est facile de repérer les caïds en herbe et leur souffre-douleur. Cela prend d’autres proportions au fur et à mesure que l’enfant grandit, souligne un enseignant, qui en a vu des vertes et des pas mûres. De ce côté, filles et garçons sont presque sur le même pied d’égalité, ajoute notre interlocuteur. «Les garçons en viennent plus facilement aux mains que les filles, qui, elles, sont plus agressives verbalement.»

«Nou fer bann tipti la mizer»

Moqueries, quolibets, rabaisser l’autre, sont des outils qui permettent à certains de s’affirmer, de se faire voir, de se rendre intéressants. «Li koumans par enn badinaz sa… Nou manz lavi nou bann kamarad… Zouré li enn zafer normal. Nou pran enn ti nissa…» souligne un collégien, costaud à souhait. Il n’a pas honte d’admettre que parfois, «nou fer bann tipti-la mizer».

La misère en question ? L’uniforme déchiré, des coups, des coups bas, des tant volées, des cahiers déchirés. Mais il y a également ceux qui obligent les autres à leur donner des objets, ou encore à faire leurs devoirs à leur place. Oui, les formes de bullying sont nombreuses.

«Il y a des enfants qui sont fragiles psychologiquement. Ils encaissent, gardent tout à l’intérieur, puis tout sort, c’est comme un volcan qui entrerait en éruption. C’est triste et grave à dire mais cela peut se terminer en bagarre sanglante, voire en suicide…» prévient ce prof, qui travaille dans une école du Nord.

Plusieurs facteurs peuvent alerter les parents. Parmi, le fait qu’un enfant ne veuille pas aller à l’école, qu’il trouve des prétextes pour rester à la maison. «Il faut également observer ses humeurs, voir s’il est triste, si quelque chose le perturbe, s’il a perdu l’appétit. Il faut alors lui parler et ne pas hésiter à alerter l’école.»

Si les victimes hésitent à en parler, c’est pour ne pas passer pour «des faibles», analysent des experts en psychologie infantile. «Mais il faut les aider à surmonter ça, il faut que ceux qui sont victimes de bullying en parlent, c’est essentiel.»

Essentiel parce que les conséquences et les séquelles sont nombreuses. La victime de harcèlement scolaire ne fait pas que se renfermer sur elle-même. Il y a également des notes qui chutent, la dépression, pour en citer que ces maux. Pour s’en sortir, se soulager, «gagn toupé» certains peuvent avoir à des moyens extrêmes ou se tourner vers des substances illicites, dont la drogue…

Des cas recensés

En juillet dernier, un enfant de 11 ans avait confié à son père, en rentrant de l’école, qu’un autre écolier l’avait non seulement bousculé, mais qu’il aurait également tenté de le blesser en lui donnant des coups de pied au ventre. Cet habitant de St-Hilaire avait porté plainte au poste de police de Mahebourg pour harcèlement. En février dernier, une petite fille qui est en Grade 5 avait eu la tête coincée dans les barreaux d’une école, à Pailles, après avoir fait une tentative de suicide. Elle était, selon ses dires, harcelée verbalement par… son enseignante.