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Recrutements à la CWA: deux circonscriptions privilégiées
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Recrutements à la CWA: deux circonscriptions privilégiées
74 sur 140. Les circonscriptions 13 et 19 raflent la part du lion en termes de recrutement à la CWA
Les critiques étaient fondées. Un peu plus de la moitié des 140 candidats recrutés par la Central Water Authority (CWA) proviennent de deux circonscriptions seulement : Stanley–Rose-Hill (no 19) et Rivière-des-Anguilles–Souillac (no 13). Soit deux régions où le Muvman liberater (ML), veut renforcer ses assises.
Mais d’abord, le recrutement qui a fait polémique il y a quatre mois. En juin, la CWA a mis fin aux contrats de 140 employés. Une partie de ces derniers a même fait une grève de la faim (voir texte plus loin) et cette affaire a été à l’origine d’une Private Notice Question par le leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval. Entre- temps, la CWA a procédé à un nouvel exercice de recrutement. Et a choisi de passer par le Bureau du travail. Sauf que depuis que ces nouvelles recrues ont pris leur poste, la polémique enfle.
Une enquête de l’express permet d’établir que sur les 140 contractuels recrutés, 74 habitent les circonscriptions nos 19 et 13 (voir liste détaillée plus loin). En ce qui concerne le no 13, ils sont 39 habitants au total à avoir été retenus. À titre d’exemple, ils sont neuf personnes à habiter Camp-Diable, six à Souillac, quatre à Rivière-des-Anguilles ou, encore, quatre à Surinam.
Au no 19, ils sont 35 candidats à avoir été embauchés. Trèfles et Camp-Levieux comptent le plus grand nombre de recrues, soit 12 chacun. Alors que sept habitants de Stanley ont été employés. Le reste des candidats a été réparti dans d’autres régions.
Pourquoi ces deux circonscriptions semblent-elles avoir été privilégiées, alors qu’il s’agissait d’un recrutement national ? En ce qui concerne Stanley–Rose-Hill, elle est la circonscription du ministre de l’Énergie et des services publics, et aussi leader du ML, Ivan Collendavelloo. À l’approche des élections, y souhaiterait-il consolider ses assises ? C’est du moins ce qu’avancent plusieurs sources.
Toutefois, la raison diffère quelque peu dans le cas du no 13. À Rivière-des-Anguilles–Souillac, des habitants interrogés avancent que des agents politiques du parti «carré carré» se démènent depuis un moment sur le terrain. Et demanderaient aux habitants de «travailler pour» un candidat probable du ML dans cette circonscription. Lequel ?
Dans la région, le nom de Seety Naidoo, président du Central Electricity Board est cité avec insistance. D’ailleurs, ce dernier s’y rendrait souvent. Interrogé, le «candidat probable»indique qu’il est un nominé politique. «Je suis actif un peu partout. Je fais du social, même au niveau national. Les élections générales ne sont pas pour tout de suite donc je ne me prononcerai pas. On verra plus tard», a-t-il indiqué.
Au niveau de la CWA, ces nouveaux éléments font tiquer. Contacté, le président de la Central Water Authority Employees Union, Ishwurduth Gunesh, avance que ces détails sont accablants. «Il y avait des rumeurs depuis un moment. Nous savons, par exemple, que des habitants du Sud travaillent à Cité-La-Cure. C’est une aberration. Nous comptons écrire au Premier ministre et demander une rencontre», martèle-t-il.
Joint au téléphone, Ivan Collendavelloo a laissé entendre qu’il faudrait plutôt se tourner vers la CWA et qu’il ne pourrait répondre à nos questions. Nous avons contacté la direction de ce corps parapublic, mais en vain.
Soodesh Callichurn : «le recrutement a été fait par la cwa»
<p>Sollicité, le ministre du Travail, Soodesh Callichurn, soutient quant à lui, que dans certains cas, les instances qui procèdent aux recrutements demandent des candidats<em> «par région»</em>. Quid des listes ? Peuvent-elles être manipulées ? <em>«Le recrutement a été fait par la CWA. Non, la liste ne peut être manipulée. Elle est computer-generated.»</em></p>
<p><strong>Le MSM agacé par ce recrutement</strong></p>
<p> Le leader du MSM, Pravind Jugnauth, a été mis au courant de la façon dont le recrutement a été fait dans la circonscription no 13. Ils sont plusieurs membres du MSM à avoir fait état à leurs députés de la façon dont les personnes ont été embauchées. Interrogé, Bashir Jahangeer dit être au courant de cette situation, mais qu’il ne veut rien ajouter. Il y a quelques semaines, la présence régulière de Seety Naidoo, Chairman du CEB, n’aurait pas été appréciée par le ministre de la circonscription, à savoir Maneesh Gobin. Joint au téléphone, ce dernier a qualifié de «<em>palabreurs</em>» ceux qui veulent semer la zizanie entre le MSM et le ML.<em> «De toute façon, je n’ai pas de temps à perdre avec ce qu’on raconte»</em>, a avancé le ministre de la Justice.</p>
<p><strong>Shakeel Mohamed : «la liste du bureau du travail peut être manipulée…»</strong></p>
<p> Ancien ministre du Travail et chef de file du Parti travailliste au Parlement, Shakeel Mohamed évoque un manque de transparence. Selon lui, le fait que plus de la moitié des recrues provient des circonscriptions nos13 et 19 n’a rien d’une coïncidence. Il explique que la liste générée par le Bureau du travail est faite par un programme informatique. Et c’est le critère d’ancienneté qui prime.<em> «Cette première liste est certifiée par un fonctionnaire, il y appose sa signature»,</em> dit-il. Il précise que la liste qui est transmise aux ministères ou aux parapublics n’est, elle, pas ratifiée. Elle pourrait donc contenir des candidats nouvellement enregistrés. Et de ce fait, il ne s’agirait pas d’une liste fiable. <em>«Qu’on vienne publier la date d’enregistrement des recrues. Il y a ici des symptômes de clientélisme et même de corruption.»</em></p>
<p><strong>Les licenciés casés dans des parapublics</strong></p>
<p> Le comité mis sur pied, présidé par le secrétaire financier, Dev Manraj, a trouvé une solution pour les 140 employés qui ont été priés de prendre la porte de sortie. Selon nos informations, celle-ci a été approuvée par le Conseil des ministres. Alors qu’une partie devrait bénéficier d’un plan de retraite anticipée, les autres ex-employés devraient être redirigés vers des corps parapublics. Selon nos informations, la CWA devrait privilégier l’embauche de ceux qui sont âgés de moins de 48 ans. Alors que d’autres licenciés devraient être absorbés par Landscope Mauritius. Nos recoupements indiquent qu’une requête a été faite à des ministères, d’autres parapublics ainsi que des sociétés où le gouvernement détient des actions de recruter les anciens employés. Toutefois, aucun consensus n’aurait été trouvé à ce niveau-là.</p>
<p><strong>Rentrée parlementaire : Xavier-Luc Duval compte reprendre le dossier</strong></p>
<p>Alerté par «l’express», Xavier-Luc Duval affirme qu’il compte reprendre ce dossier à la prochaine rentrée parlementaire. «Je demanderai des comptes», dit-il. Le leader de l’opposition souligne qu’il s’agit d’un drame humain impliquant certaines personnes qui ont travaillé pendant 20 ans à la CWA. C’est la raison pour laquelle il indique en avoir fait l’objet d’une Private Notice Question. «Ils avaient de l’expérience. On a stoppé leur contrat pour des raisons évidentes. Tous savaient que la raison derrière était pour pouvoir procéder à un nouveau recrutement. C’est confirmé à présent», dit-il. Pour lui, il est grand temps que l’Equal Opportunities Act soit amendée de sorte qu’elle s’applique également au secteur public. En ce qui concerne le procédé qui implique le Bureau du travail, le leader de l’opposition explique qu’il ne serait pas surprenant que des agents politiques s’y enregistrent «à la dernière minute». «Cette méthode de sélection permet de ‘pick and choose’.» Et d’ajouter que c’est la raison pour laquelle l’Independent Commission Against Corruption devrait s’intéresser à ce dossier, car il concerne directement la Prevention of Corruption Act.</p>
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