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Recrutements dans le public: l’opacité montrée du doigt
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Recrutements dans le public: l’opacité montrée du doigt
L’exercice de recrutement dans la fonction publique devrait s’accélérer dans les semaines, voire les mois, à venir. Le Monitoring Committee s’est réuni pour la première fois la semaine dernière sous la présidence du ministre de la Fonction publique, Eddy Boissézon. Il ressort que 11 000 postes sont à pourvoir dans la fonction publique d’ici 2019, surtout dans la police, l’éducation et la santé. «Les choses vont aller vite à partir de maintenant», assure le ministre Boissézon à l’express. Mais l’opposition et des syndicalistes montent, eux, au créneau et réclament davantage de transparence autour de ces recrutements, effectués «à la veille» des élections générales.
Est-ce qu’une annonce a été publiée pour tous ces postes (advertised) ? se demande Rashid Imrith, président de la Fédération des syndicats du secteur public. Ces recrutements passerontils par la Public Service Commission (PSC) ? s’interroge le fonctionnaire.
«Nous nous opposons catégoriquement à ce que des pouvoirs soient délégués aux chefs de département», soutient Rashid Imrith. Il déplore la confusion à ce niveau car en juillet, une circulaire émise faisait état d’environ 7 700 postes vacants à remplir d’ici fin 2018 à travers la PSC et la Disciplined Forces Service Commission ; 3 867 étaient au niveau d’entrée et 2 912 à travers un exercice de promotion.
Comment se déroulera l’embauche des 3 000 autres salariés ? s’interroge pendant ce temps l’opposition. «Cette pratique d’embaucher under powers delegated by the PSC aux ministères et corps parapublics est dangereuse et suspecte surtout à la veille des élections», réagit le leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval. Pour lui, cette façon de faire relève de la discrimination. «Cela permet aux agents de s’inscrire et d’obtenir un traitement favorable.»
«Probation»
Pour le chef de l’opposition, la PSC n’aurait pas dû déléguer ses prérogatives alors que le pays est si proche des prochaines législatives. Cela, dit-il, non seulement jette un doute sur les recrutements en cours mais peut aussi avoir des conséquences désastreuses pour les employés eux-mêmes. «Puisqu’ils sont sur une période de probation d’une année, ces recrutements peuvent être annulés facilement par le prochain gouvernement.» L’opération Lev paké alé en 2005 aurait dû, selon lui, servir de leçon après que des Health Care Assistants avaient dû prendre la porte de sortie.
Même son de cloche du côté du député Alan Ganoo qui affirme qu’il y a suffisamment d’éléments pouvant soutenir les allégations d’abus de procédures et d’ingérence (voir texte plus bas). Après cinq mois d’attente à la suite de sa question parlementaire à ce sujet, la réponse a été déposée par le bureau du Premier ministre à l’Assemblée nationale la semaine dernière. Il s’avère que 2 310 fonctionnaires ont pris de l’emploi entre le 1er avril 2017 et le 31 mars 2018 sans passer par la PSC.
«Il est temps de changer cette pratique», affirme Rashid Imrith. Le syndicaliste exhorte le gouvernement à revoir les règlements et à octroyer davantage de moyens à la PSC qui n’aurait pas suffisamment d’effectifs pour mener à bien les recrutements. Il fait ressortir que des départements ont fonctionné en sous-effectifs depuis plusieurs années, ce qui a mené à une dégradation de certains services, d’après lui. C’est pour cela qu’il accueille avec soulagement les recrutements massifs prévus, même s’il souhaite plus de transparence.
Le Monitoring Committee
<p style="text-align: justify;">La décision du Conseil des ministres d’instituer le <em>Monitoring Committee </em>intervient deux mois après le discours budgétaire. Lors de son grand oral, le Premier ministre et ministre des Finances, Pravind Jugnauth, avait annoncé ses objectifs concernant les postes à pourvoir notamment dans un <em>Three-Year Strategic Plan </em>du gouvernement, rendu public au moment de la présentation du Budget 2018-2019.</p>
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