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Compost Subsidy Scheme: Les planteurs préfèrent le chimique aux engrais bio

4 octobre 2018, 23:35

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Compost Subsidy Scheme: Les planteurs préfèrent le chimique aux engrais bio

La culture bio généralisée n’est pas pour demain. Les agriculteurs hésitent à passer à l’engrais vert malgré les initiatives des autorités.

Jusqu'à une tonne de compost organique gratuitement offert aux petits planteurs. C’est ce qu’annonce le Small Farmers Welfare Fund (SFWF) dans une brochure. La semaine dernière, cette même autorité a lancé un appel d’offres invitant les fournisseurs de compost à distribuer cet engrais aux petits agriculteurs. Sauf que certains de ces planteurs sont réticents à vouloir bénéficier de cette initiative. La raison invoquée : pour s’assurer une bonne récolte, beaucoup d’entre eux préfèrent les fertilisants.

«Zot tou servi simik ! Il n’y a au- cun planteur qui n’utilise pas de fertilisants chimiques. Ils font peut-être des mélanges entre le compost biologique et les fertilisants, mais je vous assure qu’aucun planteur ne voudrait prendre le risque d’utiliser 100 % de compost organique dans leurs plantations», explique Kripa- loo Sunghoon, secrétaire de la Small Planters Association.

Mais de quoi ont-ils peur au juste ? Kripaloo Sunghoon avance une explication. «Et si ça ne marchait pas ? C’est un gros risque que les planteurs ne peuvent prendre. Ils travaillent pour avoir des revenus. C’est du business. Il y a déjà les intempéries et des maladies qui attaquent les cultures», poursuit-il.

En revanche, le secrétaire de l’association des petits planteurs affirme que ces derniers ne sont pas totalement indifférents aux méfaits des fertilisants chimiques sur la santé. Il explique que bon nombre de cultivateurs s’efforcent de diminuer les doses de produits chimiques utilisés dans les cultures de légumes.

Prakash Dowluth est de ceux-là. Cela fait plus de 50 ans qu’il cultive les légumes. Il vient d’ailleurs d’une lignée de planteurs. Sur ces cinq arpents de terres sous culture, à Solitude, dans le Nord, l’agriculteur nous explique qu’il sollicite des fermiers afin de récupérer le fumier d’origine animale chez eux, pour l’épandre dans son champs et faire pousser ses légumes.

«Je n’aime pas utiliser des fertilisants chimiques. Mais parfois, je n’ai vraiment pas le choix. Je ne peux pas compter sur les fermiers. Ils doivent attendre des mois parfois pour que le fumier soit prêt à la vente. J’achète deux à trois camions de fumier dès que c’est disponible. Mon autre option, c’est de récupérer l’écume provenant des usines sucrières. Mais là aussi, c’est un produit saisonnier», explique Prakash Dowluth.

Ce planteur a un avis dubitatif sur le Compost Subsidy Scheme. Il est d’ailleurs inscrit auprès du SFWF. Selon lui, il n’y a pas suffisamment d’informations qui arrivent jusqu’aux petits planteurs. «Pa koné mem kan gagné kan pa gagné ek kifer parfwa gagné, kifer parfwa pa gagné. Une année, je m’y suis inscrit et j’ai eu du compost biologique. L’année suivante, je m’y suis inscrit à nouveau et je n’ai rien reçu. Il arrive aussi que les planteurs ne soient pas au courant de l’ouverture des inscriptions.»

Nous avons tenté d’obtenir des informations supplémentaires du côté du SFWF. Il nous revient que sous le Compost Subsidy Scheme, les cultivateurs de légumes et de fleurs peuvent obtenir jusqu’à une tonne de compost par arpent pour un maximum de cinq arpents sous culture. Les petits planteurs de canne peuvent, eux, bénéficier de 450 kg de compost par arpent ; et ceux qui font de la culture de fruits, jusqu’à 600 kg de compost par arpent.

Dans le dernier Budget, on apprend que Rs 15 millions ont été dé- boursées pour ce projet. En ce qui concerne la méthode de distribution, le directeur du SFWF, Roopesh Bheekarry, nous explique que le compost est distribué sur un «first-come, first served basis». «De plus en plus de petits planteurs montrent un intérêt pour cette initiative. Nous voulons les encourager à cesser d’utiliser des fertilisants chimiques. Mais la priorité est donnée aux planteurs qui n’ont jamais bénéficié de ce service auparavant», soutient le directeur du SFWF. Quant à la qualité du produit, Roopesh Bheekarry assure que le compost distribué répond aux critères du Mauritius Standard Bureau.