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Fraudes et prêts non performants: SBM accumule les scandales

6 octobre 2018, 23:00

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Fraudes et prêts non performants: SBM accumule les scandales

Jusqu’où ira la State Bank of Mauritius (SBM) dans l’accumulation des scandales ? La question est posée après la découverte d’une deuxième fraude en l’espace de deux mois, impliquant, cette fois, les opérations indiennes de cette banque, victime d’un piratage informatique. Elle fait suite à celle de Dubaï, qui a occasionné des pertes de Rs 932 millions, et au scandale Pabari Investments, du Kenya, suivant un faux document découvert par les auditeurs d’EY relatif à un prêt de Rs 4,8 milliards.

Aujourd’hui, les spécialistes financiers ne savent plus à quel saint se vouer, tentant difficilement de comprendre la situation dans laquelle se retrouve le deuxième groupe bancaire du pays. «Il n’y a pas mille explications. Visiblement, il y a des failles qui échappent à la vigilance de son personnel. Avec cette cyberattaque sur le système Swift de la banque, il y a lieu d’être inquiet », analyse un ex-banquier, qui s’interroge sur le mécanisme de contrôle de risques en place dans cet établissement bancaire.

Pour le moment, les interrogations vont bon train quant au modus operandi utilisé par les hackers pour attaquer le système Swift (Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication). «C’est difficile de se prononcer sur la question. Comment ont-ils pu s’approprier les codes pour envoyer, via Swift, des messages au nom de la banque ? Est-ce qu’ils ont bénéficié de complicités internes ?» s’interroge-ton à la Banque de Maurice, qui suit cette situation de près. Cela d’autant plus que c’est la première fois qu’une banque commerciale est victime d’un piratage informatique.

Initialement, le montant de la fraude était estimé à USD 14 millions. Il a été ramené par la suite à USD 4 millions; selon un deuxième communiqué de la SBM Holdings émis jeudi, la différence ayant pu être recouvrée in extremis par les autorités bancaires, toujours est-il que cet établissement passe par une phase financièrement pénible. «Ce qui se déroule actuellement au niveau de cette banque est révoltant. Si on sait qu’elle ne va pas au krach, vu ses assises financièrement solides, elle perd de la confiance aux yeux de l’opinion publique face à la légèreté avec laquelle cette institution est gérée», remarque un observateur économique.

D’autres se posent des questions sur la compétence de l’équipe directionnelle et des administrateurs siégeant au sein du conseil d’administration. Ils se demandent comment on ose nommer politiquement des directeurs sans aucune connaissance bancaire alors que le secteur est soumis à une surréglementation, le rendant aujourd’hui hypercomplexe. «Alors qu’ils sont susceptibles d’augmenter les shareholders funds, dont l’État est l’unique propriétaire, ils la fragilisent financièrement, en s’impliquant dans des affaires liées à des prêts transfrontaliers douteux, impliquant des milliards de roupies», insiste un analyste financier.

D’ailleurs, les deux fraudes commises au préjudice de la banque totaliseront plus de Rs 1 milliard au terme de l’année financière de la SBM se terminant au 31 décembre 2018. Celle de Dubaï (Rs 932 millions) a déjà été provisionnée dans les résultats trimestriels d’avril à juin 2018 alors que celle de l’Inde (Rs 140 millions) doit techniquement figurer dans les comptes de septembre 2018. Du coup, l’impact sur les bénéfices nets sera énorme.

Axys Stockbroking prévoit d’ailleurs des provisions élevées pour les fraudes avec des revenus chutant à Rs 700 millions en 2018 et Rs 1,4 milliard l’année prochaine. Ce qui serait du jamais vu à la SBM depuis une dizaine d’années, car la banque avait commencé à faire des profits dépassant la barre des Rs 2 milliards.

Jusqu’à présent, les révélations de l’express ont précipité le départ de l’ex-Chief Executive Officer, Raj Dussoye, et ont entraîné la suspension de certains cadres qui seraient liés de loin ou de près à l’affaire Pabari et celle de Dubaï. En revanche, pour d’autres, c’est du «business as usual».

Cela amène certains à se demander s’il n’est pas grand temps pour le gouvernement de faire table rase des membres du board de la SBM et, accessoirement, de ceux de SBM Holdings pour faire de la place à d’autres afin de donner un nouveau départ à cette institution bancaire. Ce que recherchent d’ailleurs les petits porteurs et, probablement, une majorité d’employés, qui pensent que le jeu n’a que trop duré.

 


Bourse: perte de 3 %

<p style="text-align: justify;">À la Bourse de Maurice jeudi, le marché a réagi négativement à cette nouvelle fraude, le cours de la valeur bancaire ayant baissé de 3 % pour passer à Rs 6,30.<em> Axys Stockbroking,</em> société de courtage, va plus loin pour demander aux investisseurs de ne pas prendre position en faveur de la SBM et de <em>&laquo;hold&raquo;</em> les titres qu&rsquo;ils détiennent. Cela, en attendant que cette banque d&rsquo;État renoue avec la confiance de ses clients suivant la succession de scandales.</p>