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Daphné Rouillard: «Les Smart Cities gagneraient à offrir des espaces aux entrepreneurs qui débutent»
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Daphné Rouillard: «Les Smart Cities gagneraient à offrir des espaces aux entrepreneurs qui débutent»
Professionnalisation, gain de productivité, efficience, réseautage… autant d’avantages qu’offrent les espaces de coworking, explique Daphné Rouillard. The Hive a ouvert depuis peu son troisième espace de coworking à Curepipe.
Quel est le bilan depuis l’ouverture des premiers locaux de The Hive à St-Pierre en 2017 ?
Depuis notre ouverture en janvier 2017, le concept a mis un peu de temps avant de se faire connaître. Beaucoup de gens ne savent pas encore ce qu’est un coworking et si cela existe à Maurice. Ils ne comprennent peut-être pas bien le concept ou ne connaissent pas bien les avantages y relatifs. Bien que cela ait pris du temps, nous avons tout de même décidé d’ouvrir un autre espace à Cap Tamarin car nous avons comme vision de devenir le plus grand coworking de Maurice en étendant notre réseau tout en étant plus près de nos membres et des Mauriciens. Après celui de Cap Tamarin en novembre 2017, nous avons ouvert un nouvel espace à Curepipe début septembre cette année.
Bien que le concept soit très connu à l’étranger, l’arrivée du coworking à Maurice demeure récente. Comment se sont passés les premiers mois d’opération ?
Au début, tout s’est fait à partir du bouche à oreille, comme c’est souvent le cas à Maurice. La plupart des gens sont venus par curiosité, souvent attirés par le prix, qui leur permet d’avoir un bureau pour seulement Rs 3 450 par mois. Nous leur avons expliqué que c’est un espace partagé, professionnel et qui leur donne accès à un certain nombre de services. Au début c’était donc par curiosité. Les gens étaient attirés par le coût tout de même plus accessible que les bureaux conventionnels.
Quel est le profil des entrepreneurs qui font appel à vous ?
Le profil est varié. Les gens qui viennent à The Hive veulent souvent rencontrer des professionnels qui viennent du même milieu qu’eux pour pouvoir échanger. Nous avons donc des architectes, des consultants en informatique, d’autres dans le marketing digital ou encore des copywriters, des graphic designers et des expatriés qui viennent pour des périodes courtes.
Que recherche l’entrepreneur ou le freelance d’aujourd’hui en matière de service et d’accompagnement ?
Nous avons observé que les free-lances et les entrepreneurs cherchent à se professionnaliser. Une personne qui démarre son business n’a pas forcément l’espace pour accueillir ses clients ou encore pour imprimer ses documents. Ce sont des éléments basiques mais qui font toute la différence. Un copywriter, par exemple, choisit souvent de travailler chez lui. Et lorsqu’il reçoit un client cela se fait dans un café. À The Hive, nous donnons la possibilité à nos membres d’accueillir leurs clients dans une salle de réunion. Ils peuvent également imprimer leurs documents et même avoir une adresse professionnelle où recevoir leurs courriers.
Outre l’aspect d’espace de travail en commun, quels avantages offrent un espace de coworking à un entrepreneur ?
Il y a aussi le fait de faire partie d’une communauté et d’interagir avec d’autres entrepreneurs. Cette interaction promeut la créativité, une stimulation que l’on n’a pas forcément en travaillant chez soi. Le fait d’interagir avec des gens différents nous amène à trouver de meilleures solutions. De plus, travailler dans un espace de coworking permet également d’accéder assez rapidement à une base de données de contacts, ce qui est un avantage certain lorsqu’on débute et qu’on n’a pas forcément de clients et de collaborateurs. À The Hive, nous avons mis en place un portail virtuel où tous nos membres sont affichés sur internet, ce qui leur permet de communiquer entre eux. En gros, les espaces de coworking contribuent à la professionnalisation, donnent accès à une communauté d’entrepreneurs, permettent de faire du réseautage, de mutualiser les coûts tout en augmentant la productivité.
Par ailleurs, au niveau de The Hive nous essayons aussi d’accompagner nos membres à travers des évènements. Nous tentons de comprendre leurs problématiques et, en fonction de cela, on fait venir des intervenants pour les aider.
Quel est le potentiel de ce type d’espace de travail ?
Une des raisons qui nous ont poussé à ouvrir un coworking, c’est parce qu’on a observé qu’il y avait un manque de facilité de ce genre mais il y avait aussi une demande. Y a-t-il une demande suffisante ? Nous ne le savons pas encore. Raison pour laquelle nous ne nous limitons pas aux free-lances et aux start-up. Nous sommes en train d’offrir nos services au corporate. Nous visons surtout les employés qui sont dans la vente ou encore les auditeurs, des professionnels qui sont souvent sur la route et qui vont voir leurs clients partout sur l’île. Au lieu de retourner à leurs bureaux respectifs après avoir rencontré leurs clients, ils peuvent venir se poser deux heures dans l’une de nos branches pour finaliser leur rapport, par exemple. Nous tentons depuis peu d’approcher les grandes entreprises en leur expliquant les avantages qu’offre cette flexibilité à leurs employés, non seulement en termes de coût mais aussi en gain de productivité. Mais, pour l’heure, les corporates sont encore frileux à cette idée. C’est toute une culture de travail qu’il faudrait changer.
Apres plus d’une année de contact avec les entrepreneurs, quel regard jetez-vous sur l’entrepreneuriat à Maurice ?
C’est un secteur qui a beaucoup de potentiel. Et avec d’autres espaces de type incubateur qui s’ouvrent depuis quelques années pour aider les entrepreneurs, on voit qu’il y a une volonté pour les aider. Mais je pense qu’au niveau du secteur public, il pourrait y avoir plus de soutien. Le secteur privé commence de plus en plus à apporter son soutien mais on en est encore qu’au début. Je pense que nous avons encore un long chemin à parcourir.
Quel est le rôle des coworking spaces pour aider les entrepreneurs du secteur des services à se développer ?
Déjà un coworking va permettre à un entrepreneur du secteur des services à planter sa graine. Cela va lui donner les facilités pour être connecté à d’autres personnes pour pouvoir accéder à des clients, à grandir et à s’épanouir. Le coworking agit, dans un certain sens, comme un incubateur. À notre niveau, on ne se dit pas incubateur mais c’est quand même une plateforme qui est riche pour une personne qui débute dans le monde du service. Nous essayons de mettre un maximum de facilités à la disposition de nos membres afin qu’ils puissent grandir dans leur milieu professionnel à travers notre communauté et nos évènements.
Vous êtes le seul coworking à avoir ouvert un espace dans une smart city, soit à Cap Tamarin. Qu’est-ce qui explique cette démarche ?
C’est vrai qu’à Maurice il y a un engouement pour les smart cities et c’est important de s’y positionner assez rapidement parce qu’on a la sensation que ce sont les villes du futur. S’y installer, c’est se positionner dans les espaces de travail du futur. Cap Tamarin nous a offert cette opportunité et nous en sommes très reconnaissants. C’est une smart city qui débute et nous débutons avec elle. Donc, c’est ensemble que nous allons nous développer avec l’option de travailler dans des espaces de coworking innovateurs et flexibles.
Pourtant, lorsqu’on évoque les smart cities, l’on n’entend pas parler des entrepreneurs. Pensez-vous que les smart cities gagneraient à ouvrir des espaces de travail et de rencontre aux entrepreneurs ?
Je pense qu’elles y gagneraient énormément. Le fait d’ouvrir un coworking dans une smart city lui donnerait une image avant-gardiste, empreinte de flexibilité. Au lieu de se contenter d’ouvrir que des espaces de bureaux conventionnels, elles gagneraient à ouvrir leurs portes à des entrepreneurs qui débutent. Ouvrir les coworking serait ouvrir leurs portes à une nouvelle clientèle.
Je pense que Cap Tamarin essaie de se démarquer des autres en offrant un espace de coworking. Il faut aussi souligner que Tamarin est un endroit particulièrement propice pour l’ouverture d’un coworking. Il y a une grande communauté d’expatriés à Tamarin et ces derniers sont en général très familiers aux espaces de coworking, Souvent quand ils sont à l’étranger, ils cherchent un coworking où se poser pour travailler et rencontrer des gens.
Après avoir ouvert deux nouveaux espaces à Cap Tamarin et Curepipe, parlez-nous de votre stratégie d’expansion.
Effectivement, on a la vision de devenir le principal coworking de Maurice. Il y a d’autres coworking en activité et nous sommes très contents de voir d’autres initiatives similaires à la nôtre qui commencent à grandir. Mais c’est vrai aussi qu’il n’y a aucun autre coworking qui soit multi site. Notre idée prochainement, c’est d’aller au Nord. On pense qu’il y a un gros potentiel. Nous voulons aussi créer un réseau de personnes qui puissent s’entraider et grandir ensemble.
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