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Cirque Zavatta: en piste!
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Cirque Zavatta: en piste!
Un homme qui essaie de tenir en équilibre sur des cylindres à plusieurs mètres du sol, une contorsionniste qui joue du saxo, des chevaux qui courent pendant que des lamas se prélassent dans un parking et un monsieur qui empêche tout le monde de faire de la musique… Qu’est-ce que c’est que ce cirque?
C’est le cirque Zavatta, qui est à l’arrêt dans la ville de Liévin dans le nord de la France. Entre deux représentations, Teddy Dubois, le directeur et maître de cérémonie, a troqué sa veste à queue de pie brodée de paillettes et son chapeau pour un jogging et un pull. Dans son petit chapiteau érigé sur un parking de supermarché, et soutenu par des trusts en métal se trouvent des gradins rustiques. Les places VIP sont des chaises placées juste devant la scène. La lumière provient de quelques projecteurs qui sont dirigés vers la scène, où se produisent une dizaine d’artistes à chaque fois.
Là, l’heure est au nettoyage. Le son est enlevé et est remplacé par du frais. C’est que les animaux du spectacle ne font guère gaffe aux endroits où ils se soulagent…
Teddy a encore quelques heures avant de se revêtir de son manteau de scène pour le spectacle. Il a pris un moment pour souffler et expliquer comment fonctionne son cirque à l’ancienne. Son fils, âgé de 9 ans, est un des clowns. Il est la 7ème génération de la famille à faire partie de la troupe. Cela fait 350 ans que la famille de Teddy Dubois sillonne les routes et s’arrête dans les villes pour donner un aperçu de leurs talents. Et la tradition perdure.
Sa femme est issue du milieu du cirque, son autre fils, Chade, âgé de 15 ans, est jongleur, son petit-cousin Robel, 18 ans, est équilibriste, la soeur de ce dernier, Yanishka, 20 ans, est contorsionniste. Le père des deux, l’oncle de Teddy, faisait un numéro avec des cobras et autres reptiles, était trapéziste et clown, mais il a dû arrêter depuis qu’il a des problèmes de santé. Maintenant, il est chef de piste.
Avant, Teddy sillonnait les routes avec ses parents et ses quatre frères. Mais comme le public a diminué et les coûts ne font qu’augmenter, il a décidé de se séparer de la famille pour faire son propre spectacle. Depuis, 17 années se sont écoulées et ça marche. Ses week-ends affichent souvent complet. Il s’arrête dans environ 40 villes par an en France. Cela lui est également arrivé de se rendre dans d’autres pays d’Europe, mais son circuit se résume à son pays.
La vie de nomade
Les caravanes du cirque Zavatta ne restent pas longtemps dans un même lieu. Trois jours, voire une semaine. «Nous sommes ici depuis deux semaines et je n’en peux déjà plus», confie Chade. C’est qu’il est habitué à se déplacer constamment. D’ailleurs, c’est le mode de vie de tous les gens du cirque, Ils n’ont rien connu d’autre. Au niveau de la scolarité, aucun problème, avance Teddy Dubois avant qu’on lui pose la question. Son fils de 9 ans va à l’école dans les villes où ils s’arrêtent.
Chade, lui, suit des cours à distance. Que fait-il de ses journées ? Comme tous les artistes, il s’entraîne. Quilles, boules et cerceaux virevoltent au dessus de sa tête. Sans les quitter des yeux, les rattrapant et les relançant avec des gestes presque mécaniques, il raconte sa passion. «Je n’ai pas un nombre d’heures pour m’entraîner. C’est comme je le sens», avance-t-il.
Pour les autres, c’est une autre histoire. Entre la gym, l’entraînement et les contorsions, Yanishka la contorsionniste y consacre quatre à cinq heures par jour. Idem pour son frère Robel. Vu leurs numéros respectifs, la condition physique est primordiale, tout comme un régime spécial à forte concentration de protéines. Mais tous les artistes ont plus d’un tour dans leurs sacs.
Teddy était lui-même acrobate, clown et jongleur, entre autres. Il a passé le flambeau à ses enfants. Chade l’a remplacé depuis l’année dernière. Pourquoi jongler ? «Lorsque j’étais petit, cela m’a fasciné. Donc, j’ai commencé très tôt.» À 7 ans, il lançait déjà les quilles en l’air sans les faire tomber. Mais avant de remplacer son père, il a aussi été clown.
Robel, outre se talents d’équilibristes, manie plusieurs instruments. Yanishka peut manier 35 hula-hoops en même temps et jouer de saxophone. «À mes débuts, je faisais un numéro avec les animaux de la ferme», raconte-elle. Canards et poules étaient ses amis sur scène.
Teddy en profite pour parler de ses animaux. Chevaux, lamas, poneys, ânes, chameaux et dromadaires sont les compagnons de voyages de la troupe. «Ce sont des animaux qui sont nés dans les zoos ici et qu’on achète. Du moins, c’était comme ça dans le temps», dit-il en réponse à la question sur la vie de ses amis les bêtes. Aujourd’hui, les troupes n’achètent plus d’animaux. Ils se reproduisent et chacun fait bien attention aux accouplements pour éviter la consanguinité.
Comme son spectacle change chaque année, les animaux aussi varient. Entre les animaux domestiques, les fauves, les animaux sauvages et les animaux de la ferme, le choix est vaste. Les troupes s’échangent les animaux entre eux. Et non, la question de leur santé et bien-être ne se pose même pas. Tous ont leurs passeports qui retracent leur parcours de santé.
Puis, personne ne s’aventure à jouer avec les règlements, puisque le cirque reçoit souvent les visites inopinées des vétérinaires de l’État. «Pour avoir des fauves, nous sommes le seul pays à recevoir une formation, puis passer devant un panel de 15 personnes pour juger si nous sommes aptes. Ce n’est qu’après que le permis est délivré pour une période de deux ans.»
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