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Sorcellerie: limons et coqs noirs cèdent la place aux billets
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Sorcellerie: limons et coqs noirs cèdent la place aux billets
Plus besoin de tuer d’innocents animaux noirs pour faire partir le mauvais sort. Les longanistes préfèrent le cash au trash. Pour leurs services, ils n’hésitent pas à demander gros. Ils n’ont même plus besoin que la personne «ensorcelée» se déplace sur la grande croix. Les zéros des billets suffisent. La magie noire a plus d’un tour de passe-passe dans sa bourse, bien remplie, pour s’adapter… Nous avons rencontré un longaniste. Le jour, il est infirmier et photographe, le soir, il se métamorphose en sorcier.
Ce dernier, sous couvert de l’anonymat, accepte de se livrer. Il explique le processus qui s’en suit lorsqu’il est approché par un client. «Une fois que je constate qu’on doit briser un sort, je lui dis le montant que me coûtera ce travail. Cela revient parfois à Rs 35 000. Mais j’achète moi-même les choses que je vais utiliser. Elles coûtent cher. Je ne lui demande qu’à apporter des noix de coco.» Cet habitant de Port-Louis, «treter» depuis plus d’une quinzaine d’années, raconte qu’avec le temps, les gens ont évolué. «Personne ne veut se rendre sur les croisées pour faire des passes et couper des limons. Ils ont peur du qu’en dira-t-on et surtout des passants qui pourraient s’en prendre à eux.»
Son métier aussi a dû évoluer. Certains de ses clients, des fonctionnaires, avaient peur de se rendre au marché pour acheter des coqs noirs. Les maraîchers savent que ces volailles sont destinées à faire des «travay». Ils refusaient d’apporter des coqs noirs ou des cabris. «Chez moi, je ne peux pas garder d’animaux. C’est ainsi que nous avons trouvé d’autres moyens de faire ce travail, même sans nous servir d’animaux. Ti limon, nepli gagné dan Moris. Kan amenn dépi Rodrig nou asté, mé sinon nou servi bann lezot prodwi ki gagné dan bazar mem. J’achète mes affaires moi-même.»
Il n’est aussi plus question de se rendre sur les grandes croix pour faire de la sorcellerie, car des vigiles surveillent les cimetières. Et les gens n’hésitent pas à tabasser les longanistes. Donc, le quadragénaire, pour sauver sa peau, préfère se rendre à la mer, pour effectuer son «système». Pour cela, il doit souvent s’absenter de son travail, choisir des plages retirées, la plupart du temps, durant la nuit. Mais ce second job est bien plus lucratif…
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