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Arbres fruitiers: Il existe des façons non-létales d’éloigner les chauves-souris

6 novembre 2018, 10:43

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Arbres fruitiers: Il existe des façons non-létales d’éloigner les chauves-souris

S’il y a bien une chose que les propriétaires d’arbres fruitiers redoutent, en cette période estivales, ce sont les chauvessouris. Plutôt que de les abattre, il existe d’autres moyens pour les contrôler.

L’été est là, place à la chaleur, le soleil mais aussi aux délicieux fruits tropicaux. Cependant, pour les propriétaires d’arbres fruitiers comme les letchiers ou manguiers, c’est le casse-tête en raison de la voracité des chauves-souris. Le 27 octobre a débuté l’abattage des chauves-sou- ris, initié par le gouvernement. Si pour beaucoup, la meilleure façon de se débarrasser de ces bêtes, c’est de les tuer, plusieurs associations dont l’Ecosystem Restoration Alliance Indian Ocean (ERA IO), ne sont pas de cet avis.

Ashmi Yogishah Bunsy connaît l’importance de ces bêtes.

Ashmi Yogishah Bunsy, Education Officer à ERA IO, confie que les gens tuent par ignorance et qu’ils ne connaissent pas l’importance des chauves-souris dans notre écosystème. «Les gens voient en notre mammifère endémique un voleur. Le pilleur principal des letchis et des mangues alors que la vérité est tout à fait le contraire», explique-t-il. ERA IO a mis en place un projet d’éducation et son équipe se rend dans les écoles et centres communautaires à travers le pays pour informer les gens sur le rôle des chauves-souris. «Notre but est de sensibiliser le public sur les rôles uniques et importants que joue ce mammifère dans la dispersion des graines, surtout les grosses, sur de longues distances. Car les chauves-souris ont la capacité de se déplacer sur tout le territoire en une nuit», déclare Ashmi.

Elle explique aussi qu’il y a une race de chauve-souris, la roussette, qui peut disséminer environ 53 % des espèces d’arbres indigènes, ce qui est un élément clé dans le maintien et la régénération de nos forêts. De plus, juste avec la dispersion de graines, les chauves-souris pollinisent plus de 500 espèces d’arbres qui contribuent encore à la reforestation. Cependant, malgré les avantages apportés par cet animal, il dérange quand même. Ashmi Yogishah Bunsy avoue qu’il existe des méthodes non létales pour réduire les dégâts. «Il y a la pose de filets blancs de préférence, il y a l’élagage des arbres. Nous pouvons aussi promouvoir la plantation d’arbres “provins” (variétés naines) et faire la récolte des fruits avant qu’ils ne soient trop mûrs.»

ERA IO en collaboration avec le National Parks and Conservation Service et le Critical Ecosystem Partnership Fund, est aussi en pleine phase de test d’un système olfactif d’un produit bio, utilisé pour dissuader les chauves-souris de manger les fruits sans pour autant les tuer ou les blesser. «Ce produit n’est pas appliqué sur les fruits directement mais trempé dans des drapeaux que nous fixons dans les arbres. Nous sommes les premiers à utiliser cette méthode non létale. Nous travaillons aussi avec Generation Plus, grâce à un grant du Mauritius Research Council, pour tester un système sonore où plusieurs sons aigus seront joués en boucle et au hasard pour dissuader les chauves-souris de venir se nourrir à partir des arbres fruitiers», explique Ashmi Yogishah Bunsy. «Nous ne sommes pas là pour lutter contre les producteurs de fruits mais pour lutter contre l’extinction de cette belle espèce», dit-elle.

Restaurer les forêts mauriciennes

L’Ecosystem Restoration Alliance Indian Ocean est une organisation non gouvernementale (ONG), qui a ouvert ses portes en 2016. Elle a été créée par le Dr Ryszard Oleksy, un Polonais expert en chauves-souris. Le but de cette ONG est la restauration des forêts mauriciennes, qui sont les habitats et les garde-manger naturels des chauves-souris et de l’écosystème en général. Elle est composée de huit personnes, qui travaillent ensemble sur les nouveaux projets, tout en collaborant étroitement avec des scientifiques internationaux de renom faisant partie du National Parks and Conservation Services et du Critical Ecosystem Partnership Fund.