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Yoad Nevo: «Le séga a le potentiel de faire un crossover»
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Yoad Nevo: «Le séga a le potentiel de faire un crossover»
Yoad Nevo est un producteur et ingénieur du son d’origine israélienne. Sa longue liste de collaborations avec des stars est impressionnante. Il a animé une master class, au Jam’Inn, la semaine dernière. Il envisage une éventuelle implantation d’un studio chez nous.
Qu’avez-vous partagé lors de la «master class» ?
À la base, je suis venu parler du son. Le son est un domaine très vaste. On n’enregistre pas seulement dans les studios traditionnels, mais aussi dans toutes sortes d’endroits. Les avancées technologiques ont rendu la production accessible à plus de gens. C’est une très bonne chose. J’ai essayé de partager mes connaissances avec certains des meilleurs professionnels de Maurice.
Un commentaire sur le niveau des participants ?
Les participants savent vraiment ce qu’ils font, ils connaissent leur travail. C’est très encourageant de voir cela.
Qu’est-ce qui leur manque ? La technologie ?
Je ne dirais pas qu’il leur manque quoi que ce soit. People are people. Les gens qui ont envie de faire de la musique sont les mêmes partout dans le monde. C’est super de trouver un terrain d’entente. J’adore Maurice. Je suis venu pour des vacances il y a deux ans. Si je n’étais pas venu avant, je n’aurais pas forcément animé cette master class. Je voulais vraiment revenir. J’ai rencontré Maïsta la première fois que je suis venu à Maurice. On s’est entendu tout de suite. Il m’a envoyé les chansons de son nouvel album, à mixer en Angleterre. On s’est revu làbas, il y a environ deux mois. J’espère que ce sera une porte ouverte à de nouvelles opportunités.
Quelle touche avez-vous apporté à la musique de Maïsta ?
I was hoping not to take anything from it (sourires). C’est une sonorité unique, avec beaucoup d’énergie et de groove. J’ai fait de sorte de conserver tous ces ingrédients, tout en donnant à cette musique un international sound, pour qu’elle puisse peut-être être exportée vers d’autres marchés.
L’un de nos vieux débats, c’est pourquoi la musique mauricienne n’a pas pu s’exporter. Qu’en pensez-vous ?
Je ne sais pas pourquoi, mais j’aimerais beaucoup contribuer à changer cette situation.
Il y a bien des discussions pour que vous implantiez un studio chez nous ?
Oui, on a parlé de plusieurs options. Je me vois bien passer du temps à Maurice. J’ai une fille de trois ans et demi, je ne sais pas comment les choses vont se mettre en place. There’s always a way. J’ai vu qu’il y a des écoles anglaises et américaines ici.
Quel serait votre projet chez nous ?
Le séga a vraiment un potentiel énorme. Il a quelque chose de très original. C’est un mélange d’influences indiennes et africaines qui est unique. Un crossover pourrait bien marcher, comme cela a été le cas pour le reggae dans les années 70 par exemple.
Le séga pourrait être le nouveau reggae ?
Je ne crois pas que nous soyons dans une époque où on peut avoir un nouveau reggae. Le reggae a marché pour des raisons précises. En Angleterre, il y a plus d’immigrés jamaïcains que de Mauriciens. Ce n’est pas comparable, mais je suis convaincu que ce son peut infiltrer la scène internationale.
Jusqu’à devenir «mainstream» ?
On ne sait jamais. On ne devient pas mainstream du jour au lendemain, cela commence en underground d’abord. J’ai toujours aimé le groove de la musique indienne, le swing qui vient avec le dholok et le tabla. There’s so much soul in it. Les rythmes africains sont très énergiques. La combinaison des deux est passionnante. Partout, il y a des gens qui cherchent de nouveaux sons. Si on arrive à prendre les éléments d’un style et à les introduire graduellement dans d’autres styles, on peut y arriver. Si on le fait d’un seul coup, les gens seront dépassés. Il faut être prudent, faire le dosage de manière contrôlée, sans perdre l’essence de la musique. C’est un challenge.
Cela pourrait se faire grâce à des «featuring» ?
Oui, il faut créer ce genre d’opportunités et cela dans les deux sens. Un artiste de Maurice présent sur une chanson britannique,ou quelqu’un de Grande-Bretagne ou de Suède qui produit des titres où l’on entend bien l’influence mauricienne.
Pour que la musique locale traverse un jour les frontières, doit-elle impérativement être en anglais ?
Que ce soit en Angleterre ou aux États-Unis, il n’y a pratiquement pas de hits qui ne soient pas en anglais. Même les titres en anglais interprétés par des artistes étrangers, comme les Scandinaves, ce sont des gens qui peuvent faire le crossover. C’est un peu différent en France, des endroits plus ouverts à la world music. Je ne vois pas pourquoi des éléments du séga ne peuvent pas être intégrés à la pop music.
Parcours. Ingénieur du son des Stars
<p style="text-align: justify;">Yoad Nevo est un producteur et ingénieur du son à la discographie impressionnante. Il a collaboré avec Sia, Pet Shop Boys, Bryan Adams, Moby, entre autres. Il est aussi un concepteur de<em> «plug in»</em>, nouvelles fonctionnalités pour des logiciels de traitement de son. Il a un studio à Londres et un autre à Tel-Aviv.</p>
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