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Jeux de hasard: une nation de plus en plus «zougader»

20 novembre 2018, 22:25

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Jeux de hasard: une nation de plus en plus «zougader»

Grand-Baie, Rose-Hill, Montagne-Longue, Beau-Bassin, Mahébourg, Lallmatie, Grand-Bois, Bel-Air-Rivière-Sèche… Dans pas moins de 24 villes et villages, deux compagnies, à savoir Booksystem et Bet on Line Limited, ont fait des demandes auprès des collectivités locales pour des permis visant à convertir des bâtiments en des Places of Public Entertainment. Chaque semaine qui passe, de nouvelles licences d’opération sont émises, déplore-t-on dans le milieu.

Ces Places of Public Entertainment permettent en fait d’opérer comme bookmaker sur des courses hippiques par moyens de communication à distance (notamment messageries et téléphone). Ce sont ce que l’on appelle dans le secteur, des Facilitator Centres.

Mais il n’y a pas que ces points de jeux, ajoutez à cela, plus de 300 licences accordées pour des machines appelées Amusement Machines mais qui sont en réalité des gambling machines. Puis, un deuxième jour de tirage pour Lottotech, soit les mercredis, l’ouverture d’un casino à Grand-Baie, ou encore l’introduction du Pari mutuel urbain (PMU) à Maurice. Du reste, celui-ci a vu ses heures d’opération étendues.

Véritable prolifération

À ce jour, Maurice compte 124 points de jeux, dans des boutiques et autres «snacks». Beaucoup plus que les points de vente des cartes à gratter qui avaient été interdites dès la venue au pouvoir de ce présent gouvernement. Il avait d’ailleurs annoncé l’interdiction de la publicité sur les jeux de hasard et aussi annoncé qu’il n’y aura pas de nouveaux permis octroyés. Quatre ans après, c’est tout le contraire qui s’est passé dans le monde des jeux à Maurice. «C’est une véritable prolifération», déplore un bookmaker, qui a cependant requis l’anonymat. En effet, à ces autres nouveautés, l’on compte également l’introduction de la loterie «blanc», avec ses 314 points de vente.

Commentant les demandes pour des Facilitator Centres, Steve Wan, directeur de Steven Hill, se dit «choqué mais pas surpris. Ce gouvernement avait dit qu’il veut en finir avec la nation zougader mais finalement, Maurice est envahie ou sera envahie par ces facilitator centres.» Du reste, il s’interroge sur la différence entre ce type d’activité et une betting shop. «Que la Gambling Regulatory Authority vienne nous expliquer la différence», exhorte-t-il.

Des bookmakers s’élèvent aussi contre ce qu’ils appellent cette «prolifération d’outlets» à travers l’île. L’un d’eux a indiqué que les bookmakers opérant en dehors du Champ-de-Mars seront interdits d’activité à partir de l’année prochaine. «Quelle contradiction ! D’une part on demande à des bookmakers à fermer boutique et de l’autre, on accorde de licences des jeux à travers le pays !» Selon ce bookmaker, c’est une personne très proche du pouvoir qui est derrière toutes ces licences.

Un autre bookmaker qui opère depuis une trentaine d’années concède que les jeux de hasard ont atteint «une proportion alarmante à Maurice. Au début, l’augmentation de notre licence visait à réduire nos activités et par ricochet, réduire le nombre de joueurs. Or, c’est le contraire ce qui se passe dans le pays».