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Deepa Muschke: «Je voulais devenir une femme forte»

24 novembre 2018, 17:47

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Deepa Muschke: «Je voulais devenir une femme forte»

Il y a plus de 15 ans, Deepa Muschke, 38 ans, poussait la porte d’une salle de gym à Quatre-Bornes. Elle voulait alors perdre ses kilos en trop, ne pouvant supporter le poids des regards. Sa détermination s’avère payante et peuà peu c’est vers le culturisme qu’elle se tourne. Le bodybuilding finir même par devenir une passion. D’ailleurs, même en vacances au pays, c’est dans une salle de gym à Trianon qu’elle nous rencontre.

C’est à la Gym Empire de Quatre-Bornes qu’elle rencontre son coach, Elvino Pierre Louis. Il souhaite qu’elle participe aux compétitions de culturisme. Elle décide toutefois d’opter pour le Bikini Master, une discipline qui s’apparente au culturisme, mais qui ne nécessite pas beaucoup de masse musculaire.

Pourquoi cette discipline ? «Je voulais montrer que je suis une femme forte. Malgré les aléas de la vie, je pouvais me battre. Cette discipline, c’est un challenge pour montrer ma force», fait ressortir notre compatriote.

Lorsque Deepa Muschke renoue avec un ami d’école, rencontré il y a 20 ans, qui deviendra par la suite son époux, elle part s’installer en Allemagne. La famille de son mari, dont la mère est Mauricienne, habite à Hambourg. C’est en 2014 qu’elle se lance dans la compétition, le culturisme étant une discipline sportive populaire en Allemagne.

À cette époque, ses abdominaux sont ses seuls atouts. Elle croise la route d’un entraîneur et ils vont travailler ensemble pendant six mois pour pouvoir concourir à l’International Federation Body-building & Fitness. Deepa Muschke termine à la sixième place. «Cela ne m’a pas découragée. Au contraire, j’avais du potentiel», confie la bodybuildeuse.

Ses efforts s’avèrent payants. L’année suivante, elle remporte le titre de Bikini Masters Champion d’Allemagne. Sans compter sa qualification pour le championnat d’Europe. Elle décide toutefois de prendre du recul. «Je stagnais à ce moment-là. Pour pouvoir progresser, je devais prendre encore de la masse musculaire. J’ai fait six mois de masse mais mon métabolisme ralentissait vu que j’ai dépassé la trentaine.»

C’est à ce moment qu’elle essuie ses premiers revers. Les claquages à répétition lors des compétitions freinent sa progression. Devant cette situation, elle décide de changer d’entraîneur. Ce dernier ne la ménagera pas, lui faisant faire des exercices comme à un homme.

Elle doit aussi consommer des aliments riches en testostérone. «Pour avoir plus de force et booster mon métabolisme, je devais consommer des aliments comme le chocolat noir, l’huile de coco et les amandes. C’est du gras, du bon gras. J’ai alors pu progresser», se réjouit la championne. Elle remporte deux titres coup sur coup. Forte de son expérience, elle tente les championnats du monde catégorie physique où elle termine troisième sur vingt participantes.

Et qu’en pense son époux? «Mon mari a vu que j’ai su garder ma féminité, il apprécie. Il pensait que c’était pour le fun au début. Mais lorsque je suis passée catégorie physique, il a eu un peu peur. Il y a la catégorie Body Fitness qui est encore plus élevée. Je me contente de la catégorie physique», lance Deepa Muschke.

En revanche, ses parents à Maurice étaient dans l’incompréhension devant ses photos sur Facebook et ses interviews dans les journaux allemands à l’issue des compétitions. «Je ne voulais pas rencontrer mes parents car je savais qu’ils seraient choqués de me voir ainsi. Cette année, lorsque ma mère était en Allemagne, elle a été choquée au début», révèle-t-elle. Cela n’a toutefois pas duré longtemps. «Elle a vu que j’étais épanouie dans ma discipline et m’a encouragée. Elle m’a dit : Si tu aimes ton corps comme tu es, continue», raconte Deepa Muschke, émue.

Il n’empêche, concède-t-elle, que certains ne voient pas d’un bon œil sa transformation physique. Le regard des gens dans la rue, à Maurice, en dit long : «Certains sont admiratifs, d’autres non, je le ressens dans leur regard. Mais je pense qu’il y a beaucoup plus de personnes qui l’acceptent.»

Jongler entre travail, entraînement et la famille n’est pas une mince affaire. Deepa Muschke travaille à Airbus, à Hambourg. Comment fait-elle? «C’est un cycle infernal. Je me réveille, je pars à la salle de gym. Puis, je mange en rentrant, avant d’aller bosser. Ensuite, je rentre à la maison et je prépare à manger pour le lendemain. À côté, lorsque j’ai ma pause le mercredi ou le dimanche après-midi, j’entraîne aussi des athlètes allemandes. Vu que je n’ai pas encore d’enfant, ma vie se résume ainsi.»

Actuellement en vacances, Deepa Muschke en a profité pour venir se ressourcer à Maurice pour trois semaines. Ce qui ne l’empêche pas de se rendre à la salle de gym trois fois par semaine. «C’est difficile de manger sainement à Maurice. J’essaie de manger propre avec des écarts le weekend.»

La championne du Bikini Masters, qui confie que faire de la compétition lui procure de l’adrénaline, souhaite avoir encore plus de masse musculaire pour ses prochaines compétitions.«La troisième place au championnat du monde, c’est bien. Vu qu’il n’y avait que deux points de différence, c’est un défi pour moi.» Elle se prépare pour l’Iron Rebel Show à Copenhague, le Kai Greene Classics et l’Anthony Arnold Classics.

Avant de décrocher des compétitions, Deepa Muschke a des projets plein la tête. Elle pense à une équipe d’athlètes qu’elle pourrait entraîner. D’ailleurs, elle pourrait aussi peut-être ouvrir sa propre salle de gym. À Maurice, avance-t-elle, il y a des athlètes dans cette discipline qui ont du potentiel.