Publicité
Renvoi des élections villageoises: la loi votée, la réforme électorale avancée comme raison…
Par
Partager cet article
Renvoi des élections villageoises: la loi votée, la réforme électorale avancée comme raison…
Les débats ont duré près de quatre heures. À la suite de quoi le Local Government (Amendment no. 2) Bill a été voté avec amendements à 00 h 36, ce mercredi 28 novembre, au Parlement. Ainsi donc, les élections villageoises, qui auraient dû se tenir au plus tard en décembre, auront lieu en 2020.
Lors de la présentation du projet de loi, la vice-Première ministre et ministre des Collectivités locales a tenté d’expliquer pourquoi le gouvernement avait décidé de renvoyer les villageoises à 2020. D’abord, a indiqué Fazila Jeewa-Daureeawoo, le gouvernement entame une réforme électorale majeure dans le pays.
L’Electoral Reform Bill et le Financing Political Bill sont également en préparation alors que le New Declaration of Assets Bill est aussi en cours de finalisation. «En fixant les élections à 2020, les élections villageoises principalement vont bénéficier de toutes ces réformes», a commenté la ministre.
Autre raison : Maurice est un énorme chantier et les projets de développement doivent être complétés. Selon Fazila Jeewa-Daureeawoo, sept projets ont été identifiés. «La priorité du gouvernement est la mise en œuvre rapide des projets. Tenir des élections à ce stade n’est pas opportun.»
Cette mesure transitoire, poursuit-elle, permettra de maintenir la continuité et la stabilité au sein des conseils de district et des conseils de village. «Cela leur permettra de superviser les travaux qui sont en phase d’achèvement.»
Xavier Duval: promesses non tenues
Prenant la parole juste après, le leader de l’opposition a été très critique envers les raisons avancées par la ministre des Collectivités locales pour justifier le renvoi des élections villageoises. Faisant référence au manifeste de l’alliance Lepep en 2014, Xavier-Luc Duval a lancé qu’en aucun cas le gouvernement ne tient ses promesses, soit de consolider la démocratie.
Selon lui, le gouvernement a recours à des prétextes pour ne pas tenir les élections, comme Pravind Jugnauth l’avait annoncé en réponse à une question du député Rajesh Bhagwan. Il affirme que, dans le passé, d’autres élections ont été repoussées pour des raisons valides. Et il cite l’alliance MSM-MMM qui avait repoussé les élections villageoises de 2002 à 2005. Xavier Duval fait ressortir qu’en 2010, les villageoises avaient été repoussées pour deux ans.
Balayant d’un revers de la main le nombre de chantiers dans le pays, le leader du PMSD souligne que c’est surtout Richelieu qui est affecté par les travaux du Metro Express. Les autres projets de construction sont centrés dans les villes. «Les villages ne sont pas en chantier. Même si c’était le cas, ce n’est pas une raison pour repousser les élections. Cela concerne 60 % de la population, soit 550 000 électeurs. Cet amendement est un manque de respect envers la population rurale.»
Xavier-Luc Duval propose du reste que les élections villageoises, municipales et générales soient regroupées en une seule afin d’encourager les gens à voter. «Regrouper les élections va coûter moins à l’économie mais va aussi soulager le secteur privé qui finance également les élections.»
Paul Bérenger: «Genuinely rubbish»
Le gouvernement croyait qu’il pourrait renvoyer les élections villageoises sans passer par le Parlement. Pour Paul Bérenger, c’est la raison pour laquelle ce projet de loi a été préparé «en catastrophe» et n’a pas figuré au Conseil des ministres.
Le leader des mauves conçoit qu’il y a eu, dans le passé, des renvois des élections villageoises mais il y avait souvent des raisons acceptables, affirme-t-il. «Si les élections coïncident avec les élections générales ou encore s’il y a une catastrophe naturelle. Mais ce qu’avance le gouvernement aujourd’hui… It’s rubbish. Ils disent que c’est parce qu’il y a des chantiers. Genuinely rubbish.»
Etienne Sinatambou: un «blessing»
Ce n’est pas la première fois qu’un gouvernement demande le renvoi des élections. Le ministre de l’Environnement et de la Sécurité sociale qualifie, donc, les arguments avancés par les différents partis de l’opposition de tentatives de récupération politique. Étienne Sinatambou a, d’ailleurs, estimé que ce projet de loi est un «blessing», puisque cela permettra au gouvernement de se concentrer sur d’autres projets de loi.
Alan Ganoo: «Proposition scélérate et rétrograde»
Les raisons du gouvernement pour ce renvoi ne sont pas crédibles et sont même cyniques. C’était l’argument principal d’Alan Ganoo. Le président du Mouvement patriotique a avancé que c’est surtout la mainmise de la ministre des Collectivités locales sur le choix de conseillers qui amène à questionner les motivations du gouvernement. «C’était une proposition scélérate et rétrograde. On se demande ce qui a bien pu motiver cela.»
Alan Ganoo a aussi estimé qu’il est antidémocratique de faire attendre «huit longues années» avant le changement de conseillers. «Il y a des femmes, des jeunes qui attendent de pouvoir participer à ces élections…»
Shakeel Mohamed fait le mea culpa des rouges
Plus tard, Shakeel Mohamed a fait le mea culpa du PTr. Le chef de file des rouges au Parlement a voulu se démarquer en expliquant qu’il était important de ne pas se passer le blâme. «We’ve done better than you and you’ve done better than us. Who’s winning at this? It is the people of the electorate who are losing! Just because it has been done before doesn’t make it right», a-t-il fait ressortir.
Pravind Jugnauth : pas de «ulterior motives»
Malgré cet appel de Shakeel Mohamed, le Premier ministre, Pravind Jugnauth, est quand même revenu sur les instances où d’autres partis ont cru important de renvoyer les élections villageoises, municipales et même générales. Le gouvernement, dit-il, estime qu’il serait plus judicieux de tenir le scrutin après les élections générales.
Quant à la proposition initiale concernant le pouvoir accordé à la ministre des Collectivités locales de nommer les élus, Pravind Jugnauth a affirmé qu’il n’y avait pas de «ulterior motives behind this». D’ailleurs, le gouvernement a revu sa copie après les multiples critiques.
En conclusion, Fazila Jeewa-Daureeawoo a tenu à commencer son intervention en disant qu’elle se tiendrait loin de la «politicaille». Force est de constater qu’elle n’a pu s’empêcher de jouer le jeu de ses collègues. «As rightly said by Etienne Sinatambou, successive governments have postponed the village elections. Nobody then talked about ‘démocratie bafouée’. Is it because they were in power then?» a-t-elle lancé.
Publicité
Les plus récents