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PSAC: le cauchemar de la régionalisation

14 décembre 2018, 22:25

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PSAC: le cauchemar de la régionalisation

De nombreux parents vivent l’angoisse après l’annonce des résultats du PSAC. Comment leur enfant a-t-il pu obtenir un tel collège alors qu’il a bien travaillé ? Au banc des accusés: la régionalisation.

Incompréhension. Deux élèves, habitant la même région, obtiennent quatre unités, (la meilleure performance) au Primary School Achievement Certificate (PSAC). Mais ils se retrouvent avec deux collèges totalement différents, voire complètement éloignés. Comment l’expliquer? Avec l’annonce des résultats mercredi 12 décembre dernier, un constat: ils sont nombreux les parents à ne pas avoir compris, jusqu’ici, le concept de régionalisation. D’aucuns affirment qu’ils font face à une injustice après avoir vu quel collège a été attribué à leur enfant.

Jeudi 12 décembre, soit au lendemain de la proclamation des résultats, des centaines de parents insatisfaits se sont rués vers les établissements du Service diocésain de l’éducation catholique (SeDEC), à la recherche d’un «meilleur» collège pour leurs enfants. Mais, déjà, depuis 2016, les amendements apportés à l’Education Act par rapport à ce système étaient loin de faire l’unanimité.Sur quelle base les établissements secondaires recrutent-ils ? Pourquoi la régionalisation semble-t-elle vouée à l’échec ?

 

La «régionalisation» se fonde sur trois critères: les résultats, le choix parental et la proximité du lieu résidentiel. «Ce système est voué à l’échec. Les résultats tiennent en compte la régionalisation. Avant, seuls les points comptaient», explique un ancien haut cadre de l’Education. Ce dernier souligne qu’il s’agit là d’un système «pire que le ranking». Car, avec celui-ci, au moins, la transparence régnait. «Les parents comprenaient pourquoi les élèves obtenaient les écoles qui leur étaient attribuées. À présent, ce n’est plus le cas. La compétition est féroce dans la même région et le choix est restreint.»

 

Pour compliquer la situation, désormais, les collèges nationaux ne sont plus une option car ils n’acceptent plus des élèves en Grade 7. Ces établissements seront convertis en académies. Mais ce qui rassurait, c’était que dans ces Star Schools, les admissions se faisaient sur une base nationale. Les zones éducatives ne comptaient pas. Dorénavant, les parents ne peuvent que se contenter de collèges régionaux – les State Secondary Schools (SSS), ceux du SeDEC ou encore les établissements privés.

Vinod Seegum, président de la Government Teachers Union (GTU), estime que la situation est encore plus difficile car le SeDEC n’a pas converti ses établissements secondaires en académies. «C’est une des causes principales de ce malaise. Automatiquement, une forte demande pour ces collèges est occasionnée. Les collèges régionaux ne séduisent pas beaucoup les parents», dit-il. Et d’ajouter que le système d’attribution actuel des collèges aurait pu être «un moyen temporaire», en attendant que le niveau des collèges régionaux soit rehaussé.

Car c’est un fait: les établissements secondaires ne bénéficient pas du même niveau. Pour Bashir Taleb, président de la Fédération des managers des collèges privés, aussi longtemps qu’on essaiera de lier le choix parental et les résultats, «on ne pourra jamais imposer une régionalisation». «La régionalisation veut dire que l’école proche de sa maison est octroyée à un élève. Là, on prend en considération les résultats. Comment sait-on quel collège prend les élèves qui ont obtenu quatre unités et quels établissements prennent les autres ? C’est un méli-mélo extraordinaire, à ne plus s’y retrouver», laisse-t-il entendre. Pour lui, il faudrait d’abord que les établissements secondaires bénéficient d’un niveau adéquat.

D’autant que l’on note la baisse de popularité des collèges d’Etat (SSS) depuis la régionalisation. À titre d’exemple, le quatrième collège le plus demandé dans la zone éducative 1 (Port-Louis-Nord), est le collège London, soit un collège privé. Ally Yearoo, secrétaire de l’Education Officers Union, confirme que plusieurs collèges SSS ont été mis à l’écart. Il explique que ces établissements ne bénéficient pas tous des mêmes facilités et infrastructures, telles que les salles de gym ou laboratoires. La discipline ou plutôt le manque de discipline dans plusieurs collèges SSS a également un effet dissuasif sur les parents.

Le nouveau système de notation vient corser l’équation. L’A+ sous le Certificate of Primary Education, représentait entre 90 et 100 points. Si un élève récoltait 4A+, il était clair qu’il s’en sortait avec un total minimal de 360 points sur 400. Avec le PSAC, cette note disparaît pour faire place à l’Aggregate 1, qui représente entre 75 et 100 points.

Obtenir quatre unités représente alors une plus grande fourchette et l’écart entre les candidats ayant obtenu le même résultat varie énormément. Il existe désormais une marge de manœuvre de 100 points. Ce qui ne fait qu’alimenter l’incompréhension des parents qui voient leur enfant obtenir quatre unités mais pas le même collège qu’un autre…