Si les 15 892 candidats du Primary School Achievement Certificate (PSAC) ont déjà pris connaissance de leurs résultats mercredi 12 décembre, en revanche, ils sont nombreux à vivre un suspense quant au collège qu’ils fréquenteront. Les enregistrements dans les collèges en Grade 7 se feront le mercredi 19 décembre. Ceux ayant reçu leur lettre d’inscription pour un collège devront s’y présenter pour les formalités d’inscription.

Cependant, pour les parents qui ont fait une demande de transfert après avoir rejeté le choix du Mauritius Examinations Syndicate (MES), l’attente se prolonge. Certains ne cachent pas leur mécontentement face à la situation. «En ordre prioritaire, on avait opté pour le collège du St-Esprit. Mais au final, on a attribué à mon fils, qui a obtenu cinq unités, le collège SSS Solferino. Je ne comprends pas car ce choix ne figurait même pas sur la liste que nous avons remplie», déplore Gaëtan, habitant de Quatre-Bornes.

Ce sentiment d’incompréhension et de frustration est partagé par plusieurs parents qui attendent le communiqué du ministère de l’Éducation mercredi prochain pour être fixés sur leur sort.

Grande confusion

Pourquoi autant de confusion ? Selon le président de la Government Teachers Union, Vinod Seegum, il y a plusieurs facteurs qui expliquent cela. «C’est principalement parce que les collèges confessionnels ne sont pas parties prenantes de la réforme éducative. Ils n’ont pas joué le jeu», déclare-t-il.

Alors que dans le cadre du Nine-Year Schooling, les Stars Colleges ont été convertis en académies, le Service diocésain de l’éducation catholique (SeDEC) a maintenu ses établissements tels quels, déplore le syndicaliste. Ce qui provoque un manque de places, surtout par rapport aux établissements confessionnels qui ont toujours la cote auprès des parents. À titre d’exemple, il y a eu environ 300 demandes pour le collège du Esprit, alors qu’il dispose de seulement 60 places.

Pour les spécialistes du secteur de l’éducation, le gouvernement est aussi à blâmer. Outre de ne pas avoir pu convaincre le SeDEC, il n’a pas non plus construit de «grands collèges» pour accompagner la réforme. Dans la zone 1, ce manque est criant après que le collège Royal de Port-Louis a été transformé en académie.

Pour Vinod Seegum, le ministère de l’Éducation n’a pas pris de mesures pour remettre à niveau les collèges privés afin d’inciter les parents à y inscrire leur enfant. Une indifférence des autorités malgré le fait qu’il y a eu des lauréats provenant de ces institutions ces dernières années.

Avis partagé par l’ancien ministre de l’Éducation, Vasant Bunwaree. Ce dernier avance qu’une telle situation était attendue vu que le ministère ne s’est pas bien préparé pour que cette réforme soit un succès. «Nous avions averti sur les problèmes qui surviennent aujourd’hui. Mais rien n’a été fait», regrette l’ancien ministre du PTr.

Maintien des leçons particulières

Pour lui, la confusion au niveau des parents découle aussi du fait que le ministère a failli au niveau de la communication quant au remplacement du Certificate of Primary Education (CPE) par le PSAC. «Certains ne comprennent pas comment le système fonctionne», observe l’ancien ministre.

L’attribution des collèges n’est pas le seul motif de mécontentement ; la baisse du taux de réussite cette année est également décriée, avec 75,19 % contre 77,7 % l’année dernière. Même si la ministre de l’Éducation, Leela Devi Dookun-Luchoomun, a minimisé ces «petites fluctuations» dans les pourcentages, qu’elle ne juge pas si importantes, son prédécesseur montre du doigt le niveau des questionnaires. «Il y a eu des questions qui n’avaient pas été abordées dans le syllabus», affirme Vasant Bunwaree. L’ancien ministre contredit Leela Devi Dookun-Luchoomun, qui avait affirmé que la deuxième année des examens du PSAC s’est bien passée.

Enfin, l’un des reproches faits contre le PSAC et le Nine-Year School demeure le maintien des leçons particulières. Alors que les autorités avaient promis une pression moindre comparée à celle du CPE, parents et enseignants concèdent qu’aucune amélioration n’a été constatée à ce niveau. Au contraire, avec le National Certificate of Education Assessment en 2020 pour l’admission des élèves dans les 12 académies désignées, ils prévoient une compétition encore plus féroce. Et ce, depuis la préparation du PSAC jusqu’au Grade 9.