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Shirin Aumeeruddy-Cziffra: «Notre trio a connu l’âge d’or de la politique à Rose-Hill»

23 décembre 2018, 15:15

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Shirin Aumeeruddy-Cziffra: «Notre trio a connu l’âge d’or de la politique à Rose-Hill»

Jayen, Jean-Claude de l’Estrac et moi, nous étions colistiers à Stanley-Rose Hill de 1982 à 1991. En 1982, nous avons été ministres dans le premier gouvernement Jugnauth. Ensuite, nous avons tous trois été maires de Beau-Bassin–Rose-Hill dans les années 80. Il y a eu un avant et un après. Avant 1982 et après 1995. Jean-Claude et moi, nous avions conquis la circonscription numéro 19 à l’âge de 28 ans. C’était en 1976, puis nous nous sommes installés à la municipalité de Beau-Bassin–RoseHill dès 1977. En 1992, j’ai donné ma place à Paul Bérenger et je suis partie comme ambassadrice à Paris, où Sarada et Anna, les deux soeurs de Jayen travaillaient déjà. Heureuse coïncidence.

Pendant une dizaine d’années, nous avons vécu ensemble et intensément un rêve extraordinaire pour notre pays. Nous étions des «mam kole». Jayen, enfant de Stanley, s’est très vite intégré en 1982 dans notre équipe et nous sommes devenus inséparables. Nous allions à la rencontre de nos électeurs dans une seule voiture, une habitude quasi quotidienne. Nous participions à tous les événements majeurs de la vie de nos administrés, avec lesquels nous avions développé une relation très forte. Et parallèlement, des liens d’amitié s’étaient tissés entre nos familles. Nous avons vu grandir nos enfants entre les réunions et les meetings. Je revois encore Jayen, toujours affable, toujours souriant, discuter régulièrement avec mon père devant la tabagie voisine.

Jayen avait ce côté rassembleur, toujours présent pour partager les moments de joie et de peine. Malheureusement, nos chemins se sont séparés en janvier 1995 à cause de nos choix politiques. Mais pendant la campagne de cette partielle qui a opposé des militants à d’autres militants à Stanley-Rose-Hill, quand j’avais toujours la gorge serrée, Jayen restait amical même si nous étions devenus des adversaires.

La politique laisse des blessures quand on est sincère. Il faut justement des hommes-ponts comme Jayen pour passer du baume.

Alors que je ne fais plus de politique depuis bientôt 24 ans, j’avais récemment retrouvé un autre Jayen, le père, le grand-père. Lui et Swatee ont transmis à leurs enfants des valeurs fondamentales. Aujourd’hui, Vickram brille à Washington. Et je suis profondément touchée par Lillka, qui a clairement hérité de quelque chose de très positif de ces années fantastiques où nous luttions pour la justice, l’équité et la non-discrimination, surtout à l’égard des femmes.

Notre trio a connu l’âge d’or de la politique à Rose-Hill. L’un de nous s’en est allé… Heureusement, les jeunes prennent la relève à leur façon. Mes condoléances et mes pensées les plus sincères vont à Swatee et toute la famille Cuttaree.