Publicité
Diabète: amputée des deux jambes, Venita lutte pour s’en sortir
Par
Partager cet article
Diabète: amputée des deux jambes, Venita lutte pour s’en sortir
Elle affiche un sourire timide, las. Ses traits sont tirés. Venita Purbhoo, 43 ans, était pourtant jusqu’à récemment, une femme épanouie. Mère de trois enfants, elle se faisait une joie de travailler chaque jour pour subvenir aux besoins de ces derniers.
Il y a deux mois, sa vie a complètement changé. Tant et si bien qu’elle n’arrive plus à garder la tête hors de l’eau, malgré le soutien indéfectible de sa maman. Larmes, tristesse et incertitude font partie de leur quotidien. Entrecoupé d’espoir…
Dans sa petite maison de la NHDC, sise à Calebasses, Venita s’apprête à aller prendre son bain au moment où nous arrivons. Sa mère s’active dans la cuisine, nous accueille sans même poser de question. Sa fille reçoit en ce moment la visite de bénévoles. Soudain submergée par l’émotion, Venita écrase une larme. Avant de nous raconter son histoire.
«Mo ti gagn enn ti klos. Samem tou! Je ne m’attendais pas à ce que cela se termine par une amputation.»
Elle avait 23 ans et était enceinte de son premier enfant quand elle a su qu’elle était diabétique. «Dokter finn dir mwa diabet groses sa ek ki li pou korek kan mo pou fini akousé.» Mais le diabète n’est jamais reparti. Ce n’est pas pour autant que Venita s’apitoie sur son sort, elle continue d’avancer tout en faisant attention à sa santé. Elle mène son petit business, prend des commandes de dholl-puri, de rotis ou de snack tels des samossas ou d’autres «gato delwil».
Mais en 2016, alors qu’elle est en Inde, sa jambe commence à s’infecter. «Mo ti gagn enn ti klos. Samem tou! Je ne m’attendais pas à ce que cela se termine par une amputation.» Peu de temps après, les médecins lui annoncent qu’ils n’ont d’autre choix. Elle accepte difficilement la réalité, mais tente quand même de se faire une raison. «Mo tousel koné ki mo finn viv, pa ti fasil ditou.» Venita «perd alors» sa jambe gauche.
Après son opération, son mari déserte le toit familial pour se mettre avec une autre. Mais la quadragénaire ne baisse pas les bras. «J’avais des dettes à rembourser, des enfants à nourrir.» Elle reprend son emploi. Sauf qu’il y a tout juste deux mois, elle a pris un autre coup. Elle a dû se faire amputer de la jambe droite cette fois.
«Mo tousel koné ki mo pe viv. Handikapé dé lipié, ou koné kiété sa? (…) Mo mama pa pou la toulétan… Mo bann zanfan ena enn lavi zot ousi. Komié tan mo pou viv koumsa?»
Depuis, elle n’est plus en état de faire tourner son business. Au quotidien, c’est son fils ou sa mère qui s’occupe d’elle. «Elle ne peut pas rester seule pendant la journée, c’est une situation vraiment difficile à vivre», pleure sa mère, qui est retraitée. Des Rs 8 000 que perçoit Venita mensuellement comme pension, elle doit acheter ses médicaments, des couches, payer un taxi pour ses visites régulières à l’hôpital, payer ses dettes – dont l’emprunt pour la maison – les factures, et acheter de la nourriture. «Li pa évidan ditou. Parfwa, nanyé mem pa resté. Népli koné ki pou fer.»
Venita doit tout recommencer. Impossible pour elle d’envisager de passer toute sa vie sur un fauteuil roulant. «Mo tousel koné ki mo pe viv. Handikapé dé lipié, ou koné kiété sa?» ne cesse-t-elle de répéter. Elle en a marre de ses journées qui se résument à dormir et à pleurer sur son sort. Elle en a assez de ce sentiment d’impuissance. Elle a envie de travailler. De sortir quand il fait beau. «Mo mama pa pou la toulétan… Mo bann zanfan ena enn lavi zot ousi. Komié tan mo pou viv koumsa?»
Certes, elle a reçu des prothèses, offertes par la Global Rainbow Foundation. «Mais elles sont trop lourdes. Dé fwa mo’nn fini tonbé ek sa.» Elle a fait des recherches et a vu qu’en Inde, elle pourrait en avoir d’autres, adaptées à ses besoins cette fois. Mais elles coûtent Rs 100 000 (roupies indiennes). «Qui plus est, je vais devoir me rendre là-bas pour pouvoir me les procurer. Je dois faire des séances de physiothérapie pour que je puisse m’adapter aux prothèses, tout cela coûte de l’argent, que je n’ai pas…»
Venita cède au désespoir. «Je n’arrive même pas à me nourrir correctement. Je ne sais pas si je pourrai un jour les avoir.» Mais la jeune femme espère tout de même voir un jour la lumière au bout du tunnel. Son «tricycle» est déjà garé devant la maison… Une fois qu’elle pourra se remettre debout, elle compte bien reprendre son business de vente de nourriture.
Publicité
Les plus récents