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Services financiers : 2019 sera une année décisive

2 janvier 2019, 01:00

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Services financiers : 2019 sera une année décisive

Changements  apportés au régime fiscal, fin de la période transitoire de l’abolition du traité de non double imposition (DTAA) avec l’Inde, négociation de tous les traités sous le Multi-Lateral Instrument (MLI)… Autant de changements qui mettront le secteur des services financiers à rude épreuve en 2019.

Si les opérateurs ne veulent pas être alarmistes, ils sont bien conscients qu’il faudra bien plus qu’un clearing de l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) pour maintenir la juridiction mauricienne à flot. Cependant, opérateurs et ministère se renvoient la balle pour trouver des idées innovantes qui garderont le secteur compétitif.

Le plus gros challenge de l’offshore pour l’année à venir : attirer de nouveaux clients. «Après l’abolition du DTAA, il est vrai que des clients sont partis. Mais la majorité est restée. Ce qui nous inquiète, c’est comment attirer de nouveaux clients après l’abolition du DTAA», explique Kamal Hawabhay, membre exécutif de l’Association of Trust and Management Companies (ATMC). Si les opérateurs conçoivent que l’investissement africain est en hausse, pour eux ce créneau ne grimpe pas assez vite pour combler la baisse dans d’autres créneaux.

Les changements au régime fiscal pour se conformer aux exigences de l’OCDE inquiètent aussi beaucoup dans les milieux financiers. «Il ne faut pas se leurrer, l’imposition fiscale préférentielle joue pour beaucoup dans l’attractivité du secteur», soutient un opérateur qui a voulu garder l’anonymat. D’ailleurs, selon lui, depuis que ces changements ont été annoncés, les opérateurs ont beaucoup plus de mal à convaincre les clients. Selon nos recoupements, les juridictions voisines comme les Seychelles ou Dubaï ont d’ailleurs redoublé leurs efforts afin d’attirer les clients basés à Maurice. «Des délégations se déplacent sur le territoire mauricien pour rencontrer les clients.»

«Trop rigide»

Pour les opérateurs, trois changements immédiats sont essentiels à la survie du secteur. La première est l’abolition du Place of Effective Management (POEM). Ce test vient d’être mis en place et servira à déterminer la résidence fiscale d’une compagnie dans l’offshore pour savoir dans quelle juridiction elle sera appelée à payer la taxe. Pour les opérateurs, cependant, ce test est beaucoup trop rigide. «Ce n’est même pas une exigence de l’OCDE.» Avec ce nouveau test, beaucoup moins d’investisseurs seront bénéficiaires du taux fiscal sur le sol mauricien. Deuxièmement, les opérateurs demandent l’extension de la partial exemption de la taxe à une plus grande fourchette d’activités. En effet, pour se conformer aux règles de l’OCDE, le Deemed Foreign Tax Credit a dû être aboli et a été remplacé par la Partial Exemption. Ce qui veut dire que seules certaines activités des entreprises offshore auront droit à la taxe à 3 %.

Mais pour Roshi Bhadain, ancien ministre des Services financiers, il faut une vision beaucoup plus innovante pour maintenir la compétitivité du secteur. En tête, l’ex-ministre a toujours voulu attirer des firmes juridiques internationales ou encore promouvoir la destination mauricienne comme un Conference Hub. Quid du ministre actuel ? Sudhir Sesungkur explique que le ministère a demandé que l’échéance de la période transitoire pour le DTAA avec l’Inde soit repoussée. Une nouvelle qu’accueillent favorablement les opérateurs du secteur. «Il nous faut du temps pour nous organiser. Les clients ne nous quittent pas, pour la majorité, mais il nous faut élaborer un plan sérieux pour nous rendre plus attractifs», explique un opérateur.

Outre cela, le ministère compte aussi entreprendre la formation de personnel. Entre autres, il se concentrera sur les ressources humaines. Un cursus est d’ailleurs en train d’être élaboré par le Financial Services Institute pour cela. De plus, l’institut sera appelé à évaluer les créneaux d’expertise dans lesquelles la juridiction pourrait se développer, comme la Fintech. Serait-ce assez pour assurer la compétitivité du secteur ? Les opérateurs n’en sont pas convaincus mais ils sont loin d’être alarmistes…