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Sœurs siamoises: «Comment un parent peut-il choisir entre ses deux enfants»

7 janvier 2019, 17:30

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Sœurs siamoises: «Comment un parent peut-il choisir entre ses deux enfants»

Le couple Papillon s’attendait à ramener deux filles après l’accouchement, sauf que celles-ci sont en fait des soeurs siamoises. L’avenir des bébés s’annonce flou, confient les parents désemparés.

Marie Hélène Papillon, 36 ans, et Ian Papillon, 44 ans s’attendaient à accueillir des jumelles à leur demeure à Grand-Port, en ce début d’année. Toutefois, lors de l’accouchement de la trentenaire, vendredi, à l’hôpital Jawaharlal Nehru à Rose-Belle, les médecins ont constaté qu’il y avait quelque chose d’anormal avec les bébés. Depuis, c’est le choc total pour le couple. Si bien que depuis ce jour-là, la jeune femme, qui travaille dans une école maternelle, a sombré dans une dépression. En effet, elle a donné naissance à des soeurs siamoises.

Les nouveau-nées ont bel et bien deux corps et deux têtes, sauf qu’elles sont rattachées par le ventre. Elles sont admises à l’Intensive Care Unit. «Je me rappelle encore quand le médecin m’a annoncé cette nouvelle. À part pleurer, je n’ai rien pu faire. Ma femme n’a même pas pu les voir, elle», explique Ian Papillon, Maintenance Officer, que nous avons rencontré à son domicile hier.

 
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Le père des fillettes a du mal à garder son calme. D’ailleurs, comme les autres membres de la famille, sa femme et lui demeurent dans un flou total quant à cette situation. Il ne comprend pas comment une telle chose a pu se produire sans que, durant les échographies de sa femme sur les neuf mois qui se sont succédé, les médecins n’aient détecté cette anomalie. «C’est clairement une négligence médicale. Arrivée à son sixième mois de grossesse, ma femme faisait des échographies chaque jeudi. Comment n’a-t-on pas vu que les soeurs étaient collées l’une à l’autre ?» se demande-t-il. Il soutient que s’ils l’avaient su avant, ils s’y seraient préparés psychologiquement. «Mé la tou in vini enn sel kou. Bien dir.»

«Ils m’ont dit qu’ils devront voir qui a la veine rattachée à l’unique coeur. Cela veut dire que quand on va faire l’opération pour les séparer, une des enfants va mourir et l’autre va vivre.»

De plus, selon Ian Papillon, le gynécologue de sa femme leur a toujours assuré qu’il y avait deux battements de coeur. Toutefois, samedi, lors d’une rencontre avec les médecins de l’hôpital, ces derniers lui ont confirmé que les fillettes n’avaient qu’un coeur. «Ou pa koné dan ki mo pé pasé. Ils m’ont dit qu’ils devront voir qui a la veine rattachée à l’unique coeur. Cela veut dire que quand on va faire l’opération pour les séparer, une des enfants va mourir et l’autre va vivre. Mettez-vous à ma place, comment un parent pourrait faire ce choix. C’est vraiment dur», lance-t-il, les larmes aux yeux.

Pourtant la grossesse de sa femme, avec qui il a d’ailleurs trois fils, âgés de 18, 17 et 11 ans, s’est bien déroulée durant les neuf mois. «Zamé nu ti pou atan pou viv sa. D’ailleurs, depuis l’accouchement, Hélène n’a pas eu le courage de regarder les enfants. Li res fatig so latet ek sa», raconte Ian Papillon. Il confie que sa femme ne cesse de s’en faire pour l’avenir des petites. «Sirtou kan li truv dan lasal ki lot mama pe pren zot bébé. Li pa fasil ditou», poursuit-il. «Ce dimanche, elle a fait un effort pour les voir. Cela n’a pas été une bonne idée. Elle est, depuis, beaucoup plus dépressive.»

«Zot dé zoli ti baba. Zot gaillar tou. Dokter finn dir ki zot létat stab la»

Des démarches, les Papillon comptent en entamer plusieurs. Même si dans l’immédiat ce n’est pas contre ce qu’ils estiment être une négligence médicale, mais c’est surtout pour sauver les deux fillettes. «Zot dé zoli ti baba. Zot gaillar tou. Dokter finn dir ki zot létat stab la», affirme le père. Toutefois, les parents ont appris que les petites devront rester encore un peu de temps à l’hôpital. «Nous allons voir ce qui sera le plus adapté pour elles en termes d’opération. Si ena pou al déor tou, nou pou rod kass nou pou fer li.»

Du côté du ministère de la Santé, par le biais de son attaché de presse, à hier, on a fait comprendre qu’il attendait toujours un rapport des médecins pour connaître l’état de santé des petites. Sans plus de commentaire.