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Ashley Fookeer: «Je garderai contact avec les filles Papillon, nous sommes uniques »

13 janvier 2019, 20:00

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Ashley Fookeer: «Je garderai contact avec les filles Papillon, nous sommes uniques »

Il y a 26 ans, le 2 novembre 1992, il est né avec son frère collé à lui. Après une opération délicate en Afrique du Sud, Ashil n’a pas survécu. Ashley lui, est aujourd’hui, un garçon normal. Confidences.

Comment vit-on cette «expérience» ?
Quand on naît siamois, on a une autre connexion. C’est inexplicable. Il n’y a pas de mots pour le décrire. Mais je dois aussi dire que je suis reconnaissant. Surtout à mon frère. Avec qui j’ai partagé le même corps. Je pense à ce que mes parents ont vécu à cause de moi… de nous. Ils ont beaucoup souffert de cette situation.

Presque 30 ans plus tard, pensez-vous toujours à Ashil ?
Oui, je pense à Ashil tout le temps. Il est là, avec moi, en permanence. Il y a des fois où les larmes ruissellent le long de mes joues. Il a donné sa vie pour moi. D’ailleurs, je partage toujours ses organes. Comme un bout de son estomac. Je suis timide de nature. Quand je commence à raconter cette histoire, je suis ému. Je me sens aussi très seul. Surtout quand mes amis parlent de leur frère. J’aurais tellement voulu qu’il soit là avec moi.

Vos parents dans tout ça ? Comment vivent-ils avec le fait d’avoir perdu un fils ?
Ils essaient d’être forts. Cela a été le pire moment de leur vie. D’autant plus qu’ils ne s’attendaient pas à perdre l’un de nous. Mais Ashil est en permanence avec nous. C’est mon frère et je l’aime.

Et les cicatrices ?
J’en ai à l’estomac. Mais cela ne me gêne pas. Cela fait partie de ma vie. Je suis unique. J’ai partagé le corps de mon frère. Ce qui est assez extraordinaire.

Que ressentez-vous quand on évoque le cas des bébés Papillon ?
Cela m’a fait beaucoup de peine. J’ai même beaucoup pleuré. J’ai vécu en quelques jours la souffrance qu’ont endurée mes parents. Les voir m’a permis de comprendre la souffrance de ma mère… de mon père à l’époque. Je sais que c’est difficile pour eux. Je demande aux Papillon de ne pas baisser les bras. De ne pas perdre espoir. Ena enn bondié lao. Tou pou korek. Zis fer lapriyer.

Vous avez essayé de voir les bébés Papillon…
Oui, j’ai fait une demande mais elle a été refusée. On m’a fait comprendre que ce ne serait pas possible. Mais je leur rendrais visite une fois qu’elles seront de retour à Maurice. On partage la même histoire. Le même vécu. Nous sommes uniques. Je les épaulerai. Je vous le garantis.

Vous dites que vous vous intéressez à d’autres cas de siamois dans le monde. C’est-à- dire ?
Oui, je fais beaucoup de recherches sur les cas répertoriés à travers le monde. Cela m’intéresse beaucoup. Je n’hésiterai pas à aider financièrement si besoin est. Car ce sont des cas qui me tiennent trop à coeur. Je m’identifie à chacun d’entre eux…