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Énergie: le projet de turbines à gaz refroidit le gouvernement
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Énergie: le projet de turbines à gaz refroidit le gouvernement
Il y a de l’eau dans le gaz à l’Hôtel du gouvernement. Pravind Jugnauth et Ivan Collendavelloo ont beau suivre, côte à côte, au bâtiment du Trésor, une partie des auditions de l’affaire MedPoint, qui se sont déroulées à Londres, mardi, n’empêche que le désaccord entre les deux leaders de l’alliance gouvernementale se creuse sur un autre brûlant dossier. Il s’agit du projet de turbines à gaz, à Fort-George, pour le compte du Central Electricity Board (CEB), estimé à Rs 8 milliards.
Le CEB qui est placé sous la tutelle du leader du Muvman liberater, semble avoir du mal à s’assurer le soutien du ministère des Finances, voire du bureau du Premier ministre, pour la construction de sa nouvelle centrale énergétique à Fort-George. Pour preuve, les différentes missives émises en ce sens depuis décembre par le ministère des Finances. Un maroquin qui est occupé par nul autre que le chef du gouvernement Pravind Jugnauth lui-même.
Comme si les deux circulaires émises les 5 décembre et 4 janvier respectivement ne suffisaient pas, une troisième est venue s’ajouter au lot, le vendredi 11 janvier. Cette nouvelle directive qui prend effet le jour même de l’envoi de la correspondance est signée du Procurement Policy Office, un département qui tombe sous la tutelle du ministère des Finances.
Revers du CEB
La lettre a été envoyée aux Supervising Officers, Accounting Officers des ministères et départements ainsi qu’aux Officers in Charge des entreprises publiques, avec copie conforme au secrétaire au cabinet, au directeur de l’Audit, à l’Accountant General et aux directeurs Economic and Finance du ministère des Finances. Elle soutient que lorsque des offres doivent être réexaminées à la suite d’une décision de l’Independent Review Panel (IRP), un tout nouveau comité d’évaluation des soumissions, y compris ses services de secrétariat, doit être constitué et ne doit pas comprendre des personnes qui ont participé à l’évaluation précédente.
Celle-ci vise directement le CEB, car l’organisme parapublic a essuyé un revers, le 27 décembre, avec la recommandation de l’IRP au Central Procurement Board de ne pas accorder le contrat à la société grecque Metka pour la construction de cette nouvelle centrale électrique, à Fort-George. Et d’effectuer une nouvelle évaluation des offres.
L’on se souvient aussi de la première missive en date du 5 décembre et signée également du secrétaire financier Dev Manraj. C’était au lendemain d’une réponse parlementaire du n°2 du gouvernement Ivan Collendavelloo au député du Mouvement militant mauricien Rajesh Bhagwan. Le Premier ministre adjoint et ministre de l’Énergie avait affirmé, le 4 décembre, que le CEB est en pourparlers avec des banques locales pour le financement du projet des turbines à gaz.
«Apparently, several local banks have been approached and they are seeking indicative rates for the moment», avait-il déclaré. Ce qui a suivi prouve que ces démarches ont été entamées sans le feu vert au préalable des Finances. Le secrétaire financier avec la bénédiction de Pravind Jugnauth, son ministre de tutelle, est venu tout de suite mettre les points sur les «i».
Ainsi dans ses Financial Instructions No. 01 of 2018, en date du 5 décembre, on peut lire : «TOUS les emprunts des entreprises publiques destinés à financer des projets d’investissement, qu’ils nécessitent ou non la garantie de l’État, doivent faire l’objet d’une autorisation écrite préalable du ministère des Finances et du développement économique.»
Des procédures font tiquer
Dev Manraj y rappelle que l’article 7 de la loi sur la gestion de la dette publique fixe un plafond de 65 % du produit intérieur brut pour la dette du secteur public, avec l’obligation de le ramener à 60 % à la fin de l’exercice 2020-2021. Dans la foulée, il signale que l’article 10 de cette même loi habilite les Finances à contrôler le niveau de la dette du secteur public. Il indique aussi que ce ministère sollicitera l’apport de la Banque de Maurice pour s’assurer que toutes les institutions financières se conforment à cette exigence.
Selon nos recoupements, un autre document du même genre et émanant des Finances a été adressé aux entreprises gouvernementales et aux corps parapublics mardi. En envoyant cette circulaire, le ministère des Finances fait comprendre une nouvelle fois qu’il n’est pas en mesure de soutenir le CEB.
Ensuite, l’autre circulaire émise le 4 janvier et signée cette fois aussi par le secrétaire financier Dev Manraj n’est pas en reste. Elle concerne les «dépôts en espèces et autres investissements financiers des organismes du secteur public». Si cette première directive des Finances pour l’année 2019 a pour objectif de mettre en place un Central Public Sector Cash Management Framework «afin d’améliorer la gestion financière du secteur public pour davantage de transparence et en respect aux principes de bonne gouvernance», comme on peut y lire, elle vise aussi le CEB. Ce dernier ainsi que d’autres entreprises publiques et ministères ont tous été appelés à fournir les renseignements nécessaires aux Finances.
Selon un proche du dossier, le bureau du Premier ministre n’est plus très chaud à l’idée d’aller de l’avant avec le projet de turbines à gaz. «C’est le CEB qui insiste pour construire cette centrale, mais à l’Hôtel du gouvernement, il y a une très forte résistance. Même au sein du gouvernement. D’ailleurs, les procédures entamées pour octroyer le contrat font tiquer les fonctionnaires depuis que l’IRP a cassé l’exercice d’allocation du contrat», dit-il.
Après la circulaire du 5 décembre suivie de la décision de l’IRP du 27 décembre, demandant une nouvelle évaluation des offres, le CEB a eu plusieurs consultations pour décider de la marche à suivre. Nous avons essayé d’avoir la direction du CEB, mais en vain.
Le CEB sur la corde raide
<p style="text-align: justify;">Même si le spectre du black-out n’est pas d’actualité, le ministère de l’Énergie et le CEB sont dans l’impasse. Alors qu’ils tablent sur le projet de Fort-George, le désaccord au sommet du gouvernement fait que l’incertitude s’accroît autour de la réalisation de cette centrale à gaz, qui devait initialement démarrer ses opérations cette année, avec l’installation de deux des trois turbines de 35 mégawatts chacune.</p>
<p style="text-align: justify;">Ce qui n’arrange guère la situation d’Ivan Collendavelloo et de ses collaborateurs, c’est le non-renouvellement du contrat de <em>Consolidated Energy Limited,</em> un <em>Independent Power Producer. </em>Soit la centrale à charbon d’une capacité de production de 22 mégawatts d’Alteo, à Beau-Champ, qui a été contrainte de mettre fin à ses activités le 31 décembre.</p>
Capacité additionnelle de 14 MW
<p style="text-align: justify;">Les soumissionnaires ont jusqu’au 7 mars pour se manifester. Le <em>Central Electricity Board</em> (CEB) a lancé un appel d’offres pour l’acquisition de quatre batteries de stockage d’une capacité totale de 14 mégawatts (MW). Soit trois de 4 MW et la dernière de 2 MW. En ce faisant, l’organisme ouvre de nouveau les vannes pour absorber la production de l’énergie verte.</p>
<p style="text-align: justify;">Ces quatre batteries, dont la durée de vie doit être de 15 ans, seront installées aux sous-stations de La-Tour-Koenig, d’Anahita, de Jin Fei et de Wooton, afin d’être proches des producteurs. Le soumissionnaire choisi devra aussi construire l’habitacle en béton de la batterie et d’autres aménagements. Ce projet fait partie de la deuxième phase du <em>Buffer Energy Storage System</em> (BESS), dont l’objectif est d’absorber de l’énergie avant de l’envoyer sur le réseau. Ce système, qui a bénéficié de 28,1 millions de dollars du Green Climate Fund, visait dans un premier temps à financer l’achat de batteries de stockage de 4 MW.</p>
<p style="text-align: justify;">En 2017, la capacité absorbée était de 15 MW pour les gros producteurs et 2 MW pour les petits producteurs, indique le CEB. Et d’ajouter que son réseau peut absorber jusqu’à 26 MW.</p>
<p style="text-align: justify;">Le CEB a ouvert par trois fois son réseau à 2 000 petits producteurs. Puis à nouveau à 500 autres de cette catégorie de producteurs. Sans oublier que le <em>Solar Home Project </em>va couvrir avec une centrale solaire 10 000 foyers d’ici cinq ans. L’intérêt porte surtout sur la facturation nette, c’est-à-dire le fait de payer très peu pour la fourniture électrique, comparativement à un foyer connecté uniquement au réseau du CEB.</p>
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